Centaur Club

L’exposition « Blake et Mortimer » à l’Abbaye Royale d’Epau est ouverte au public depuis le dimanche 25 novembre 2018 et jusqu’au 17 mars 2019.

Pour la personne qui se rend sur place, l’entrée est loin d’être secrète : une grande affiche rouge avec Blake et Mortimer vous accueille. Le chemin passe par la boutique où quelques goodies Blake et Mortimer sont vendus. Il y a des autocollants posés sur les fenêtres.

Le premier jour, avec un accès gratuit, une rencontre est organisée entre les auteurs Yves Sente, Teun Berserik et Peter Van Dongen et le public.

En attendant l'ouverture des portes prévues à 14h10, la librairie Bulle partenaire de l'exposition a organisé un lieu de vente des albums, des affiches et une digigraphie Blake et Mortimer.

La conférence est présentée par Véronique Rivron (1) et Samuel Chauvau (2), le tout rediffusé sur écran géant. Les auteurs s’installent dans des fauteuils club, devant la même affiche qu’à l’entrée, en compagnie d’un traducteur et de Daniel Couvreur (3) devant un ensemble de plus de 200 personnes.

Daniel Couvreur commence à raconter sommairement la vie d’Edgar P. Jacobs, en expliquant qu’il était chanteur d’opéra avant de commencer tardivement à faire de la bande dessinée. Une brève allusion à la fondation et à l’affaire des planches volées, puis les albums post Jacobs, avant de questionner les 3 auteurs.

Peter Van Dongen et Teun Berserik expliquent que l’éditeur Dargaud a demandé à Theo van den Boogaard de dessiner une planche test, qu’il a réalisée sans avoir vraiment envie de faire un Blake et Mortimer, mais qu’il a conseillé à Peter Van Dongen de faire acte de candidature. Ce dernier, a demandé à travailler en collaboration avec Teun Berserik.

Les deux dessinateurs confirment qu’ils ont fait chacun 27 des 54 planches de cet album, que tout ce qui est « technologique » a été assuré en majorité par Teun Berserik, mais que pour certaines planches Peter Van Dongen a dû en dessiner. Si les deux auteurs ne dévoilent pas lequel des deux a dessiné les planches, quelques petites allusions permettent de lever le voile sur ce mystère. Teun Berserik révèle ainsi que lorsqu’il a redessiné la case de la dernière planche du secret de l’espadon, il a utilisé la photographie qui a servi de documentation à E.P. Jacobs. Peter Van Dongen raconte qu’il en avait marre de dessiner les fenêtres de l’hôtel et qu’il a suggéré de placer les voiles d’un bateau devant, ce qui du coup donne de la profondeur au dessin. Yves Sente précise que la représentation graphique de Hong-Kong en 1950 est un tour de force de Peter Van Dongen qui s’est appuyé sur des documents que l’on retrouve uniquement là-bas. Parce qu’à l’époque, en Asie, des prêtres faisaient remonter les informations au Vatican, il a utilisé le personnage d’Odilon Verjus.

L’idée du scénario est une réponse à une question que se posait Yves Sente, mais que font Blake et Mortimer dans un Londres détruit avant de se rendre en Egypte ?

Daniel Couvreur fait remarquer qu’Edgar P. Jacobs a fait 8 aventures de Blake et Mortimer en 40 ans et qu’Yves Sente est à 7 histoires en 18 ans. Yves Sente répond qu’il n’est que scénariste et que ses dessinateurs travaillent vite, d’autant plus que dans le cas présent, ils sont deux !

Avant de clore,après 1h45 de conférence, le public a pu poser quelques questions aux auteurs. Une séance de signature est organisée inopinément sur l'estrade, et l’exposition dans le dortoir des moines est ouverte. Pour la première fois, sont réunis dans une exposition des planches, des crayonnés et des dessins de tous les dessinateurs de Blake et Mortimer : Edgar P. Jacobs, Bob de Moor, Ted Benoit, André Juillard, René Sterne, Chantal de Spiegeleer, Antoine Aubin, Etienne Schréder, Teun Berserik et Peter Van Dongen.

Le temps de tout regarder, de s'émerveiller d'un petit détail, d'une planche crayonné avec les lignes de fuite, la porte de sortie est franchi deux heures après l'entrée... et il fait nuit.