Antoine Aubin avait signé le dessin de « Sur La Neige » en 2004 aux Humanoïdes Associés. Quelques années plus tard, il présente un projet à Dargaud, qui ne prend pas l’histoire, mais retient le dessinateur. À la surprise générale, ce talentueux inconnu reprend Blake & Mortimer, l’une des séries mythiques de la bande dessinée franco-belge, et termine le diptyque La Malédiction des trente deniers, un récit scénarisé par Jean Van Hamme. Il revient avec nous sur son parcours et sur cet album.
Quel a été votre parcours avant de réaliser le deuxième tome de « La Malédiction des trente deniers », le dernier album de Blake & Mortimer ?
J’ai essentiellement travaillé pour différents supports de communication qui étaient destinés aux entreprises. J’ai aussi fourni des histoires pendant de nombreuses années aux éditions Disney. Je dessinais les aventures de Winnie l’Ourson et de Tic & Tac pour des revues entre 2002 et 2009. En 2004, j’ai publié avec Pierre Wazem un récit, Sur la neige, aux Humanoïdes Associés.
En 2009, je me suis associé avec Laurent Rullier pour un projet de série. Nous avons monté un dossier, que nous avons envoyé à différents éditeurs. Les éditions Dargaud ont repéré mon travail. Ils m’ont téléphoné pour me dire qu’ils songeaient à moi pour un travail d’illustration autour des personnages de Blake & Mortimer. Cette commande était destinée à une banque. J’ai donc dessiné ces planches d’une manière assez décontractée, sans arrière-pensée. C’était à mes yeux un travail de communication comme j’en avais déjà réalisé des dizaines d’autres auparavant.
Philippe Ostermann, qui gérait à l’époque l’aspect éditorial de Blake & Mortimer, m’a ensuite demandé de faire des essais pour reprendre la série. Il m’a envoyé les planches tests qu’avait scénarisées Yves Sente. Les essais se sont avérés concluants et je suis venu en Belgique pour rencontrer Jean Van Hamme.
Comment avez-vous appréhendé la reprise de Blake & Mortimer ?
La narration graphique m’intéresse plus que tout dans la bande dessinée. Mais j’étais confronté à un problème délicat. Je voulais suivre les codes narratifs d’Edgar P. Jacobs, tout en tenant compte que Jean Van Hamme a une manière plus moderne de découper les planches. J’ai donc travaillé pendant deux ans entouré de certains albums de Blake & Mortimer d’Edgar P. Jacobs. Je les connaissais bien sûr déjà par cœur, mais ils me servaient à corriger mon travail au fur et à mesure de l’évolution de mes planches. Je voulais amener « l’esprit » de Jacobs dans le dessin et dans le découpage de Jean Van Hamme quand j’en voyais la possibilité.
Quels sont vos albums mythiques ?
L’éditeur propose aux repreneurs de se référer à la Marque Jaune. C’est ce que j’ai essayé de faire. Mais ma petite madeleine reste SX1 Contre-Attaque, qui était à l’origine le deuxième volume du Secret de l’Espadon [1]. Cet album me plait particulièrement car on y décèle l’influence américaine de Jacobs. Celle que l’on perçoit plus dans ces travaux pour Bravo (Le Rayon U). J’avais donc ces albums autour de moi pour m’auto-corriger. Jacobs avait des tics graphiques, notamment dans les postures de ses personnages qui ont souvent une démarche théâtrale et altière.
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Je remercie ACTUABD pour cette autorisation. Fred
Le blog de Laurent & Christian renvoie à une interview de Van Hamme pour ActuaBD, dans laquelle il révèle pour la première fois l'orientation de son prochain album. Et visiblement, il a envie de sortir des sentiers battus, ce qui est surprenant de sa part...