C'est très intéressant, et, corrigez-moi si je me trompe, je crois que cet art du découpage était aussi une nécessité (perdue chez certains aujourd'hui ?) et le produit des prépublications.jyb a écrit :J'ajoute une précision dont il faut tenir compte dans toute collaboration scénariste/dessinateur. Souvent, de grands scénaristes ont été, à leurs débuts ou dans leur prime jeunesse, des dessinateurs. Des dessinateurs pas forcément au top ; je dirais même qu'ils s'aperçoivent, ou que leur entourage professionnel s'aperçoit pour eux, qu'ils sont davantage faits pour raconter des histoires, et un jour, ils se sont tournés entièrement vers le scénario, qui est davantage leur "truc". C'est le cas de Charlier et de Goscinny (je ne prends pas au hasard ces deux exemples). Car c'est important qu'un scénariste ait eu une expérience de dessinateur, pour se mettre dans la peau du dessinateur quand ce scénariste prépare un scénario et élabore le découpage et les descriptions.Park Lane a écrit :Toutes ces précisions sont passionnantes et révèlent combien le travail en duo du scénariste et du dessinateur relève d'un art délicat qui exige une grande attention et une grande rigueur. Je trouve extrêmement éclairantes tes remarques au sujet des problèmes d'interprétation qu'ils peuvent parfois rencontrer au moment de l'incarnation du scénario par l'image.
Mon credo à moi est que justement, un scénariste qui n'a jamais dessiné, qui n'a jamais été confronté au devoir de représenter quoi que ce soit sous forme de dessins, au besoin en faisant l'effort de rechercher des photos, de se prendre la tête avec des questions aussi diverses que, par exemple, l'anatomie du corps humain, la composition d'une image, etc., peut difficilement être scénariste de BD (il peut certes imaginer une histoire avec ses péripéties, mais il peut difficilement passer à la phase concrète "découpage pour une BD"). Le scénariste qui scénarise une BD mais qui ne se préoccupe pas des difficultés du dessinateur, qui ne visualise pas ce que son dessinateur va pouvoir faire, qui n'a même parfois aucune notion de dessin, et qui passe à autre chose une fois qu'il a envoyé son scénario par La Poste ou via sa messagerie, en s'en lavant les mains : j'ai un doute quant au résultat final...
Mais tous les cas de figure sont à envisager : par exemple un scénariste qui propose à son dessinateur une sorte de synopsis détaillé (mais pas découpé, à charge pour le dessinateur de s'occuper lui-même du découpage page par page, image par image) ; par exemple encore une écriture à deux : un co-scénariste imagine l'histoire, et un autre co-scénariste installe les dialogues, et, cerise sur le gâteau, le dessinateur qui reçoit ça aménage les planches selon ce qu'il lui semble préférable (dans ce cas, le dessinateur devient à son tour co-scénariste). Etc. Bref, toujours est-il que, j'y reviens, ce serait bien qu'un scénariste (ou des scénaristes s'ils sont plusieurs sur le coup) aient une expérience et une vision de dessinateur pour préparer au mieux un scénario de BD.
Il y a le cas aussi, bien sûr, des auteurs complets qui savent tout faire, et bien : bons scénaristes ET bons dessinateurs à la fois (Hergé, Jacobs justement puisque nous sommes sur "son" forum, Greg, Pratt, Tillieux... parmi les plus connus et les anciens décédés).
Le fait que les histoires soient impérativement rythmées pour qu'à la dernière case de chaque planche ou presque il y ait ce petit élément qui tient en haleine et donne envie de poursuivre la lecture (et donc d'acheter le numéro suivant)... Ce fameux "cliffhanger" propre à tout feuilleton bd, roman ou télévisé.