Voici ce que disait Sente à Ludovic Gombert pour une
interview datant de 2008.
Est-ce que vous pourriez concevoir une histoire sans Olrik ?
Pour ma part oui. Il faudrait demander à l’éditeur s’il serait d’accord, parce que cela fait partie des codes demandés. J’avais toutefois signalé qu’Olrik n’apparaissait pas dans Le Piège Diabolique, ce à quoi on m’a répondu, et c’est vrai, qu’à l’époque , le journal Tintin avait reçu une quantité de lettres réclamant le retour d’Olrik. Jacobs n’a ensuite plus osé s’en débarrasser mais il avait compris qu’avoir toujours le même « mauvais » dans l’histoire finit par être compliqué. Cela casse une partie du suspens.
Parce qu’on sait d’avance qui est le méchant ! Oui, mais il faut aussi jouer avec cet élément et parvenir à surprendre malgré cette contrainte. Van Hamme avait fait une tentative dans l’Affaire Francis Blake où l’on voyait Olrik et Blake sur la couverture, tous les deux à table. On se demandait : « Tiens, Olrik est devenu gentil ? Ils sont devenus amis ? »
Dans Voronov, j’avais transformé Olrik en militaire soviétique et dans les Sarcophages, je l’ai allongé dans un sarcophage pour qu’il me laisse tranquille pendant deux albums (rires) et j’ai encore trouvé une autre subtilité pour animer Olrik de manière inédite dans le Sanctuaire du Gondwana.
Ah ! Je n’en suis qu’à la moitié grâce à la prépublication dans le journal La Dernière Heure… On a la réponse dans la dernière planche ?
Oui, dans la dernière planche. Je ne vous dis rien avant !
Bon. Donc qu’Olrik n’apparaisse pas dans une prochaine aventure est tout à fait concevable ?
Oh oui ! Je crois que de toute façon on va bien y venir un jour, sinon on va tomber dans le ridicule. Sauf si une excellente idée se présente afin de le mettre en scène mais il est vrai que cela devient un peu plus difficile chaque fois.
Avec le recul, tout ça est un peu ambigu. La présence d'Olrik ferait partie des codes demandés, mais plus loin Sente ne se sent pas gêné pour annoncer qu'il scénarisera un album sans lui... Peut-être qu'il parlait tout simplement des codes demandés par les lecteurs. D'ailleurs, lorsqu'il dit qu'il "faudrait demander à l'éditeur", on peut supposer que l'idée ne lui était pas encore venue. En tout cas cela me conforte dans l'idée que les contraintes pesant sur les scénaristes sont soit très pauvres, soit très souples.
Cynik, diabolik et machiavélik, mais surtout, anthologik...