Let's go ! Je crois qu'il est temps de donner la réponse (d'autant plus qu'une bonne partie de ceux qui participent régulièrement au jeu l'ont trouvée).
Il s'agit donc de
Jijé, le grand
Joseph Gillain, un des piliers belges de
L'école de Marcinelle dont le journal
Spirou et les éditions Dupuis étaient le centre névralgique, si l'on peut dire.
Les extraits postés visaient à vous faire trouver une de ses œuvres BD les moins connues :
"El Senserenico".
(Un récit exotico-romantico-aventureux adapté du roman d'une certaine Flora Sabeiran).
(Couverture de l'album édité par Michel Deligne en 1982)
Elle a été publiée dans un hebdomadaire familial à tendance ménagère des éditions Dupuis, "Les Bonnes Soirées" - rebaptisé plus tard "Bonnes soirées" - d’octobre 1952 à février 1953.
Pour Jijé, au retour de sa fameuse odyssée américano-mexicaine (sa cavale de deux ans avec toute sa famille et en compagnie de Franquin et Morris, une tranche de vie devenue quasi mythique) c'était une période effervescente où sa créativité et sa force de travail dantesques s'exprimaient tous azimuts.
Esthétiquement, on peut admirer des planches entièrement faites au lavis
[eau + encre de Chine diluée pour obtenir mille et une nuances de gris]. Il faut dire qu'il s'était déjà fait la main sur cette technique exigeante en illustrant "
Le Comte de Monte Cristo" pour le journal
Le Moustique de fin 1951 à septembre 1952.
Je ne sais pas si le fait que la famille Gillain soit allée vivre pendant cette période dans un coin apparemment enchanteur de la Côte d'Azur - quelle bougeotte ! - a eu pour effet d'accentuer chez Jijé des envies romantiques et romanesques, mais quand on découvre ce roman d'amour feuilletonnant, on est loin de
Spirou, Don Bosco, Baden Powell, Blondin et Cirage, etc...
"
El Senserenico" est un exemple spectaculaire des talents multiples de l'Artiste Gillain. Par ailleurs excellent peintre, il a profité pleinement de ces périodes foisonnantes et expérimentales pour élargir encore son incroyable palette de styles tout en renforçant sa maîtrise graphique et narrative.
Peu de temps après, en 1954, il commencera à réaliser ce que certains qualifient de "
premier grand western réaliste de la bande dessinée européenne",
JERRY SPRING. Une véritable épopée Western (pas terne !) qui se déploiera sur 21 albums...