Centaur Club

freric a écrit : ↑

27 nov. 2021, 18:35

interview de Peter Van Dongen pour Nieuwsuur.../...
Lorsque je suis en France pour signer les livres de Blake et Mortimer, je vois parfois une femme qui fait la queue. Il s'avère qu'elles achètent rarement le livre pour elles-mêmes, mais presque toujours pour leur mari, leur fils ou leur père.

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De toutes façons les arguments de "on pouvait pas mettre des femmes dans les BDs de l'époque à cause de la censure", j'y ai jamais vraiment cru. La preuve : la Castafiore, qui occupe une bonne place parmi les personnages secondaires de Tintin. Hergé n'a jamais eu de problèmes à cause d'elle. Il y avait aussi beaucoup de personnages de "matronne" dans les strips humouristiques de ces années-là.
Je crois que la réalité, c'est que la censure empêchait de montrer des jolies jeunes filles et des histoires d'amour, mais il y aurait eu quantité d'autres types de personnages féminins, avec quantité d'autres histoires à développer avec elles. J'ai l'impression que soit les auteurs n'étaient pas intéressés, soit ils se disaient "si on peut pas les dessiner jolies, autant ne pas les dessiner du tout".

Ca m'a pas empêchée d'être fan de ces BDs toutes ma vie, mais je me souviens qu'à l'âge de 7 ans, je scrutais la case de la salle du trône dans Le Sceptre d'Ottokar pour y chercher des personnages féminins
Pareil dans la scène de foule de L'Enigme de l'Atlantide. Je me souviens d'une (1) tête de femme de 3/4 dos avec un voile.

Meg a écrit : ↑

29 nov. 2021, 19:26

Je crois que la réalité, c'est que la censure empêchait de montrer des jolies jeunes filles et des histoires d'amour, mais il y aurait eu quantité d'autres types de personnages féminins, avec quantité d'autres histoires à développer avec elles. J'ai l'impression que soit les auteurs n'étaient pas intéressés, soit ils se disaient "si on peut pas les dessiner jolies, autant ne pas les dessiner du tout".

Ca m'a pas empêchée d'être fan de ces BDs toutes ma vie, mais je me souviens qu'à l'âge de 7 ans, je scrutais la case de la salle du trône dans Le Sceptre d'Ottokar pour y chercher des personnages féminins
Pareil dans la scène de foule de L'Enigme de l'Atlantide. Je me souviens d'une (1) tête de femme de 3/4 dos avec un voile.

Ceux qui me connaissent sur ce forum (sans doute que Meg, nouvellement inscrite, ne me connaît pas encore) savent que je ramène souvent tout à Jean-Michel Charlier, prolifique scénariste de BD depuis la fin des années 1940. Mais il a écrit tellement de récits, pour une bonne part inconnus... Il a vécu et travaillé durant la période avant la censure (et la fameuse loi de juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse), pendant la censure et après, lorsque la censure s'est calmée petit à petit.
Or, dans les années 1950, il a écrit beaucoup d'histoires mettant en scène des femmes. Et pas des caricatures comme La Castafiore... Il a écrit aussi pas mal d'histoires sentimentales. La plupart du temps, dans ses BD, les femmes étaient l'égales des hommes, avec une personnalité, et vivaient des histoires fortes ("à la Charlier") ; et quand elles devaient être jolies, elles étaient jolies, et joliment dessinées si le dessinateur savait faire.

Voici l'extrait d'une de ses BD peu connues, mettant en scène de jeunes femmes liées à un réseau de Résistants pendant la guerre. La BD a été publiée en 1953 dans Bonnes Soirées, une revue à fort tirage ; la planche ci-dessous date du 22 février de cette année-là (le nom de Charlier n'apparaît pas, et n'est jamais apparu durant la publication - sur 77 planches, quand même... -, mais c'est bien lui le scénariste) :


Alors, certes, cette BD et d'autres du même acabit n'ont pas paru dans Spirou. Bonnes Soirées est une revue pour les femmes (adultes), mais enfin, "tout public" quand même, éditée par le groupe familial Dupuis, et les enfants des femmes au foyer, le "coeur de cible" de cette revue, pouvaient aussi lire ces BD.

jyb a écrit : ↑

30 nov. 2021, 11:12

Ceux qui me connaissent sur ce forum (sans doute que Meg, nouvellement inscrite, ne me connaît pas encore) savent que je ramène souvent tout à Jean-Michel Charlier, prolifique scénariste de BD depuis la fin des années 1940. Mais il a écrit tellement de récits, pour une bonne part inconnus... Il a vécu et travaillé durant la période avant la censure (et la fameuse loi de juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse), pendant la censure et après, lorsque la censure s'est calmée petit à petit.
Or, dans les années 1950, il a écrit beaucoup d'histoires mettant en scène des femmes. Et pas des caricatures comme La Castafiore... Il a écrit aussi pas mal d'histoires sentimentales. La plupart du temps, dans ses BD, les femmes étaient l'égales des hommes, avec une personnalité, et vivaient des histoires fortes ("à la Charlier") ; et quand elles devaient être jolies, elles étaient jolies, et joliment dessinées si le dessinateur savait faire.

Voici l'extrait d'une de ses BD peu connues, mettant en scène de jeunes femmes liées à un réseau de Résistants pendant la guerre. La BD a été publiée en 1953 dans Bonnes Soirées, une revue à fort tirage ; la planche ci-dessous date du 22 février de cette année-là (le nom de Charlier n'apparaît pas, et n'est jamais apparu durant la publication - sur 77 planches, quand même... -, mais c'est bien lui le scénariste) :
Alors, certes, cette BD et d'autres du même acabit n'ont pas paru dans Spirou. Bonnes Soirées est une revue pour les femmes (adultes), mais enfin, "tout public" quand même, éditée par le groupe familial Dupuis, et les enfants des femmes au foyer, le "coeur de cible" de cette revue, pouvaient aussi lire ces BD.

Chouette, je connaissais pas ! ça me rappelle un peu les comics Lois Lane de la fin des années 50, assez tournés vers la romance et l'humour aussi. Je sais pas jusqu'à quel point les BDs à destination des femmes étaient populaires en France à l'époque.

Meg a écrit : ↑

02 déc. 2021, 13:39

Chouette, je connaissais pas ! ça me rappelle un peu les comics Lois Lane de la fin des années 50, assez tournés vers la romance et l'humour aussi. Je sais pas jusqu'à quel point les BDs à destination des femmes étaient populaires en France à l'époque.

Pour répondre à deux points soulevés par Meg, je précise que :
- il n'y avait pas un gramme d'humour dans ces BD sentimentales (en tout cas celles de JM Charlier au scénario). C'était plutôt des drames sentimentaux (mais ça se finissait toujours bien, avec la gentille et jolie héroïne qui parvenait enfin à épouser le gentil héros...).
- dans Bonnes Soirées, ces BD sentimentales n'ont pas eu de succès. Du moins dans un premier temps... Il n'y en a pas eu beaucoup : trois en tout, en fait, entre fin 1951 et début 1954... La première était de Jijé (adaptation d'un roman), les deux suivantes de Charlier : Âmes sous la rafale déjà évoquée plus haut, suivie de Passion en plein ciel, dessinée par Gérald Forton, et dont voici une double page (en date du 20 décembre 1953, dans BS bien sûr) :


Note : le visuel que je montre ci-dessus est rarissime : il est en couleur. Car la BD a paru en Noir & blanc ou au lavis, et seule la version belge de Bonnes Soirées, quasiment introuvable, a présenté certaines planches en couleur, comme ici.

Après un temps de silence, ces BD sentimentales sont revenues dans BS, au cours de la seconde moitié des années 1950, mais en même temps est venu un nouveau genre, le roman-photo (sentimental encore, et je parle toujours de BS), dont quelques épisodes (dans BS) ont été écrits par JM Charlier, toujours lui...

Je me suis permis de partager le sujet car la discussion ne tournait plus autour du dernier Espadon.
J'ai découvert le coté multi-facettes de J.M Charlier .
Merci beaucoup à JYB

Meg a écrit : ↑

29 nov. 2021, 19:26

..../...
De toutes façons les arguments de "on pouvait pas mettre des femmes dans les BDs de l'époque à cause de la censure", j'y ai jamais vraiment cru. .../...

Moi non plus. Ce serait, par exemple, oublier Franquin et Modeste et Pompon, Paul Cuvelier et Line... Entre autres.

et la Castafiore ? et Sylvia dans le Rayon U ?

Les femmes dans Tintin : des concierges, telephonistes, infirmières, hôtesses de l’air . . . toutes des stéréotypes de leur profession, moi je les adore.

Je reviens sur l' interview qui a provoqué cette discussion

Peter Van Hooydonck, a écrit :..../...Cela n'a certainement pas affecté la tension des histoires, bien au contraire. Ce sont des livres pour garçons en premier lieu. Il faut le voir en son temps. Juste après la Seconde Guerre mondiale, les filles avaient des intérêts très différents de ceux des garçons. Ils étaient des mondes séparés, même à l'école. Maintenant, c'est impensable...../...

Je pense que cette analyse est assez juste . Mon expérience personnele , c'est quand j'étais enfnats , les garçons lisaient Tintin ou Spirou (ou Vaillant) et les filles , Lili l’espiègle ou Aggie .

Peter van Dongen a écrit : ..../... Lorsque je suis en France pour signer les livres de Blake et Mortimer, je vois parfois une femme qui fait la queue. Il s'avère qu'elles achètent rarement le livre pour elles-mêmes, mais presque toujours pour leur mari, leur fils ou leur père.

Cela signifie surtout que peu de femmes sont fans de Blake et Mortimer.
Aprés si on voulait vor des femmes un peu plus sexy, il y avait la bande dessinée américaine.