L'homme et la science dans L'Onde Septimus
Posté : 29 déc. 2013, 20:40
On a vu sur ce sujet que Jacobs a, tout au long de son oeuvre, mis en garde contre un usage irréfléchi et malveillant de la science par l'homme. Cette problématique structure profondément le schéma du scénario, sans doute plus nettement que dans les albums de Jacobs. En effet, L'Onde Septimus voit l'affrontement entre deux modèles d'une même invention (le Télécéphaloscope) exploités par deux savants aux ambitions diamétralement opposées ; Evangely (héritier de Septimus) incarnant le Mal ; et Mortimer incarnant le Bien.
C'est dès la planche 2 que L'Onde Septimus s'inscrit dans cette problématique puisque le professeur Evangely s'insurge (vignette 1) contre « ces belles théories humanitaires qui ne font que retarder la marche de la science et du progrès ». On peut même voir dans la suite de la réplique (« Le conformisme de notre classe politique ne viendra pas à nous étouffer car nous voyons plus loin, plus haut, plus fort ! ») une allusion au rôle bienveillant/paternaliste que Jacobs avait pour coutume d'attribuer aux élites à la fois politiques et scientifiques dans ses albums.
Jusque-là, on peut s'attendre à une simple régénération du Télécéphaloscope contre laquelle les deux héros lutteront, dans une sorte de remake de La Marque jaune. Mais le scénario se complexifie lorsqu'on apprend que Mortimer a lui aussi monté un modèle de la machine de Septimus. En effet, on apprend planche 12 que Mortimer veut la réorienter « vers un but régénérateur et non pas de destruction », plus précisément pour freiner « la maladie, les souffrances, les traumatismes » (vignette 7).
De façon assez ironique, la morale de Jacobs sur la science est donc poussée au point de subvertir sa propre œuvre (en l'occurrence, le Télécéphaloscope). En effet, s'il suffit d'un savant éclairé pour faire évoluer la science dans le sens du progrès, pourquoi ne pas faire de cette machine un outil de progrès ? Et très schématiquement, cette subversion se fera via « une inversion des pôles » du Télécéphaloscope (planche 59, vignette 6) permettant de basculer d'un contrôle du cobaye à une régénération ou à un regain de contrôle dudit cobaye sur lui-même.
La tentative (manifestement brusquée) de Mortimer aboutira néanmoins à un semi-échec étant donné la perte de connaissance d'Olrik à son réveil. C'est sans doute pour cette raison que Mortimer renoncera à aller plus loin : « J'ai péché par orgueil, une fois de plus. Mais rassurez-vous, je me suis débarassé de mon Télécéphaloscope » (planche 65, vignette 8).
C'est ici que Dufaux se distingue de Jacobs : le savant éclairé (Mortimer) a échoué à dompter la technique dans un sens bienfaisant. Le Télécéphaloscope restera dans l'esprit du lecteur comme une machine au pire malfaisante, au mieux incontrôlable.
C'est dès la planche 2 que L'Onde Septimus s'inscrit dans cette problématique puisque le professeur Evangely s'insurge (vignette 1) contre « ces belles théories humanitaires qui ne font que retarder la marche de la science et du progrès ». On peut même voir dans la suite de la réplique (« Le conformisme de notre classe politique ne viendra pas à nous étouffer car nous voyons plus loin, plus haut, plus fort ! ») une allusion au rôle bienveillant/paternaliste que Jacobs avait pour coutume d'attribuer aux élites à la fois politiques et scientifiques dans ses albums.
Jusque-là, on peut s'attendre à une simple régénération du Télécéphaloscope contre laquelle les deux héros lutteront, dans une sorte de remake de La Marque jaune. Mais le scénario se complexifie lorsqu'on apprend que Mortimer a lui aussi monté un modèle de la machine de Septimus. En effet, on apprend planche 12 que Mortimer veut la réorienter « vers un but régénérateur et non pas de destruction », plus précisément pour freiner « la maladie, les souffrances, les traumatismes » (vignette 7).
De façon assez ironique, la morale de Jacobs sur la science est donc poussée au point de subvertir sa propre œuvre (en l'occurrence, le Télécéphaloscope). En effet, s'il suffit d'un savant éclairé pour faire évoluer la science dans le sens du progrès, pourquoi ne pas faire de cette machine un outil de progrès ? Et très schématiquement, cette subversion se fera via « une inversion des pôles » du Télécéphaloscope (planche 59, vignette 6) permettant de basculer d'un contrôle du cobaye à une régénération ou à un regain de contrôle dudit cobaye sur lui-même.
La tentative (manifestement brusquée) de Mortimer aboutira néanmoins à un semi-échec étant donné la perte de connaissance d'Olrik à son réveil. C'est sans doute pour cette raison que Mortimer renoncera à aller plus loin : « J'ai péché par orgueil, une fois de plus. Mais rassurez-vous, je me suis débarassé de mon Télécéphaloscope » (planche 65, vignette 8).
C'est ici que Dufaux se distingue de Jacobs : le savant éclairé (Mortimer) a échoué à dompter la technique dans un sens bienfaisant. Le Télécéphaloscope restera dans l'esprit du lecteur comme une machine au pire malfaisante, au mieux incontrôlable.