Will a écrit :Merci pour la superbe analyse "objective" et, surtout, nuancée, Thark ! ("Objective" entre guillemets parce que l'appréciation des couleurs a toujours un tout petit coté subjectif. C'est inévitable, à mon avis)
Merci, Will ! Et justement, pour rester dans l'analyse nuancée
, voici 2 exemples parlants pour montrer que je ne voue pas un "culte" aveugle et sectaire aux anciennes éditions du Lombard
. On y voit nettement que chaque version a ses avantages et ses inconvénients. 1er exemple : à gauche, l'ancienne édition Lombard, à droite la recolorisation dûe au "Studio Jacobs" (probablement Philippe Biermé/Luce Daniels)
- Le Secret de l'Espadon, Tome 1-page 27-case 1... Lombard 1977 /VS/ Dargaud-B&M 2009
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Là, c'est la version originelle de la main même d'EPJ qu'on pourrait qualifier de 'criarde'... Mais au moins, le visage de la sentinelle est
réellement et visiblement ébloui par la torche ! Les ombres sur le visage accentuent la violence de l'éclairage. Or, une fois recolorisée, le faisceau lumineux est tout pâle, tout fade, et le visage du factionnaire semble avoir tout bonnement un éclairage standard, sa peau étant exactement de la même teinte que tous les autres visages de la même page... Qui pourrait être de nuit comme de jour, indistinctement... Par contre, la réédition présente de beaux à-plats noirs, bien propres ! Donc, du pour et du contre...
2ème exemple, toujours dans le tome 1 de l'Espadon... Là encore, la volonté de rendre la page soi-disant + "harmonieuse" entraine quelques dommages et contredit même le texte et le déroulement de la séquence :
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En effet, après que Nasir se soit assommé tout seul
le texte dit : "
Lorsque Nasir revient à lui, l'aube est déjà proche... ". Dans la "vraie" version, EPJ nous montre immédiatement
l'écoulement du temps et donc le changement d'atmosphère, grace aux couleurs différentes qui
annoncent le lever du jour. Dans les pages recolorisées, pffiouttt, plus rien :
tout est devenu (presque) uniforme, comme si toute la séquence se déroulait en continu et en quelques minutes à peine !!!
D'autre part, dans la dernière case, les couleurs chaudes qui indiquent si bien le contraste entre l'extérieur bleuté et l'intérieur de la chambre de B & M, sont remplacées par des tons hyper pastellisés qui rendent nettement moins bien l'impression orientalisante et exotique du décor...
En revanche (
nuances, je vous aime ! n'est-ce pas, Will ?
), il est évident que les couleurs refaites sont là encore beaucoup + clean, sans doute + harmonieuses et + "jolies" à regarder... Mais à partir du moment où elles ne respectent plus le contenu narratif, eh bien ça ne va pas !
EPJ était un maître en matière d'utilisation de la couleur pour situer les séquences aussi bien dans le temps que dans l'espace.
Alors je m'étonne une fois de plus qu'il ait pu valider les choses ainsi...