Erca a écrit :gadjo a écrit :maintenant, imagine 5 minutes Jacobs et les nano-technologies, Jacobs et l'espace, Jacobs et toutes les récentes découvertes scientifiques, médicales et historiques, etc., etc...
Sauf que Jacobs ne reprenait pas les inventions de son époque, mais s'appliquait à proposer quelque chose qui les dépassait, à tel point qu'aucune n'a "vieilli" de notre point de vue : elles restent toutes stupéfiantes, depuis l'Espadon jusqu'au Samuraï de Sato. Le propre de la SF (la bonne en tout cas) est précisément de s'inscrire "hors temps", de ne jamais se démoder. Retourner dans les années 1950 ne pose pas problème sur ce plan.
tout à fait
EPJ se basait sur les découvertes récentes ou annoncées dans les ouvrages de vulgarisation scientifiques type
Science et Vie
et extrapolait avec talent à partir des connaissances de l'époque, forcément. C'est propre à tout auteur de SF/anticipation,
que ce soit Azimov, K. Dick ou Jacobs (et tous les autres). C'est épatant de voir à quel point ils peuvent avoir anticipé certaines choses
mais il faut aussi admettre qu'ils se sont trompés sur pleins d'autres aspects, ce qui est inévitable.
Donc selon moi, si Jacobs était encore vivant, il ne ferait sans doute pas une BD sur ce qui existe actuellement mais
sur ce que pourraient donner les techniques actuelles dans le futur même si elles n'existent qu'à l'état de prototype ou de simples hypothèses.
Je n'ai pas le quart de son talent, évidemment, mais on peut déjà imaginer pleins de trucs à partir de ce qui existe.
Par exemple, les puces RFID utilisées pour le suivi des objets implantées dans un corps humain (ça commence à poindre),
la fusion nucléaire (pas la fission), les robots de compagnie type Aïbo etc., etc.
Et on est justement dans une époque où l'emprise technologique est de + en + marquée où la question de la déshumanisation possible est très importante,
où la science pose de + en + de questions morales et éthiques.
C'est un terreau formidable pour les récits d'anticipation et ça rejoint en plein les préoccupations de Jacobs ("science sans conscience...")
C'est pour ça que trouve vraiment dommage qu'on se contente de SF à rebours... ça a son charme, mais c'est souvent désuet et sans réelle portée autre qu’anecdotique
Bah ouais, il est essoufflé arrivé sur la plage.
(moi de la mauvaise foi ? ^^ )
J'aime bien Sato, mais comme pour les Holmes des années 30, à cause de l'époque, il y a une distanciation qui m'empêche de rentrer pleinement dans l'histoire.
c'est là où je ne suis pas d'accord. Le cadre temporel est important chez Conan Doyle non pas en soi mais parce qu'il correspond à l'époque où Conan Doyle écrit.
C'est pour lui un récit contemporain.
ceci dit, les deux peuvent fonctionner et fonctionnent (le Homes victorien et le Holmes au 21e siècle) et ça serait pareil pour Blake et Mortimer, tout dépend
de ce qu'on cherche à créer, une reconstitution fidèle (mais on perd la notion d'actualité) ou une transposition (mais on perd le background Victorien, évidemment)
tout dépend la façon dont on perçoit le cadre/l'époque dans lequel évolue le héros et la manière dont l'auteur utilise ce cadre
Est-ce que la période exacte est fondamentale au propos (comme dans
Les sept vies de l'épervier par exemple) ou pas (comme dans
Yoko Tsuno ) ?
Je suis désolé mais la personnalité même de Blake & Mortimer sont un produit de leur temps. Leur manière d'être, de parler, leur mentalité, etc ...
Il faudrait changer leurs personnalités, pour que ça ne paraisse pas étrange et déplacé à l'époque contemporaine. Et ce n'est pas une critique de ce mode de vie, au contraire, c'est parce que j'adore cette personnalité que j'ai peur qu'elle soit dénaturée au nom de la réactualisation. Avoue tout de même que Blake & Mortimer semblent un peu en décalage avec les années 70 dans leurs manières de ce comporter dans Sato. Ils appartiennent à une génération pré-années 50 (ils ont dut naître dans les années 1900) où la société étaient bien différente à celle d'aujourd'hui.
oui, comme Jacobs né en 1904. Mais rien ne les empêche d'évoluer. Là encore, c'est pour moi l'écume des personnages. Un scientifique et un soldat/agent secret, ça existe encore
Et personnellement, je ne les trouve pas spécialement décalés dans Sato. Ils restent tout à fait crédibles.
Mais si l'on suit ta logique selon laquelle B&M est une série contemporaine qui suit son temps. Et bien, le terrorisme islamiste c'est un peu la nouvelle menace pour la sécurité mondiale depuis les années 80/90 et suite à la chute du bloc de l'Est. De fait comme Jacobs parlait en sont temps de guerre mondiale puis de Guerre froide, il faudrait alors évoquer ce sujet...
Oui. Même modifié en faction plus ou moins fictive de la même façon que les "jaunes" symbolisent les nazis chez Jacobs.
On peut imaginer des "fous de dieu" hindouistes, bouddhistes, animistes ou ce que tu veux, l'important n'est pas de représenter la chose telle qu'elle est mais le thème (l'extrémisme religieux)
je suis quasi sûr que Jacobs se serait emparé de ça. De quelle manière je n'en sais rien par contre...
Juste, mais dans la BD contemporaine ce sont des thèmes devenues tellement banals (regarde les comics par exemple), comme le souligne Erca, autant faire une énième série sur le thème, qui serait qui plus est sans âme, puisque il aurait fallu dénaturer la personnalité de Blake et Mortimer pour qu'elle colle à notre époque.
Bien sûr, ce sont des thèmes rabâchés. Mais je suis persuadé qu'on peut (si on a du talent, ce que je ne prétends pas avoir) concevoir un excellent récit à partir de ces sujets.
Tout comme il y a eu pléthores d'excellents récits d'espionnage écrits dans les années 1950-60 ayant pour cadre la guerre froide, d'autres moins bons et d'autres sans intérêt.
Et je ne vois toujours pas en quoi ça dénaturerait davantage la nature de B&M, bien au contraire.
Écrire aujourd'hui un récit sur la guerre froide, ça peut être intéressant mais ça n'a pas la même portée que si c'est écrit pendant la guerre froide.
La machination Voronov est une des meilleures reprises selon moi, mais sa portée reste limitée car rétro
gadjo a écrit :Et puis, c'est quoi l'époque de Jacobs ? 1946 (l'espadon) ou 1977 (Sato) ?
Je parlais de l'époque dans laquelle Jacobs a vécu.
moi aussi
Et c'est justement toute la question
Et ça va au-delà d'un simple changement de style vestimentaire ! Comme je l'ai dis, ce serait un changement de personnalité.
non, je ne vois pas en quoi, si ce n'est sur des détails justement (vêtements, expressions de langage).
Il ne s'agit pas non plus que Mortimer dise "fuck" au lieu de "By Jove" sous couvert de modernisme idiot, évidemment
(d'ailleurs, ça me fait penser que finalement, le langage chez jacobs est finalement devenu moins désuet que chez Hergé, tiens)
mais les confiner aux années 1950, c'est rabâcher constamment la même chose (voir le dernier album).
ça rassure le lecteur quelque part, il est sûr de retrouver un cadre et un récit totalement familier mais il n'y a aucune innovation (c'est en ce sens que je parle de nostalgie)
contrairement à ce que faisait l'auteur originel