trevithick a écrit :archibald a écrit :Quelle bordée de pinaillages ....
Bonjour,
Non, et je trouve les remarques de Freric fondées.
(...)
Un bémol : pour tenir la route et ne pas prendre une vague sur le travers, mieux vaut ne pas ralentir.
(juste éviter la survitesse lorsque l'hélice déjauge).
Pourquoi "
un bémol" ? Un bémol aux critiques rapportées par Fréric ? On risque d'entrer dans des considérations super techniques, mais sur la question de la vitesse du bateau (par rapport au fait que la tempête règne sur la mer), je trouve que la formule donnée dans une bulle de la BD est de toute façon à côté de la plaque (je rappelle : "
Nous sommes en surpoids. Si nous réduisons la vitesse, c'est le naufrage assuré"). Ce serait intéressant d'avoir les statistiques des naufrages de cargos à cause d'un "
surpoids" combiné surtout à une réduction de leur vitesse (dans la tempête). A mon avis, statistiques : zéro. Car si un cargo coule systématiquement à chaque fois qu'il réduit sa vitesse et qu'il est "
en surpoids", il y en aurait eu, des bateaux à couler, depuis que la marine existe...
En fait de "
surpoids", le capitaine dirait de son bateau, plutôt, par exemple, qu'il est "au-delà de ses marques", sous-entendu : enfoncé dans l'eau avec ses marques de franc-bord sous la surface de la mer. Certes, dans une BD populaire, il vaut mieux dire "surpoids", tout le monde comprend. Pour les renseignements techniques, voir les pages Wikipedia sur le franc-bord des navires (bien que ces pages n'expliquent pas tout ; pour résumer - mais trevithick, qui a l'air de s'y connaître, pourrait en dire plus, ou en tout cas pourrait dire mieux -, il y a des règlements internationaux qui font qu'on ne doit pas charger un navire plus qu'il ne peut légalement et techniquement embarquer, et pour savoir s'il dépasse la norme, il y a des marques officielles sur les deux côtés de la coque qui permettent de savoir où l'on en est). Je signale juste que des bateaux avec de l'eau même jusqu'au ras du pont (donc, bien, bien enfoncés) flottent toujours (selon le bon vieux principe appelé "poussée d'Archimède"). Il est même arrivé des cas de bateaux flottant toujours, bien que devenus épaves enfoncées jusqu'aux yeux si j'ose dire, qu'on est obligé de bombarder (par des avions ou des bateaux de guerre) parce qu'ils n'arrivent pas à couler (!) et qu'ils en deviennent dangereux pour l'environnement ou la circulation des autres navires passant dans le coin (mais bon, là, ce sont des cas particuliers). Il y a aussi des cas de tankers (navires-citernes, qu'ils soient pleins de pétrole ou de cargaisons liquides diverses : vins, huiles, etc) tellement enfoncés dans l'eau, mais flottant toujours ("poussée d'Archimède") et continuant de naviguer normalement, qu'on les surnomme pour blaguer des "sous-marins", ce qui reflète bien l'impression qu'ils donnent.
Tout ceci est à relier à une image que vient de poster Fréric sur un nouveau topic (c'est pourquoi j'interviens maintenant au sujet du fameux "
surpoids" du cargo et de la prédiction d'un naufrage garanti du cargo à cause de ce "
surpoids"). Sur ce nouveau topic de l'album Menace sur Hong-Kong, intitulé "Quelques planches crayonnées façon Puzzle", Fréric a présenté une image au crayon d'une planche de ce B&M. Sauf erreur, c'est la planche 2, mais comme on sait, les planches ne sont pas numérotées, donc j'espère ne pas me tromper. L'image est celle où, bien avant d'appareiller, un des cargos est encore à quai ; le capitaine refuse à un moment d'embarquer une caisse de plus, sinon le bateau va couler (c'est une obsession...). La bulle du capitaine dit exactement : "
Encore une seule de vos maudites caisses, et on n'aura même plus besoin de tempête. On coulera avant d'avoir quitté le port."
Or, si on regarde bien les caisses en question, elles ne sont pas embarquées au moyen d'une grue parce que trop volumineuses et/ou trop lourdes : elles sont apportées à bord par des coolies qui les tiennent sur l'épaule ou entre les bras. De telles caisses pèsent donc 20 ou 30 kg maximum. Il faut donc comprendre que, si une caisse de plus est embarquée, le bateau coulerait dans le port ? Mais est-ce que le même capitaine sait qu'une seule aussière (une amarre, quoi), qui, à ce moment-là, relie encore son cargo à quai, pèse des centaines de kg ? Et qu'il va bien falloir rentrer les aussières à bord pour déborder du quai et partir ? Vu le nombre d'aussières, il va falloir embarquer quelques tonnes de matos en plus. Donc, le bateau va couler ! (selon la réflexion du capitaine ; pas dans la réalité, bien sûr). Est-ce qu'il sait, ce capitaine, que, pendant ces va-et-vient de coolies qui embarquent les caisses, il y a des gens qui sont sur le bateau (pour des raisons professionnelles et indispensables aux préparatifs d'un appareillage et d'un chargement) et qui vont ensuite débarquer parce qu'ils ne font pas partie du voyage ? Par exemple les coolies eux-mêmes, dont chacun pèse au bas mot 60 kg. Tous ces gens en plus représentent un surpoids de plusieurs centaines de kg au total qui, en comparaison d'une malheureuse caisse de 30 kg, devrait logiquement entraîner le naufrage du cargo dans l'instant. Sait-il que bientôt va embarquer un homme indispensable dans tous les ports du monde lors de l'appareillage d'un navire comme ça, qui s'appelle le pilote ? Ce pilote, qui s'installe à la passerelle, est chargé de guider tout navire hors du port ; une fois sorti du port, ce pilote débarque (dans une pilotine, un petit bateau prévu exprès pour ça) et revient à quai. Rien que le pilote pèse dans les 60 à 70 kg, voire plus avec ses vêtements.
Ce capitaine sait-il encore que, une fois en mer et étant donné qu'il y a une tempête formidable, le bateau va presque forcément recevoir des paquets de mer qui vont passer par-dessus le pont. Un seul paquet de mer peut peser des tonnes, et même plutôt des dizaines de tonnes, voire des centaines de tonnes... Voir par exemple ceci :
D'ailleurs, dans le bas de la même planche 2 de La vallée des Immortels, on voit une telle vague déferler sur le pont du cargo... Comme quoi, ça arrive, cette image est réaliste, la BD elle-même apporte de l'eau (c'est le cas de le dire) à mon moulin...
Alors, pour en revenir au capitaine, chipoter pour UNE caisse de 30 kg et faire croire que le cargo va couler à cause de ça...
Certes, on pourrait prendre la réflexion du capitaine lors de l'embarquement pour une exagération volontaire, une boutade, une plaisanterie, une façon pour lui de dire qu'il ne veut pas embarquer davantage de caisses. Difficile tout de même de leurrer tout le monde avec les arguments peu sérieux qu'il oppose, alors qu'il faut impérativement évacuer les trésors chinois. D'autant que ces arguments sont dans la même veine que la réflexion du capitaine (le capitaine d'un autre cargo) une fois en mer, quand il dit : "
Nous sommes en surpoids. Si nous réduisons la vitesse, c'est le naufrage assuré". La situation est cette fois dramatique, les marins sont au pied du mur, le cargo dans la tempête et sans recours, il n'est plus question de plaisanter mais il y a toujours cette idée que le bateau est en "
surpoids", ce qui, dans la BD, à une ou deux caisses près, ne rime, je pense l'avoir démontré, à rien.
Note au sujet de l'embarquement des caisses par des coolies venant les apporter à bord une par une, à pied, en empruntant une classique passerelle : je dirais que le plus simple, le plus pratique et le plus rapide pour l'embarquement, et le plus sécurisé pour la cargaison qui est, on l'a compris, précieuse, aurait été de faire des lots de caisses, placés à l'intérieur de plus grandes caisses genre conteneurs, lesquelles seraient embarquées au moyen des mâts de charge. Cela éviterait aux dockers dans la cale de devoir amarrer chaque petite caisse pour pas qu'elle ripe, et leur éviterait de constituer des entassements néfastes (les petites caisses du haut risquant fort, surtout dans la tempête, de bouger, de tomber et de se fracasser). Voir la photo ci-dessous, que j'ai choisie exprès car elle a été prise à peu près à l'époque de la BD et également dans un port d'Extrême-Orient :
