Cet interview , où les scénaristes parlent à l'avance d'un album qui doit paraitre fin novembre , me laisse vraiment perplexe , principalement les réponses des deux scénaristes.
Cela nous donne un peu un aperçu de la conception d'un album de B&M actuellement . Je dis actuellement , car je suppose que cela fonctionnait différemment du temps d'Edgar Jacobs qui créait d'abord des aventures pour le journal Tintin avant de penser album. Fermons la parenthèse.
L’éditeur nous a demandé de creuser la piste de l’espionnage, une dimension que Jacobs a peu explorée. (Fromental)
Cela laisse donc penser qu'au départ il s'agit d'une commande de l'éditeur . Au moins pour le thème^:une dimension que Jacobs a peu explorée: une histoire d'espionnage.
L'idée est donc de faire une aventure de Blake et Mortimer qui s'éloigne de ce que Jacobs aurait pu écrire. On va rétablir l’équilibre entre ses héros et on va creuser le personnage d’Olrik.
Au fond, ce n’est rien d’autre qu’un gangster qui rêve de devenir une sorte de super-vilain à la Dr No, mais n’y parvient jamais vraiment…(Fromental)
C'est un peu oublier sa position dans l'armée de Basam Damdu. Il a quand même failli faire basculer le monde libre. Il ne rêve pas de devenir un super vilain . Il est l'image du mal dans l'univers Jacobsien. En tout cas , dans ma lecture à moi
( et je n'ai pas lu que l'affaire du collier dans laquelle il joue effectivement un rôle un peu plus plat ).
Revenons au processus de création .
Nous avons d’abord rédigé en quelques lignes un pitch de l’histoire, puis un synopsis, suivi d’un développement séquence par séquence, pour terminer par le découpage et le dialogue de chaque planche. Comme dans l’audiovisuel, chaque étape était validée par l’éditeur avant de passer à la suivante, ce qui permettait d’intégrer les remarques au fur et à mesure. C’est une méthode simple qui permet de rassurer tout le monde : l’éditeur, le dessinateur… et les scénaristes !( Bocquet)
Comme dans l'audiovisuel ? Tiens , l'éditeur est donc devenu producteur et comme tel, il garde un œil sur sa production en validant chaque étape. La création est devenu un travail d'équipe dont il faut du rendement tout en s'assurant du bien être de tous!
Nous avons essayé de percuter une hyperréalité historique avec l’hyper-fantaisie de l’imaginaire Jacobsien. Huit heures à Berlin est une histoire qui fait écho aux grands classiques de la littérature fantastique et à ceux de la littérature d’espionnage. (Bocquet)
Je me doute bien que lorsqu'on répond à un interview on essaie de dire des choses 'définitives' en n’utilisant pas le vocabulaire de tous les jours, mais
"l’hyper-fantaisie de l’imaginaire Jacobsien" ?
Je ne vois même pas ce que cela veut dire ( d'autant que , dans mon esprit fantaisie et imagination ne sont pas loin d'être synonymes ).
Peut-être avons-nous cherché à mixer le Jules Verne de notre enfance avec le John le Carré de notre adolescence ?( Bocquet)
Ce genre d'analyse , il me semble que ce serait plus aux lecteurs de la faire après la sortie de l'album, comme nos l'avons d'ailleurs fait pour l
'Affaire Francis Blake . Ou alors ? Est ce une figure de style pour indiquer une volonté délibérée des auteurs? SI c'est le cas, y a t'il eu une distribution des rôles, du genre : toi tu vas faire Jules Vernes et moi , John le Carré ?
Bon je plaisante bien évidemment ... Plus jeune j'ai essayé de jouer de la guitare comme les Beatles , mais je n'ai jamais prétendu être John Lennon!
Mais je pense que les créateurs devraient faire plus attention lorsque ils répondent aux questions surtout lorsque l'interview est destinée à être publiée, au risque de passer pour pompeux , voire même , prétentieux .
Quand je vois comment cela se passe concrètement , j'en déduis que je suis resté sur une idée bien romantique de la création d'un album.