Il y a plus d’aventure de reprise que de chefs-d’œuvre d’Edgar-Pierre JACOBS. Et à chaque parution, le leitmotiv laconique, comme pour essayer de se justifier des auteurs : « On ne peut pas faire du JACOBS, mais on fait du Blake et Mortimer », et en parlant du respect des « codes jacobsiens ».
Edgar-Pierre JACOBS, c’est le créateur, le scénariste-dessinateur de Blake et Mortimer. Avant d’être lassé par la censure, les aventures de ses personnages sont mêlées de normalité, d’insolite, d’aventure, de science-fiction, d’anticipation avec un côté visionnaire et une part de mystère. Cela ne se cantonne pas qu’au genre policier. C’était inclassable.
Le regretté André Juillard, avait émis le souhait de dessiner une aventure aux Cornouailles, et de parler de la légende du roi Arthur. Yves Sente développe son scénario. Une pointe de l’actualité d’aujourd’hui transposé dans les années 1950, avec une pointe d'ésotérisme Arthurien.
La première planche de l’album est surprenante, magistrale.
Les cinquante suivantes sont bien trop calmes pour une histoire de Blake et Mortimer !
Le capitaine Blake enquête sur un groupe d’indépendantistes-terroristes qui milite pour l’indépendance des Cornouailles.
Le colonel Olrik devient une taupe et collabore avec le capitaine Blake pour obtenir sa libération.
Le professeur Mortimer a inventé une excavatrice ultra mobile, surnommé la taupe, qu’il doit aller tester aux Cornouailles. (Quel hasard !)
La taupe, l’excavatrice pas Olrik, a des commandes similaires à l’Espadon. Même si, elle a un design plus proche du Subglacior. D’ailleurs, Le colonel Olrik n’a jamais piloté l’Espadon, que cela soit dans « Le Secret de l’Espadon » ou dans « Le Dernier Espadon ».
Les dernières planches sont bien plus rythmées. Olrik qui sort par le trou d’une falaise fait penser à l’aventure d’Arsène Lupin : l’Aiguille creuse. Mais le clin d’œil est-il voulu ?
Le père Joseph est un très bel hommage graphique au curé que l'on aperçoit à la quarantième planche de « l'aventure immergée », aventure de Gil Jourdan, le personnage dessiné par Maurice Tillieux. Pour ceux qui en doute, le père Joseph, à la trente huitième planche, restaure aussi une statue de Saint Ives, et cite mots pour mots les paroles du curé.
Lorsque Mortimer aperçoit un paroissien qu'il suit dans un trou et qu'il ne reconnaît pas deux pages plus loin.
La dernière planche il y a deux subtils clins d’œils à « la Marque jaune ».
Comme nous ne pouvons plus parler de chronologie mais envisager un ordre de lecture, cette aventure fait suite au « Testament de William S. » puisqu'au début du récit, le colonel Olrik est incarcéré à la prison de Wandsworth.
Les auteurs de cette histoire, utilisent les mêmes subterfuges que dans les « Ric Hochet », pour que le lecteur n’identifie pas le « grand druide », le méchant de cette aventure. Un coup, il est masqué par un phylactère, tantôt il est hors champs, etc. Il est toutefois identifié rapidement par le lecteur, quand il interpelle le professeur Mortimer, l’inventeur de l’Espadon. L'exploitation du mythe Arthurien nous laisse sur notre faim. Il est a regretter que Blake et Mortimer soient devenus l'ombre d'eux-mêmes.