Vos cases préférées

[Will]

Une de mes cases préférées est celle où Mortimer arrête "John" . Pas d'avions écrasantes , ni de monstres émergant inattendu ... seulement l'action d'un Mortimer athlétique , ferme , qui surprend le jeune homme avec sa Vitesse et souplesse . Le visage de John qui se réalise qu'il a réagi trop tard et qui ne comprend pas pourquoi ce barbu importun ne lui laisse pas tranquille .

C'est dans ce genre d'actions que , pour moi , Juillard est à son apogée . Non seulement cet image comprend le moment précis de l'arrestation , mais aussi , dans ma tête , l'action précédente et celle qui suit .

[Park Lane]

Je partage ton sentiment Will. J'ai toujours beaucoup aimé la séquence ton est extraite cette case. J'aime d'une manière générale cet album et son ambiance hivernale que Juillard a particulièrement réussie. Il est vrai qu'il excelle dans la représentation des paysages de neige comme on le voit dans bien des passages des Sept vies de l'épervier. Dans cet album, et dans le même genre de scène, une course à travers la neige, dans le premier tiers de l'histoire, j'aime aussi cette case :

81116392_o.jpg (146.68 Kio) Vu 9274 fois

[Will]

Excellent choix , Park Lane ! J'aurais pu poster la case moi-même !

En effet , pour l'atmosphère hivernale , mais aussi pour l'élégance des mouvements , quasiment synchrone mais légèrement différent pour chaque personnage .

[Park Lane]

J'aimerais si Will m'autorise cette petite licence à la règle des cases préférées ajouter cette planche qui est une des séquences en intérieur que je trouve les plus réussies de l'album. Chacune de ses cases est superbe, mais l'ensemble est si merveilleusement composé que je trouverais dommage de ne choisir qu'une des images et de les séparer. Non seulement j'aime la dynamique des obliques très subtilement architecturée, mais la manière dont André Juillard compose cette planche selon le plan d'une maison, depuis la vue panoramique des toits en légère plongée jusque à la case finale animée à l'arrière-plan d'une légère contre plongée sous le regard du jeune homme. On peut aussi noter comment la circulation à l'intérieur de cet espace, chaque case étant une sorte de petite cellule ou de chambre, par le moyen d'escaliers, selon une logique descendante. Cette planche, dans un album où j'apprécie en premier lieu les paysages de neige avant les représentations des différents lieux intérieurs des bâtiments, me frappe particulièrement par toutes ces qualités.

[Thark]

Cette planche, dans un album où j'apprécie en premier lieu les paysages de neige avant les représentations des différents lieux intérieurs des bâtiments, me frappe particulièrement par toutes ces qualités.

Autant cet album est pour moi, graphiquement, une relative déception de par un trop grand nombre d'attitudes et de personnages raides - avec même des "maladresses" certaines, étonnantes de la part de l'immense dessinateur qu'est André Juillard - , autant je suis totalement d'accord avec toi sur l'excellence de la compo de cette planche ; le "guidage" du regard du lecteur d'une case à l'autre est un modèle du genre, l'équilibre des masses de noir et des fragments "utiles" du décor sont remarquables. Du grand Juillard, tel que j'aimerais le retrouver de façon aussi éclatante tout au long de ses B&M !

Je souhaite juste préciser que dans cet album la réussite des ambiances et paysages neigeux (et cette planche en est justement un bel exemple) doit quand même beaucoup à la coloriste Madeleine De Mille ! (ce qu'on constate tout aussi clairement dans les 2 belles cases que Will et toi avez postées au-dessus ).

[Park Lane]

Autant cet album est pour moi, graphiquement, une relative déception de par un trop grand nombre d'attitudes et de personnages raides - avec même des "maladresses" certaines, étonnantes de la part de l'immense dessinateur qu'est André Juillard - , autant je suis totalement d'accord avec toi sur l'excellence de la compo de cette planche ; le "guidage" du regard du lecteur d'une case à l'autre est un modèle du genre, l'équilibre des masses de noir et des fragments "utiles" du décor sont remarquables. Du grand Juillard, tel que j'aimerais le retrouver de façon aussi éclatante tout au long de ses B&M !

Je souhaite juste préciser que dans cet album la réussite des ambiances et paysages neigeux (et cette planche en est justement un bel exemple) doit quand même beaucoup à la coloriste Madeleine De Mille ! (ce qu'on constate tout aussi clairement dans les 2 belles cases que Will et toi avez postées au-dessus ).

Tu as raison, le dessin de Juillard se signale souvent par une certaine raideur qui semble être chez lui une marque de style, ou plutôt l'expression d'un tempérament de dessinateur. Cela peut gêner et on peut préférer une plus grande fluidité graphique dans le même registre de ligne claire. C'est mon cas, mais il n'en reste pas moins qu'André Juillard est un des vrais dessinateurs importants de sa génération, quelles que soient les préférences qu'on éprouve. Et comme tu le suggères, sa tendance à la raideur n'est pas systématique. Certains albums sont plus souples, d'autres plus anguleux. Mais dans celui-ci, il y a cette dimension des paysages que je trouve aussi très belle - compte-tenu du travail en effet magnifique de Madeleine de Mille et sachant que même en noir et blanc ces vues de campagne hivernales sont vraiment merveilleuses. Faute de mieux au fil de ma recherche un peu rapide, voici en noir et blanc la scène de course dans la neige - avec il est vrai la raideur dont tu parles qu'accentue peut-être les branches dénudées des taillis.

Je n'ai pas trouvé la case suivante en noir et blanc, mais peu importe, elle est une de celles que j'aime particulièrement dans cet album et je la trouve d'autant plus remarquable qu'elle n'est pas très grande. J'aime beaucoup qu'un dessinateur soit capable d'apporter autant de soin à une vignette qui sera finalement de dimensions modestes.

Et puis celle-ci que Will a a également présentée pour d'autres raisons dans son sujet passionnant sur "les bâtiments ou le ciment des 5 lords". Je la reprend dans ce sujet car d'une part elle offre un très bel exemple de réussite de décor urbain, d'autre part, elle est beaucoup plus enlevée, le personnage du passant qui traverse à l'oblique en retenant son chapeau n'étant pas du tout raide et au contraire d'un grand naturel. Cette case est en toute superbement composée par les positions des têtes des quatre personnages. Je n'ai actuellement plus d'imprimante et ne puis faire une photocopie pour dessiner à la règle puis scanner le résultat, mais on peut tout de même aisément voir le jeu de lignes qui dessinent des zig zag entre le passant de profil au béret (il a quelque chose du style de Hergé pour certains quidam), le chauffeur tourné vers Blake de dos et le retour par le mouvement du passant qui traverse et la ligne théorique de son regard. Même la ligne du rabat de sa serviette et la courbe légère de la carrosserie de la voiture participent de ce circuit à plusieurs possibilités, tandis que tout le bandeau supérieur à la colonnade est au contraire construit en parallèles verticales. Je trouve cela magistral.

[Will]

Une autre case pour laquelle j'ai un faible .
Mortimer qui fait un tour après son rendez-vous avec Blake , regardé par les bustes monumentales des philosophes (*) , absorbé dans ses pensées , parcourant seul les rues désertes ...

Il y a , pour moi , une allusion forte au jeune E.P. Jacobs qui , lui aussi , après les longues soirées en ville , préférait rentrer chez lui à pied , mêmes dans des conditions les plus hivernales .(**)

Il y a aussi une réminiscence à la case de Piccadilly Circus , celle avec Septimus et Vernay . La même solitude d'une rue , pourtant bien peuplée pendant la journée, les monuments et les bâtiments historiques ... Et comme Jacobs , Juillard a bien choisi son point de vue pour éviter des éléments qui pourraient pourrir l'ambiance de l'image .Et il y a aussi , bien sûr , les évènements qui se déroulent avant et après ces 2 cases ,et qui sont similaires (***)





(*) Bristish History Online
(**) Un Opera de papier et autres ouvrages .
(***) Les rendez-vous dans le Centaur Club et dans la Morse Room , les enlèvements de Vernay et de Mortimer .

[Park Lane]

C'est vrai, cette case nocturne est de toute beauté et j'aime beaucoup l'analyse que tu en donnes ! C'est un vrai plaisir de revenir sur les cases préférées après coup et non pas seulement à chaud quand un album paraît car on voit alors avec le passage du temps, quantité de choses qu'on n'aurait sans doute pas remarquées initialement.
La photo hivernale que tu joins à ont message est magnifique elle aussi !

[archibald]

J'en choisis une .... et hop c'est celle de WIll ! C'est vous dire si elle est bien et il a très bien expliqué pourquoi.
Donc je ne le referai pas !

Donc j'en choisis une autre qui se passe à Londres.
Une sortie de Scotland yard ( quand celui ci se trouvait encore non loin de Big Ben) .
Le climat (dans les deux sens ) est fort bien rendu.
Ambiance pluviale et hivernale. Il doit tomber de la neige fondue.
L'urgence , signifiée par la surprise du conducteur du bus (on suppose qu'il doit freiner brusquement) et par la sirène.
Une bonne impression de vitesse également : Blake doit se rendre rapidement au chevet de Lord Toddle qui "n'en a plus pour très longtemps" .
Je trouve que Juillard est au mieux dans ce genre de cases intermédiaires où l'on voit les personnages de loin .

PS:
Au passage , je salue l’astuce de Will qui a baptisé ce post "Vos cases préférées" au lieu du limitatif "Votre case préférée".
Je salue également l'habileté de Juillard qui a placé une grosses camionnette derrière la voiture de Blake et Honeychurch pour que l'on puisse mieux les distinguer.