"La flèche ardente", ma chronique IZNEO (flashback)
Posté : 26 oct. 2025, 19:13
Fin mars 2023, ma chronique - et donc mon commentaire personnel et professionnel -
à propos de La flèche ardente était publiée sur le site IZNEO (achats, lectures et conseils BD en ligne)
pour lequel j'ai concocté un bon nombre de textes et de dossiers.
J'ai réalisé que j'avais oublié (!) de la poster aussi sur le Forum, la voici donc aujourd'hui.
(Un Thark-Flashback, en quelque sorte).
à propos de La flèche ardente était publiée sur le site IZNEO (achats, lectures et conseils BD en ligne)
pour lequel j'ai concocté un bon nombre de textes et de dossiers.
J'ai réalisé que j'avais oublié (!) de la poster aussi sur le Forum, la voici donc aujourd'hui.
(Un Thark-Flashback, en quelque sorte).
Pour le lancement éclatant du journal Tintin le 26 septembre 1946, Edgar P. Jacobs avait métamorphosé ses tout premiers héros de bande dessinée, créés trois ans plus tôt, afin d'élaborer dans l'urgence un impressionnant récit d'aventures et de science-fiction, sur des bases nouvelles et plus réalistes.
Ce qui aurait dû être le second épisode de son mythique Rayon ‘U’ de pure Fantasy est donc devenu Le Secret de l’Espadon... En même temps qu'un engin surpuissant et à jamais fascinant, un certain Blake et un certain Mortimer commençaient ainsi leur irrésistible ascension.
80 ans plus tard, entre hommage, ironie et nostalgie, Jean Van Hamme décide de revenir aux sources et se fait plaisir en imaginant une « suite » au Rayon 'U' de 1943-1944, cuisinée à sa sauce ; les dessinateurs Christian Cailleaux et Etienne Schréder l'ayant rejoint aux fourneaux avec plaisir.
Leur recette plaira-t-elle aux lectrices et lecteurs alléchés par cette extension éditoriale nommée ‘Avant Blake et Mortimer’ ?
Plus encore que pour son Dernier Espadon, le scénariste s’appuie sur de lointains souvenirs puisque les images fortes du Rayon ‘U’ dans le journal « Bravo ! » l’ont fasciné alors qu’il n’avait que cinq ans. En le redécouvrant une fois adulte avec la refonte en album réalisée au début des 70s, il le trouve « kitchissime »..., tout en savourant cette « atmosphère délicieuse issue des romans d’aventures qui ont enchanté [sa] jeunesse », comme il le déclare en interview.
La couverture et la galerie de portraits qui lancent cette Flèche Ardente annoncent la couleur : tous les héros de l’Odyssée inaugurale de Jacobs sont au générique, accompagnés par de nouvelles figures pittoresques incarnant à la fois le ton vintage et la touche de modernité souhaités par les auteurs.
C’est en rigolant tout seul devant ses pages de scénario que le vénérable renard a écrit ces aventures censées répondre à des questions irrésolues : aboutissement scientifique et destructeur du fameux Rayon ‘U’ par le professeur Marduk en Norlandie, invasion des Îles Noires par la puissance ennemie qui massacre une peuplade aussi énigmatique que leur divinité vengeresse, survie improbable du capitaine Dagon, péripéties romantiques modifiant le cours de l’histoire, etc...
Avec force clins d’œil ou emprunts au Piège Diabolique et à L’énigme de l’Atlantide (et bien sûr au Rayon ‘U’ déclencheur), les planches délivrent un patchwork référentiel, fantaisiste et coloré. Graphiquement, les cadrages sont habilement composés au sein d’un découpage fluide mais quelques postures et anatomies ainsi que certains décors ou engins auraient mérité plus de rigueur et de fidélité au style originel.
Le coloriste Bruno Tatti épaule avec soin les illustrateurs avec ses jolies teintes nuancées et organiques, mais sa palette ne fait pas totalement écho aux utilisations narratives de la couleur telles que Jacobs les concevait.
Sans jamais oublier la création riche, sincère et ‘U’nique d’Edgar P. Jacobs, vibrante d’une puissance artistique annonciatrice de chefs-d’œuvre, à chacun(e) de se faire son opinion.
Et que ceux qui dévoreront cet album avec l’appétit d’un féroce platéosaure verdâtre le sachent : on ne sait pas toujours s’il doit se lire au premier, au second ou au troisième degré...