L'Onde Septimus : Les critiques

Scénario : Jean DUFAUX
Dessin : Antoine AUBIN et Etienne SCHREDER
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Quarnstron
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Re: L'Onde Septimus : les pinaillages

Message par Quarnstron »

mokenamoke a écrit :C'est vrai que les premières planches de l'Onde Septimus étaient très prometteuses, au début on était pleins d'espoir. Mais quelle déception par la suite, et d'autant plus pénible qu'on était tombés de haut.
Je rejoins parfaitement votre point de vue.
Pour tout dire, je n'ai acheté l'Onde Septimus qu'après avoir feuilleté les premières pages et avoir été impressioné par la qualité graphique, en me disant "Tiens, enfin quelque chose qui s'approche de ce que faisait Jacobs". J'ai aussitôt acheté le livre alors que j'avais jamais acheté (et encore moins lu) les autres reprises.

Je me suis juré de ne jamais le rouvrir. J'hésite encore à le proposer à la vente à un bouquiniste. Je crains que son affaire ne périclite ensuite.
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Park Lane
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Re: L'Onde Septimus : les pinaillages

Message par Park Lane »

Quarnstron a écrit :[Je me suis juré de ne jamais le rouvrir. J'hésite encore à le proposer à la vente à un bouquiniste. Je crains que son affaire ne périclite ensuite.
Bonsoir Quarnstrom, vous avez le mérite de la franchise, mais ce qui serait intéressant serait de savoir pourquoi VOUS avez eu cette impression, en dehors de toute influence de qui que ce soit. Pourriez-vous détailler en les argumentant les raisons de votre déception et si je vous lis bien entre les lignes, de votre indignation ? Cela serait d'autant plus intéressant que vous n'êtes arrivé parmi nous que récemment et que vous vous situez donc dans un point de vue totalement personnel.

:idea:
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Quarnstron
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Re: L'Onde Septimus : les pinaillages

Message par Quarnstron »

Cher Park Lane, c'est fort simple. Mais d'abord je voudrais apporter une précision en introduction de ce bref développement.
Quoique grand amateur de bandes dessinées, je n'en suis l'actualité que d'assez loin. Et mes quelques achats sont surtout pour des intégrales d’œuvres que je n'ai pas pu m'offrir étant plus jeune. J'ignorais donc tout, ou presque, de cette dernière reprise, et des auteurs.

Ce qui m'a impressionné, c'est la qualité du trait et de la mise en couleur. Certes le titre "L'onde Septimus" et la couverture assez parlante m'ont certainement mis dans des dispositions d'esprit favorables. Le fait aussi (pour apporter une précision personnelle) que je sorte d'un an en Afrique centrale où mon maigre stock de BD était composé d'une intégrale Bruce J. Hawker et du Marchand d'idées a probablement contribué à ce que je sois plus ouvert à cette reprise qu'aux précédentes (Ce n'est pas une critique contre ces merveilleuses BD, mais une allusion à mon absence d'exposition aux oeuvres de Jacobs pendant cette période ! :lol: )

Cela étant, je le redis, c'est le dessin d'Aubin qui m'a donné envie de l'acheter. Et même si l'histoire est vite apparue peu compréhensible, j'avais graphiquement l'impression de me retrouver dans une histoire de Jacobs (du moins tels que mes souvenirs m'y ramenaient).
Hélas, la qualité s'est progressivement dégradée tant scénaristiquement que graphiquement et mon sentiment a graduellement évolué, au fil de ma déception croissante, d'une satisfaction teintée de nostalgie vers une certaine forme d'amertume que je résumerai ainsi : "je me suis finalement fait avoir par un truc purement commercial".
En cela, je rejoins parfaitement ce qu'a écrit Mokenamoke dans son dernier message.

Déçu, je suis allé sur des sites de BD, mais pas le Centaur Club dont l'ignorais encore l'existence, pour savoir ce que d'autres amateurs en avaient pensé ; et j'ai découvert diverses critiques, le "sort" réservé à Aubin pour tenir les cadences, etc. J'ai quand même décidé de relire l'Onde une 2e fois, surtout pour essayer de comprendre ce qui s'y passait.
Les défauts sont ressortis en plus gros et, sur le plan narratif, la confusion de l'histoire m'est apparue encore plus évidente.

Résultat, j'ai décidé de me replonger dans les aventures originales (j'y inclus le diptyque Sato malgré ses imperfections) et de ne plus faire d'infidélités à l'oeuvre du maître.
Et (pour faire un lien avec mes quelques posts relatifs au Bâton de Plutarque) aujourd'hui mes critiques ne sont pas celles d'un lecteur aigri (encore que ;) ) mais plutôt celle de quelqu'un qui se demande pourquoi certains "auteurs" pensent qu'ils peuvent reprendre des œuvres en assurant le service minimum et ne portant aucun respect au lecteur ni à l'auteur original dont ils tirent profit du succès en participant à ce qui est devenu une "série alimentaire".
Pour moi, ces 2 dernières reprises (celle que j'ai lue et celle en pré-publication) sont à l'oeuvre de Jacobs, ce que Psycho en couleur (je n'ose même pas rechercher le nom du tâcheron qui a commis cette horreur) est au Psycho d'Hitchcock, pour ne prendre qu'un exemple parmi, hélas, beaucoup d'autres.

Il y aurait beaucoup de choses à dire, mais voici, plus ou moins, mon sentiment. :p

La seule satisfaction que je retiens aujourd’hui de la lecture de cette "Onde" c'est la découverte d'un dessinateur Aubin, dont j'ai eu envie de lire d'autres créations. Mais ceci est une autre histoire. :idea:
Modifié en dernier par Quarnstron le 09 août 2014, 12:13, modifié 1 fois.
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Park Lane
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Re: L'Onde Septimus : les pinaillages

Message par Park Lane »

Merci cher Quarnstron de ta réponse précise. Tu mentionnes les cadences subies par Aubin et c'est vrai que cette volonté éditoriale de toucher un vaste public à l'occasion des périodes précédant les fêtes - cela sera encore le cas du Bâton de Plutarque - est elle-même un obstacle à la qualité, indépendamment des défauts de conception éventuels des auteurs. Aubin avait déjà fait l'expérience de cette logique bien connue, dont les intentions commerciales sont si évidentes que les mentionner semble presque superflu, lorsque il s'est attaqué au deuxième tome de La Malédiction des trente deniers, prenant la relève de René Sterne. Il y fait mention dans cet entretien de 2011 : http://www.actuabd.com/Antoine-Aubin-Bl ... imer-Je-me

Quand on songe le soin et le temps qu'il a fallu à Jacobs pour conduire à bien ses albums, d'où leur petit nombre, on mesure mieux combien la pression éditoriale exercée sur les auteurs est d'une manière générale une sottise dont les conséquences artistiques ne tardent pas à se faire sentir. Comme le faisait remarquer il y a peu l'un d'entre nous, il y aura bientôt plus d'albums de repreneurs que d'albums de Jacobs. Certes, les équipes alternent tandis que Jacobs était son propre maître d'oeuvre, mais il est clair qu'elles ne disposent pas d'un temps suffisant pour parfaire leur travail. cela n'excuse pas les auteurs de leurs propres maladresses, mais contribue aussi à une courbe descendante de la qualité même quand les continuateurs ont du talent. C'est triste, mais nous n'y pouvons pas grand chose.

:idea:
Modifié en dernier par Park Lane le 09 août 2014, 14:19, modifié 1 fois.
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Re: L'Onde Septimus : les pinaillages

Message par Quarnstron »

Merci pour ce lien très intéressant.
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Park Lane
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Re: L'Onde Septimus : les pinaillages

Message par Park Lane »

Avec grand plaisir ! C'est vrai qu'il est très intéressant.
Et quand on voit les splendides crayonnés d'Antoine Aubin, on devine que si l'absurde pression qu'il mentionne n'avait pas joué, si on lui avait au contraire donné tout le temps nécessaire, l'ensemble de l'album aurait été graphiquement à la hauteur des premières planches.
ob_2cbc3ca9289457c39ef312309635ca5b_olrik.jpg
ob_69f73a_bm22-onde-septimus-pl38-a-c01-crayon.jpg
Mais tel n'a pas été le cas. Ce que dit Antoine Aubin de ce point de vue est même hallucinant : "La date de publication du livre était fixée avant même que je ne commence la première planche ! Plus elle approchait, plus j’avais des appels téléphoniques pour me pousser à travailler."
Tout est dit dans cette seule phrase.
Une série du niveau et de l'importance historique de Blake et Mortimer ne devrai évidemment pas être soumise à de tels impératifs à court terme. Mais nous savons tous ce qu'il en est et pourquoi !

:idea:
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par Erca »

Il serait intéressant de comparer ce type de contrainte éditoriale à celle que subissait Jacobs, qui ne s'était pas privé pour s'en plaindre dans une célèbre "auto-parodie".

Image
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Nestor
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par Nestor »

Un album particulièrement intéressant, mais que je considère comme un gâchis.

Cet album avait TOUT pour être une reprise exceptionnelle, voire même au niveau des albums de Jacobs, mais certaines erreurs décisives le disqualifient et font de cet opus un album un peu étrange, offrant en même temps le meilleur et le pire des reprises.

Du côté du positif, le point fort est incontestablement des scènes marquantes, très jacobsiennes pour leur côté fantastique et leur côté "belles images" restant durablement à l'esprit, tout en réussissant le coup de force d'être originales par rapport à l’œuvre de Jacobs.
Ces scènes sont légions : les morts étranges, la séance d'hypnose d'Olrik, les militaires dans l'asile et surtout la découverte d'un immense vaisseau dans le sous-sol londonien (il fallait y penser !), les visions que créée le vaisseau et enfin la multiplication des Septimus ! La vision du vaisseau dans le sous-sol et celle des Septimus dans les docks sont vraiment exceptionnelles.
D côté du positif également, l'intrigue générale et le mystère que doivent résoudre nos héros sont intéressants. Le dessin d'Aubin est de très belle qualité. Enfin, nos trois personnages sont vraiment dans leur rôle. Bref, cet opus se présentait comme fidèle à l’œuvre de Jacobs, tout en apportant vraiment de la nouveauté et en évitant la tendance "parodique".

Sauf que... (presque) rien ne tient debout dans cette histoire, (presque) rien ne tient debout, et au final l'impression qui en ressort est que les auteurs avaient de belles images en tête et qu'ils ont voulu les mettre dans l'album, et tant pis si elles ne s'expliquent pas. Sauf que l'impression qui en ressort est que cet exercice est un peu vain et artificiel, et que l'on assiste finalement qu'à une suite de belles scènes sans cohérence et sans lien entre elles.

Pêle-mêle :
- Que fait le Septimus qui déambule au début dans la rue ? Pourquoi ses lunettes s'assombrissent-elles ? Où est passé le bobby Carrington ? Mort ? Envolé dans l'espace intersidéral ?
- Comment le vaisseau est-il arrivé sous terre ? Que venait-il faire sur Terre ? Pourquoi personne ne l'a-t-il vu atterrir (en plein Londres...) ?
- Que deviennent les personnes transformées en Septimus (pendant la transformation et après) ? Pourquoi sont-elles transformé ?
- Comment se fait-il que les Septimus (ayant intégré le corps d'humain) changent de nature et se transforment en fumée en mourant ?
- Où sont passés tous les spectateurs du Théâtre ?
- Pourquoi McFarlane ne se transforme-t-il pas en Septimus ? Qu'advient-il de lui ?
- A quoi correspondent les décors du vaisseau ?
- Pourquoi y a-t-il des Septimus sur la frise du London Pavilion ?
- Pourquoi les militaires et Olrik crient-ils "Asile" ?

Bref, tout expliquer par une super intelligence artificielle est très insuffisant. On ne peux pas écrire de belles scènes juste pour faire de belles scènes, mais sans que l'histoire ne tienne debout. Alors à moins d'une hypothétique suite expliquant tout (tout en étant plaisante à lire, hein !), je conserve mon impression de gâchis.

Reste néanmoins quelques (très) belles pages.
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gadjo
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par gadjo »

tout à fait d'accord, cet album n'est qu'une suite de saynètes clins d’œil à la Marque jaune (chaque scène ou presque fait écho à La marque jaune).
Certaines sont très réussies d'un point de vue formel mais l'ensemble est décousu. On peut y voir une parabole, avec de la bienveillance, en considérant que la forme déstructurée et confuse du récit répond
au fond (la folie, la schizophrénie, la question d'identité etc.). Tout ou presque est conçu comme un miroir déformé par le prisme de la folie de La marque jaune (l'album)
C'est selon moi ce que Dufaux cherchait mais c'est un peu facile et raté à mon humble avis

Ceci dit, tes questions ont des réponses je crois
Nestor a écrit :- Que fait le Septimus qui déambule au début dans la rue ?
il cherche Guinea Pig tout simplement
Pourquoi ses lunettes s'assombrissent-elles ?
parce qu'il voit le bouquin La marque jaune
ça manifeste sa concentration, sa confusion ou peut-être sa colère (voir aussi les autres bouquins placés à côté qui font référence à des extra-terrestres, fusée, etc.)
Tout se mélange, ça renforce le lien dans sa pensée perturbée entre Septimus et sa condition de prisonnier de son vaisseau
qui phagocyte l'autre ?
Où est passé le bobby Carrington ? Mort ? Envolé dans l'espace intersidéral ?
transformé en "septimus"... ou parti en fumée
Mais c'est vrai que la séquence est assez mal foutue/racontée puisque interrompue brutalement pour créer artificiellement du mystère.

Idem pour la scène du théâtre, ou la sortie du vaisseau de Blake planche 40... si l'arc électrique provoqué sans doute par le télécéphalocope d'Evangely
explique que l'alien ne parvienne pas à imposer sa volonté à Blake et que ça l'attire (via les septimus) vers l'entrepôt de Southwark,
on apprend juste que Blake s'est sauvé 15 planches + tard ... C'est pas grave, ça fait de belles images :roll:
Comment le vaisseau est-il arrivé sous terre ? Que venait-il faire sur Terre ? Pourquoi personne ne l'a-t-il vu atterrir (en plein Londres...) ?
on ne sait pas depuis combien de temps ce vaisseau est là. ça peut remonter à des millénaires.
Pour la raison de sa présence, libre à toi d'imaginer ce que tu veux : exploration qui a mal tourné, accident, etc.
ça n'a pas grande importance, l'important c'est qu'il soit enfoui (symbolique de l'inconscient/subconscient etc.) et en +, ça permet de coller une séquence souterraine comme dans Jacobs
(c'est bien les souterrains, on peut y plaquer la signification psychologique qu'on veut)
Que deviennent les personnes transformées en Septimus (pendant la transformation et après) ? Pourquoi sont-elles transformé ?
elles cessent d'exister je pense Quand elles '"meurent", les ondes se dispersent.
Soit elles sont "absorbés par l'entité et prennent l'apparence de Septimus soit elles partent en fumée et les Septimus sont créés autrement.

en fait, comme je l'ai compris : cette entité est coincée dans son vaisseau depuis des siècles/millénaires. Sa découverte/les bombardements l'ont réveillée ou lui ont permis d'essayer
de se libérer. Elle cherche donc à communiquer, à s'intégrer, voire à coloniser la terre (on n'en sait trop rien en fait)
Mais ça ne marche pas, ses contacts avec l'être humain ont pour seul effet de rendre fous les personnes qu'elles touchent/côtoient (les soldats de Banks).

Jusqu'à ce que Mortimer lui offre la possibilité de s'incarner en Septimus avec ses bidouillages sur le télécéphaloscope. Problème, les tripatouillages d'onde mega de notre barbu
font que les ondes de l'alien trouvent un moyen de s'incarner cette fois mais la forte volonté de Septimus se superpose à la sienne. Comme Septimus était déjà cinglé en + et
que ses ondes cérébrales ne sont que des résidus de sa personnalité, ça tourne au délire complet incontrôlé
L'alien (ou son incarnation Septimus) pète les plombs, ses buts se mélangent, il devient obsédé par Guinea-pig.
Peut-être aussi pense-t-il que ça lui permettrait de devenir "complet" et donc de vraiment se libérer puisque la volonté de Septimus n'a qu'un but : retrouver Guinea-Pig.
Ou alors sa création lui échappe en partie et poursuit ses propres buts de fou à lier.
Cette schizophrénie étant symbolisée par la multiplication des Septimus.
Comment se fait-il que les Septimus (ayant intégré le corps d'humain) changent de nature et se transforment en fumée en mourant ?
parce que ça donne de belles images :p
ça montre aussi qu'ils ne sont plus les personnes mais des êtres désincarnés, des ondes portés uniquement par la volonté dérangée de l'alien/septimus.
La question est aussi de savoir si les Septimus sont des humains transformés ou des duplicatas créés autrement (comment ? on ne sait pas...)
et que les humains finissent en fumée comme Bailey
Où sont passés tous les spectateurs du Théâtre ?
tous à la buvette à l'entracte :mrgreen:
+ sérieusement, on revient là au problème de continuité du récit. L'image se veut belle, effrayante (le public composé exclusivement de Septimus).
Dans le récit, c'est aussi un clin d’œil à Jacobs et encore là aussi aux faux-semblants (un ersatz de la scène de la marque jaune puisque joué par des acteurs)
mais comme pour la disparition du bobby, ça s'arrête en plein climax et on en est réduit à imaginer la suite
Pourquoi McFarlane ne se transforme-t-il pas en Septimus ? Qu'advient-il de lui ?
On ne sait pas s'il devient un Septimus mais on peut penser que oui. Ou alors il finit comme Bailey en volutes de fumée
A quoi correspondent les décors du vaisseau ?
aux délires de l'alien qui se mélangent avec les souvenirs de Septimus.
Là encore, ça permet aussi (et surtout) de faire de belles images et des clins d’œil au lecteur (British Museum, appartement de Septimus)
Pourquoi y a-t-il des Septimus sur la frise du London Pavilion ?
parce que c'est sensé faire une belle image. Marque jaune > marque septimus. ça renvoie encore aussi au problème d'identité
(fragmentée en 4, juste une réminiscence, un écho, etc.)
Pourquoi les militaires et Olrik crient-ils "Asile" ?
c'est un subtil (?) jeu de mots entre l'asile d'aliéné et l'asile (la demande de refuge).
Là encore, les personnes ayant cotoyé de trop près l'alien (qui cherchait refuge) sont devenus fous et répètent les paroles de l'alien
Vu la dernière image, Olrik est peut-être le porteur (l"incarnation) de la volonté de l'alien (il fait face aux autres, ses disciples qui lui répondent) comme l'était
les incarnations en Septimus même si c'est à un degré moindre (là encore, écho,réminiscence...).

ce leitmotiv ("asile") montre d'ailleurs bien que Dufaux cherche à créer plusieurs degrés de lecture avec un jeu de miroirs constant et de renversement des rôles
faisant échos à La marque jaune tout en restant ambigu, en ouvrant des pistes sans y répondre vraiment (c'est un récit sur la folie)
Qu'il ait réussi ou raté son coup, c'est autre chose
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par archibald »

Nestor a écrit :...../... surtout la découverte d'un immense vaisseau dans le sous-sol londonien (il fallait y penser !), ...../....
L'idée d'un vaisseau spatial dans les sous sols de Londres provient du film Quatermass And the Pit [1967]

http://www.centaurclub.com/forum/viewto ... ass#p34789
Dufaux dit lui même s'en être inspiré . :p
Ceci étant le dessin d'Aubin est magnifique. ;)
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par Nestor »

gadjo a écrit :tout à fait d'accord, cet album n'est qu'une suite de saynètes clins d’œil à la Marque jaune (chaque scène ou presque fait écho à La marque jaune).
Certaines sont très réussies d'un point de vue formel mais l'ensemble est décousu. On peut y voir une parabole, avec de la bienveillance, en considérant que la forme déstructurée et confuse du récit répond
au fond (la folie, la schizophrénie, la question d'identité etc.). Tout ou presque est conçu comme un miroir déformé par le prisme de la folie de La marque jaune (l'album)
C'est selon moi ce que Dufaux cherchait mais c'est un peu facile et raté à mon humble avis

Ceci dit, tes questions ont des réponses je crois
Nestor a écrit :- Que fait le Septimus qui déambule au début dans la rue ?
il cherche Guinea Pig tout simplement
Pourquoi ses lunettes s'assombrissent-elles ?
parce qu'il voit le bouquin La marque jaune
ça manifeste sa concentration, sa confusion ou peut-être sa colère (voir aussi les autres bouquins placés à côté qui font référence à des extra-terrestres, fusée, etc.)
Tout se mélange, ça renforce le lien dans sa pensée perturbée entre Septimus et sa condition de prisonnier de son vaisseau
qui phagocyte l'autre ?
Où est passé le bobby Carrington ? Mort ? Envolé dans l'espace intersidéral ?
transformé en "septimus"... ou parti en fumée
Mais c'est vrai que la séquence est assez mal foutue/racontée puisque interrompue brutalement pour créer artificiellement du mystère.

Idem pour la scène du théâtre, ou la sortie du vaisseau de Blake planche 40... si l'arc électrique provoqué sans doute par le télécéphalocope d'Evangely
explique que l'alien ne parvienne pas à imposer sa volonté à Blake et que ça l'attire (via les septimus) vers l'entrepôt de Southwark,
on apprend juste que Blake s'est sauvé 15 planches + tard ... C'est pas grave, ça fait de belles images :roll:
Comment le vaisseau est-il arrivé sous terre ? Que venait-il faire sur Terre ? Pourquoi personne ne l'a-t-il vu atterrir (en plein Londres...) ?
on ne sait pas depuis combien de temps ce vaisseau est là. ça peut remonter à des millénaires.
Pour la raison de sa présence, libre à toi d'imaginer ce que tu veux : exploration qui a mal tourné, accident, etc.
ça n'a pas grande importance, l'important c'est qu'il soit enfoui (symbolique de l'inconscient/subconscient etc.) et en +, ça permet de coller une séquence souterraine comme dans Jacobs
(c'est bien les souterrains, on peut y plaquer la signification psychologique qu'on veut)
Que deviennent les personnes transformées en Septimus (pendant la transformation et après) ? Pourquoi sont-elles transformé ?
elles cessent d'exister je pense Quand elles '"meurent", les ondes se dispersent.
Soit elles sont "absorbés par l'entité et prennent l'apparence de Septimus soit elles partent en fumée et les Septimus sont créés autrement.

en fait, comme je l'ai compris : cette entité est coincée dans son vaisseau depuis des siècles/millénaires. Sa découverte/les bombardements l'ont réveillée ou lui ont permis d'essayer
de se libérer. Elle cherche donc à communiquer, à s'intégrer, voire à coloniser la terre (on n'en sait trop rien en fait)
Mais ça ne marche pas, ses contacts avec l'être humain ont pour seul effet de rendre fous les personnes qu'elles touchent/côtoient (les soldats de Banks).

Jusqu'à ce que Mortimer lui offre la possibilité de s'incarner en Septimus avec ses bidouillages sur le télécéphaloscope. Problème, les tripatouillages d'onde mega de notre barbu
font que les ondes de l'alien trouvent un moyen de s'incarner cette fois mais la forte volonté de Septimus se superpose à la sienne. Comme Septimus était déjà cinglé en + et
que ses ondes cérébrales ne sont que des résidus de sa personnalité, ça tourne au délire complet incontrôlé
L'alien (ou son incarnation Septimus) pète les plombs, ses buts se mélangent, il devient obsédé par Guinea-pig.
Peut-être aussi pense-t-il que ça lui permettrait de devenir "complet" et donc de vraiment se libérer puisque la volonté de Septimus n'a qu'un but : retrouver Guinea-Pig.
Ou alors sa création lui échappe en partie et poursuit ses propres buts de fou à lier.
Cette schizophrénie étant symbolisée par la multiplication des Septimus.
Comment se fait-il que les Septimus (ayant intégré le corps d'humain) changent de nature et se transforment en fumée en mourant ?
parce que ça donne de belles images :p
ça montre aussi qu'ils ne sont plus les personnes mais des êtres désincarnés, des ondes portés uniquement par la volonté dérangée de l'alien/septimus.
La question est aussi de savoir si les Septimus sont des humains transformés ou des duplicatas créés autrement (comment ? on ne sait pas...)
et que les humains finissent en fumée comme Bailey
Où sont passés tous les spectateurs du Théâtre ?
tous à la buvette à l'entracte :mrgreen:
+ sérieusement, on revient là au problème de continuité du récit. L'image se veut belle, effrayante (le public composé exclusivement de Septimus).
Dans le récit, c'est aussi un clin d’œil à Jacobs et encore là aussi aux faux-semblants (un ersatz de la scène de la marque jaune puisque joué par des acteurs)
mais comme pour la disparition du bobby, ça s'arrête en plein climax et on en est réduit à imaginer la suite
Pourquoi McFarlane ne se transforme-t-il pas en Septimus ? Qu'advient-il de lui ?
On ne sait pas s'il devient un Septimus mais on peut penser que oui. Ou alors il finit comme Bailey en volutes de fumée
A quoi correspondent les décors du vaisseau ?
aux délires de l'alien qui se mélangent avec les souvenirs de Septimus.
Là encore, ça permet aussi (et surtout) de faire de belles images et des clins d’œil au lecteur (British Museum, appartement de Septimus)
Pourquoi y a-t-il des Septimus sur la frise du London Pavilion ?
parce que c'est sensé faire une belle image. Marque jaune > marque septimus. ça renvoie encore aussi au problème d'identité
(fragmentée en 4, juste une réminiscence, un écho, etc.)
Pourquoi les militaires et Olrik crient-ils "Asile" ?
c'est un subtil (?) jeu de mots entre l'asile d'aliéné et l'asile (la demande de refuge).
Là encore, les personnes ayant cotoyé de trop près l'alien (qui cherchait refuge) sont devenus fous et répètent les paroles de l'alien
Vu la dernière image, Olrik est peut-être le porteur (l"incarnation) de la volonté de l'alien (il fait face aux autres, ses disciples qui lui répondent) comme l'était
les incarnations en Septimus même si c'est à un degré moindre (là encore, écho,réminiscence...).

ce leitmotiv ("asile") montre d'ailleurs bien que Dufaux cherche à créer plusieurs degrés de lecture avec un jeu de miroirs constant et de renversement des rôles
faisant échos à La marque jaune tout en restant ambigu, en ouvrant des pistes sans y répondre vraiment (c'est un récit sur la folie)
Qu'il ait réussi ou raté son coup, c'est autre chose
Merci pour tes propositions de réponse gadjo, il y a des aspects auxquels je n'avais pas pensé.
Mais ce qui me dérange dans tout cela, c'est justement le fait qu'on en soit réduit à se triturer l'esprit pour imaginer toutes sortes de réponses plus ou moins loufoques, la plus pratique étant : oui, mais c'est la volonté de l'alien qui fait cela, parce que c'est un alien, donc il est super fort. Vous pouvez pas comprendre. :mrgreen:

Et tout cela alors que les récits de Jacobs reposent justement sur une vraisemblance (parfois un peu tirée par les cheveux, mais les apparences étaient sauvées).
Dans la marque jaune justement, on a deux belles pages d'explication. Alors qu'au fond, ce n'était qu'un surhomme. Mais tout est expliqué, les balles qui s'écrasent, la "paralysie" que peut provoquer la marque jaune, etc. Dans l'onde Septimus, rien n'est expliqué, ça ne tient pas debout.
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par mokenamoke »

Il est possible que cette histoire ne soit pas finie et qu'on doive encore se farcir un tome 2, auquel cas les explications éventuelles risquent fort d'être reportées au tome 3. De toute manière c'est une histoire à dormir debout qui ne vaut même pas la peine qu'on se casse la tête pour essayer de comprendre. Il y a effectivement quelques belles images, mais ça ne suffit pas pour faire une reprise, pour moi c'est tout au plus une parodie ratée.
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par gadjo »

Nestor a écrit :Mais ce qui me dérange dans tout cela, c'est justement le fait qu'on en soit réduit à se triturer l'esprit pour imaginer toutes sortes de réponses plus ou moins loufoques, la plus pratique étant : oui, mais c'est la volonté de l'alien qui fait cela, parce que c'est un alien, donc il est super fort. Vous pouvez pas comprendre. :mrgreen:
non, ce n'est pas si loufoque ;)

Dufaux a cherché à concevoir un récit ouvert à l'interprétation en raison du thème (et aussi à cause de l'époque à laquelle ça a été écrit)
Il est tout à fait logique que tout ne soit pas expliqué comme ça peut l'être dans La marque jaune de Jacobs.
Ce n'est pas un récit linéaire ni une BD forcément classique dans la forme du récit, ça demande qu'on réfléchisse davantage aux tenants et aboutissants, aux indices
et références plus ou moins fragmentaires et obscures et non qu'on suive juste les péripéties.

de plus, l'alien n'est pas si fort que ça : il est coincé dans son vaisseau, est sans doute une victime plus qu'autre chose même s'il constitue une menace
et se fait en partie boulotter mentalement par les obsessions monomaniaques de Septimus

Après, on peut apprécier ou pas, trouver que ça ne colle pas à la série Blake et Mortimer, que Dufaux s'est planté (un peu ou dans les grandes largeurs, c'est selon :D )
mais cela va au-delà du simple récit parodique, du moins dans l'intention.
Pour ma part, même si je n'aime pas cet album pour plusieurs raisons, je reconnais que par certains aspects, c'est une des reprises qui tente le + d'innover
au lieu de juste se contenter de ressasser mollement encore et encore les mêmes clichés comme d'autres repreneurs le font, ce qui pour le coup est beaucoup plus parodique ;)

PS : personnellement, je ne crois pas vraiment à une suite directe de cette histoire, rien ne la justifierait vraiment
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Longtarin
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par Longtarin »

gadjo a écrit : Pour ma part, même si je n'aime pas cet album pour plusieurs raisons, je reconnais que par certains aspects, c'est une des reprises qui tente le + d'innover
Je ne suis pas d'accord dans le sens et pour cette série c'est le drame des reprises, il n'y a pas réellement d'innovation dans le sens ou tous les repreneurs se sentent obligés de revenir à l'oeuvre de Jacobs (Pourquoi Nasir est rentré dans S.S. indiens, comme Mortimer devient membre du Centaur Club, comment se sont ils connus...etc etc etc )

Mitsugoro avait qualifié ça du syndrome "Don Rosa" ....Elle avait tout à fait raison

J'ai hâte de lire une reprise ou il n'y aura aucune tentative de retour à la série mère ou d'explication sur le sacro saint "corpus".... Larguez les voiles les gars, ce n'est plus une série d'aventure c'est un musée

Le prochain "baton" me fait redouter le pire!
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par gadjo »

tout à fait

L'Onde Septimus tombe aussi dans ce travers sur bien des points et c'est très agaçant effectivement.
ça fait partie des nombreuses choses que je n'aime pas dans cet album.

Mais, sur certains plans (la construction du récit notamment) et certains plans seulement, Dufaux tente quelque chose d'un peu différent pour la série.
Ce n'est pas du tout le cas dans Le secret des 5 lords ou le Bâton de Plutarque par exemple, où là, le scénariste se contente justement d'empiler
les références aux albums précédents et tombe dans le "syndrome Don Rosa", pour reprendre l'analogie pertinente de Mitsugoro
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par Longtarin »

gadjo a écrit : Mais, sur certains plans (la construction du récit notamment) et certains plans seulement, Dufaux tente quelque chose d'un peu différent pour la série.
Ce n'est pas du tout le cas dans Le secret des 5 lords ou le Bâton de Plutarque par exemple, où là, le scénariste se contente justement d'empiler
Interessant! Peux tu developper ? je suis incapable d'analyser un livre ou une BD! Pour moi une BD est bonne parce qu'elle ...me plait (La Palice?! :mrgreen: ) le scénario est intéressant et les dessins à mon gout...

mais je suis incapable d'analyser la forme.... ! C'est un peu comme un match de foot: si mon équipe a gagné alors elle a bien joué, et si un joueur a marqué il a été performant, indépendamment de la tactique et du fond de jeu développés, choses que je suis incapable d'analyser ! Lorsque je lis le C.R. dans "l'Equipe" je me demande si c'est bien le match que j'ai été voir???? ....Et pourtant ça fait des années que je monte au stade :oops: Et des années que je lis et relis les B&M!! :p
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par mokenamoke »

Intéressant ! Je ne connais rien au foot et je vous crois sur parole quand vous dites que si une équipe gagne elle a bien joué, quoique il doit quand même aussi y avoir une part de chance dans les résultats des matches, sans parler des arbitrages qui sont parfois contestables. En ce qui concerne la BD et la littérature en général, là c'est très différent : ce n'est pas parce qu'une BD se vend bien qu'elle est bonne ! Il y a le réflexe du collectionneur qui joue, ceux qui ont commencé à suivre une série ont souvent dur à la lâcher, même quand la qualité est en chute libre. Les éditeurs le savent et c'est pourquoi ils poussent les auteurs à continuer des séries qui se sont bien vendues dans le passé, et ils sont de moins en moins regardants pour la qualité, il suffit d'une bonne campagne de pub et ça se vend toujours. Donc en fin de compte, c'est la faute des acheteurs - notre faute - si la qualité diminue, il faut en être bien conscients. Il faut croire que le réflexe du collectionneur doit être bien câblé dans notre cervelle, ou programmé dans nos gènes, allez savoir.
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par Park Lane »

Il est certain que la logique du collectionneur fait partie de nos tentations et peut être facilement instrumentalisée. Dans le cas de séries comme celle-ci, elle joue de nos souvenirs d'enfance qu'elle prétend renouveler en leur apportant de nouveaux aliments.
Pour ce qui concerne la logique des reprises, je crois que vous décrivez bien les deux voies explorées, celle de la fidélité fétichiste, celle de la tentative d'innover. La première n'a de sens que si elle apporte à ce qui existe un élément nouveau dans le cadre d'une histoire bien conduite et passionnante. La seconde, qui n'est d'ailleurs pas incompatible avec la première, suppose d'arriver à proposer quelque chose d'inattendu qui parvienne cependant à s'articuler sans que cela semble incongru avec l'oeuvre de référence. Il me semble que c'est un exercice très difficile qui suppose de ne pas tomber dans la parodie, sauf à créer une série parallèle comme Les aventures de Philipe et Francis.
Pour ma part je trouve un grand exemple de réussite dans ce domaine dans Noël Noir, album de Michel Jacquemart et de Regric, qui, parmi les reprises de la série Lefranc se distingue d'une manière particulièrement exemplaire. A la fois cet album s'inscrit dans le cadre initial de la série créée par Jacques Martin, les années cinquante, et propose un sujet et un récit d'une très grande originalité par rapport aux codes de la série. De surcroît, cette histoire est très bien conçue et conduite et remarquablement mise en scène par le dessin de Regric. Je ne sais pas si vous l'avez lue, mais pour ma part elle m'a profondément convaincu et je la considère, à titre tout à fait personnel, comme la meilleure reprise de la série Lefranc publiée à ce jour.
Pour arriver à faire quelque chose du même genre dans le cas de Blake et Mortimer il faudrait sans doute beaucoup de travail car le cadre de l'univers jacobsien est si particulier qu'on a du mal à pouvoir lui ajouter quelque chose de neuf qui fonctionne, s'émancipe et ne tombe pas dans la parodie.
Le seul album à tenter réellement cette conversion est en effet L'Onde Septimus, qu'on trouve cette tentative réussie ou ratée, parce que les auteurs n'hésitent pas à transgresser les codes établis dans la série, ne serait-ce qu'en donnant à Olrik une importance et une dimension qu'il n'avait pas auparavant, au point d'en faire le véritable personnage central de l'album.
Bien sûr, il appartient au jugement critique de chacun de se prononcer sur cet album, mais il a au moins l'intérêt d'avoir tenté de surmonter l'obstacle de la fidélité fétichiste. A vrai dire, il est dans la suite des reprises qui se sont succédées au fil des années une sorte d'OVNI suffisamment étrange pour qu'il me soit personnellement difficile d'arriver à formuler à son sujet un jugement définitif, si tant est qu'un jugement puisse jamais être définitif.

:idea:
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par Nestor »

gadjo a écrit :
Nestor a écrit :Mais ce qui me dérange dans tout cela, c'est justement le fait qu'on en soit réduit à se triturer l'esprit pour imaginer toutes sortes de réponses plus ou moins loufoques, la plus pratique étant : oui, mais c'est la volonté de l'alien qui fait cela, parce que c'est un alien, donc il est super fort. Vous pouvez pas comprendre. :mrgreen:
non, ce n'est pas si loufoque ;)

Dufaux a cherché à concevoir un récit ouvert à l'interprétation en raison du thème (et aussi à cause de l'époque à laquelle ça a été écrit)
Il est tout à fait logique que tout ne soit pas expliqué comme ça peut l'être dans La marque jaune de Jacobs.
Ce n'est pas un récit linéaire ni une BD forcément classique dans la forme du récit, ça demande qu'on réfléchisse davantage aux tenants et aboutissants, aux indices
et références plus ou moins fragmentaires et obscures et non qu'on suive juste les péripéties.
Le problème est que j'ai un gros doute sur le fait que Dufaux ait tourné son récit de la manière que tu présentes dans l'intérêt du récit.
J'ai surtout l'impression que le récit "est ouvert à l'interprétation" car il y avait un nombre de pages limités et car il était + vendeur et + facile de présenter de belles images que de présenter des pages d'explication tenant plus ou moins debout.
Je me trompe peut être.
gadjo a écrit :Après, on peut apprécier ou pas, trouver que ça ne colle pas à la série Blake et Mortimer, que Dufaux s'est planté (un peu ou dans les grandes largeurs, c'est selon :D )
mais cela va au-delà du simple récit parodique, du moins dans l'intention.
Pour ma part, même si je n'aime pas cet album pour plusieurs raisons, je reconnais que par certains aspects, c'est une des reprises qui tente le + d'innover
au lieu de juste se contenter de ressasser mollement encore et encore les mêmes clichés comme d'autres repreneurs le font, ce qui pour le coup est beaucoup plus parodique ;)

PS : personnellement, je ne crois pas vraiment à une suite directe de cette histoire, rien ne la justifierait vraiment
Ah mais par contre, je suis tout à fait d'accord sur l'originalité du récit.
Et c'est un peu ce qui m'embête en fait, car je suis certain qu'à peu de choses près, cet album aurait pu être excellent, au niveau des Jacobs.

Je ne serais par contre pas opposé à un deuxième tome, si des explications crédibles sont fournies et si la même qualité est au rendez-vous. ;)
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Re: L'Onde Septimus : Les critiques

Message par Nestor »

Park Lane a écrit :Il est certain que la logique du collectionneur fait partie de nos tentations et peut être facilement instrumentalisée. Dans le cas de séries comme celle-ci, elle joue de nos souvenirs d'enfance qu'elle prétend renouveler en leur apportant de nouveaux aliments.
Pour ce qui concerne la logique des reprises, je crois que vous décrivez bien les deux voies explorées, celle de la fidélité fétichiste, celle de la tentative d'innover. La première n'a de sens que si elle apporte à ce qui existe un élément nouveau dans le cadre d'une histoire bien conduite et passionnante. La seconde, qui n'est d'ailleurs pas incompatible avec la première, suppose d'arriver à proposer quelque chose d'inattendu qui parvienne cependant à s'articuler sans que cela semble incongru avec l'oeuvre de référence. Il me semble que c'est un exercice très difficile qui suppose de ne pas tomber dans la parodie, sauf à créer une série parallèle comme Les aventures de Philipe et Francis.
Pour ma part je trouve un grand exemple de réussite dans ce domaine dans Noël Noir, album de Michel Jacquemart et de Regric, qui, parmi les reprises de la série Lefranc se distingue d'une manière particulièrement exemplaire. A la fois cet album s'inscrit dans le cadre initial de la série créée par Jacques Martin, les années cinquante, et propose un sujet et un récit d'une très grande originalité par rapport aux codes de la série. De surcroît, cette histoire est très bien conçue et conduite et remarquablement mise en scène par le dessin de Regric. Je ne sais pas si vous l'avez lue, mais pour ma part elle m'a profondément convaincu et je la considère, à titre tout à fait personnel, comme la meilleure reprise de la série Lefranc publiée à ce jour.
Pour arriver à faire quelque chose du même genre dans le cas de Blake et Mortimer il faudrait sans doute beaucoup de travail car le cadre de l'univers jacobsien est si particulier qu'on a du mal à pouvoir lui ajouter quelque chose de neuf qui fonctionne, s'émancipe et ne tombe pas dans la parodie.
Le seul album à tenter réellement cette conversion est en effet L'Onde Septimus, qu'on trouve cette tentative réussie ou ratée, parce que les auteurs n'hésitent pas à transgresser les codes établis dans la série, ne serait-ce qu'en donnant à Olrik une importance et une dimension qu'il n'avait pas auparavant, au point d'en faire le véritable personnage central de l'album.
Bien sûr, il appartient au jugement critique de chacun de se prononcer sur cet album, mais il a au moins l'intérêt d'avoir tenté de surmonter l'obstacle de la fidélité fétichiste. A vrai dire, il est dans la suite des reprises qui se sont succédées au fil des années une sorte d'OVNI suffisamment étrange pour qu'il me soit personnellement difficile d'arriver à formuler à son sujet un jugement définitif, si tant est qu'un jugement puisse jamais être définitif.

:idea:
Oui, le sujet des reprises est très délicat.
Mais pour ma part je n'achète pas les Blake et Mortimer simplement par esprit de collectionneur mais bien parce qu'en dépit des défauts des reprises, je les trouve tout de même globalement de qualité.

Quand je vois de quelle manière a tourné Lucky Luke ou encore Lefranc (en général, je ne parle pas de "Noël noir"), je trouve finalement que Blake et Mortimer est plutôt bien loti.
Certaines BD déclinent d'ailleurs sans repreneur : quand je repense à l'album d'Astérix "Le ciel lui tombe sur la tête"...
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