Les silhouettes de Septimus

Scénario : Jean DUFAUX
Dessin : Antoine AUBIN et Etienne SCHREDER
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Georgevitch-Miloch
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Les silhouettes de Septimus

Message par Georgevitch-Miloch »

Dans les albums de reprise de Blake et Mortimer, les plus récents nous ont tous un peu frappés et surpris, tel que le Bâton de Plutarque, au scénario admirablement bien ficelé, d'autres ont suscité de nombreuses réactions, autant sur le scénario que sur les incohérences ô combien nombreuses tel que Le Testament de William S. (que l'on aurait pu appeler le Testament de Shakespeare ou bien La Piste du Dramaturge ou encore La Piste du Maître Double). Parmi ces albums qui ont reçu beaucoup de critiques, arrêtons-nous sur L'onde Septimus, scénarisé par Jean Dufaux et dessinée par Antoine Aubin et Etienne Schréder. Cet album, véritable suite à La Marque Jaune contient beaucoup d'intrigues et de mystères. Cela s'explique par cette phrase d'Etienne Schréder dans l'ouvrage L'Héritage Jacobs : Jean Dufaux a dû réunir deux albums en un.
Parmi tous ces passages arborant des phénomènes, posons-nous attentivement sur les doubles de Septimus. Durant tout le long de cette étude, nous allons tenter de déterminer si les silhouettes démultipliées de feu Jonathan Septimus, "produites" pour ainsi dire par Orpheus, un engin inconnu, sont douées d'un caractère humain ou non.

Pour commencer, regardons attentivement l'apparition du premier double de Septimus. Celui-ci a pris forme de par le Télécéphaloscope II, celui du professeur Mortimer (Planche 11, Cases 2 à 10). On décrit cette silhouette comme "une forme hideuse et pourtant identifiable" (Case 7). Cela nous permet de dire que ce qui vient de la machine devient peu à peu forme humaine (ce qui n'est pas sans rappeler le diptyque Les 3 formules du professeur Satô, d'Edgar P. Jacobs et en collaboration avec Bob De Moor pour le Tome II). D'ailleurs, cette "forme hideuse et pourtant identifiable" disparait aussi mystérieusement qu'elle a apparu car, il est dit, toujours à la planche 11, case 10 dans le récitatif : "Plus rien ne subsiste alors de ce que Nasir a cru entrevoir..." De même que le verbe "cru entrevoir" peut provoquer certaines hypothèses. Ainsi, on peut définir que le premier double de Septimus (que l'on va appeler Septimus II) aurait la capacité de se "télétransporter" à n'importe quel endroit, choisi par Orpheus. Car, de la planche 11 à la planche 17, Septimus II est allé de Leyton Road à Bloomsbury. Ce qui, déjà, est totalement inhumain, surtout en 1954 !! En planche 17, tout justement, de la case 8 à 10, on connaît l'identité de la "forme hideuse et pourtant identifiable", celle de Septimus : "Et pourtant, il s'agit bien de la forme entrevue par Nasir, du professeur Septimus, mort foudroyé sous la sphère du Télécéphaloscope lors des événements narrés dans LA MARQUE JAUNE." (Planche 17, case 10)

Décrivons à présent la mésaventure de Septimus II à travers les rues de Londres. Durant tout le long de la planche 18, il est écrit : "Sa démarche aussi ne peut que surprendre (ce qui est une contradiction, au passage, avec le récitatif de la case 9 de la planche 17 : "Personne n"y prête attention" !). Le professeur ne semble s'inquiéter aucunement de ce qui l'entoure, des mouvements de la ville, de la circulation, du bruit et de l'agitation qui sous-tendent toute la métropole...Et ainsi, il manque de se faire écraser ! Il s'éloigne pourtant, sans émotion aucune, sans même s'arrêter, sous les rugissements du chauffeur qui a évité l'accident de justesse...Toutefois, arrivé de l'autre côté de la chaussée, son regard est attiré par la devanture d'une belle librairie. Comme s'il se rendait enfin compte des miroitements du monde extérieur, le professeur se dirige vers le magasin où, dans la vitrine principale trône, en de multiples exemplaires (en référence avec la multiplication des "exemplaires" de Septimus, si je ne m'abuse...), l'un des grands succès de la saison. Aussitôt, les lunettes du professeur se sont obscurcies, cachant son regard, tandis que d'une voix monocorde, il répète le même nom obsédant..."Guinéa Pig...Guinéa Pig...Est-ce toi ?". Analysons ce texte. Aux cases 1 et 3, il est clairement dit que Septimus II n'est pas humain à proprement parler : "ne semble s'inquiéter aucunement de ce qui l'entoure..." (Case 1) ; "sans émotion aucune, sans même s'arrêter". (case 3) Pourtant, dans les cases suivantes, on lui attribut tout de même un caractère progressivement humain : "son regard est attiré par la devanture d'une belle librairie. Comme s'il se rendait enfin compte des miroitements du monde extérieur, le professeur se dirige vers le magasin où, dans la vitrine principale trône, en de multiples exemplaires, l'un des grands succès de la saison." On trouve, en effet, chez Septimus II, une volonté à s'approcher des livres, très certainement attiré par le livre sur La Marque Jaune, étant donné qu'il est le principal sujet de cette intrigue (tout comme la scène du théâtre adapté du livre de la librairie en planche 50 et 51, des cases 8 (pl. 50) à 5 (pl. 51). Mais on peut remarquer que Septimus II arbore aussi certaines facultés telles qu'obscurcir ses lunettes pour cacher son regard, ce que personne n'est capable de faire en 1954. En case 8 de la planche 18, on lit aussi que le double de Septimus possède une voix monocorde qui répète le nom de son ancien "objet" qui, deviendra presque une devise pour toutes les silhouettes du professeur : Guinéa Pig !!

Observons à présent l'attitude de Septimus II face à un interlocuteur. Ici le bobby Carrington. Il va interrompre "ce quidam, qui traverse sans prêter attention à la circulation...le tirant brusquement de son étrange rêverie." (Cases 2 et 3, planche 12). Alors qu'il va tenter de raisonner Septimus II (qu'il ne reconnait d'ailleurs pas ! Ce qui est pour le moins étrange, vu qu'il a certainement participé à l'équipe policière de Kendall et de Blake...), celui-ci lui envoie une décharge électrique (ce qui n'est pas non plus humain du tout, vu que personne aujourd'hui, et encore moins en 1954 n'est capable d'envoyer personnellement des décharges électriques si ce n'est que par des dispositifs précis.) qui va rendre mal à l'aise ce brave Carrington, voire le faire disparaitre. Mais observons les conséquences de cette décharge : "Les élancements de son bras redoublant, le bobby commence à ressentir les effets d'un bien étrange vertige...Aussi, sans plus perdre de temps, se met-il en quête d'un remède qui pourrait soulager un tant soit peu la douleur qui lui vrille le cerveau..." (Cases 7 et 8, pl. 19). Septimus II serait donc capable, après son pouvoir d'obscurcissement de lunettes, pourrait rendre mal à l'aise quiconque le toucherait, voire pourrait le faire disparaitre ! : "Mais le bobby Carrington n'arrivera jamais à cette pharmacie. Ni à aucune autre, d'ailleurs. Et sa disparition sera la première d'une liste qui ne fera que s'allonger !" (Case 9, pl. 19). Qu'est ce que tout cela veut-il dire ? C'est très simple : Septimus II a fait se transformer le bobby Carrington en un autre Septimus, en un nouveau double, comme le confirme la disparition de Balley, cases 5 à 8 planche 46 et cases 1 à 3 planche 47 : "J'ai entendu comme une déchirure suivie d'un cri de douleur, je me suis retournée...et il se tenait là, déposant son verre comme si de rien n'était...Sauf que ce n'était plus Balley...mais l'autre..." "Quel autre ?" "Lui...Septimus." Ce qui est arrivé à Balley et donc arrivé à Carrington vu que Balley s'est lui aussi fait toucher par un Septimus en planche 42, case 11.

Suite à venir... ;)
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