Edgar P. Jacobs avait envisagé l’Énigme de l’Atlantide en deux parties, cela sera qu’en un seul album de 62 pages mais qui sera censuré deux fois !
En 1990, Philippe Biermé proposera une suite à « L'Énigme de l’Atlantide »; cette aventure titrée « Le Retour d’Icare », qui devait être la première aventure post jacobs, sera refusée par l'éditeur et le scénario sortira en un tirage confidentiel de 50 exemplaires.
Autour de l’Atlantide, devait aussi paraître un livre de François-Xavier Nèves, « L’ Atlantide d’E.P. Jacobs » dans la collection « Les archives Jacobs »... projet sans suite...
... Jusqu’en 2022, où un titre « Les Revenants du Doggerland » circule et que cette histoire sera une suite à "L’Énigme de l’Atlantide". Ce titre deviendra « La Menace Atlante », scénarisé par Yves Sente et dessinée par Peter Van Dongen, qui est donc en solo au dessin.
« La Menace Atlante » a la prétention d’être la suite à « L'Énigme de l’Atlantide ». Donc, quelques mois pendant l'année 1955, jusque là nous sommes raccord. En se basant, uniquement dans un premier temps, sur les albums du Corpus Jacobsien, le lecteur aperçoit, à la page 34, que dans la penderie d’Olrik, il y a les déguisements Monsieur Henri (S.O.S. Météores), Grossgrabenstein (Le Mystère de la Grande Pyramide), Luis (L'Énigme de l’Atlantide), l’album se situe, par déduction, après « S.O.S. Météores », donc après 1958, et avant le « Piège Diabolique ». A la première page, première case, le bâtiment au second plan est lui détruit en 1961 , pour être reconstruit en 1963. On resserre donc la datation entre fin 1958 et avant « Le Piège Diabolique » qui, lui, se passerait en début d’année 1960.
Ensuite, en intégrant les albums post Jacobs, à la page 34, dans le dressing des postiches, il y a la tenue du Major Humbletweed Rupert (Le Dernier Espadon), donc l’histoire se passe après « Le Dernier Espadon » et à la page 34 toujours, Olrik parle de « récentes bonnes affaires » en faisant allusion à « Signé Olrik » qui se passe en 1958 bien après « L'Énigme de l’Atlantide ». Donc, Blake et Mortimer pourraient expliquer comment Olrik s'en est sortit après après l’avoir croisé pendant 3 aventures après l’inondation de Poseidopolis.
Le capitaine Blake dit au début de l’album au professeur Mortimer : « Cela fait 3 semaines que mes obligations nous ont empêchés de nous voir. »
Et comment parler de chronologie quand une montre indique « 93:62 » ?
Quant à se baser uniquement sur un ordre de lecture, il vaut mieux lire cet album directement après « L'Énigme de l’Atlantide », en faisant abstraction de beaucoup de détails.
Au début de cette histoire, le physicien Mortimer est envoyé par le gouvernement en Écosse faire des relevés géothermiques et rédiger un rapport sur « l’approvisionnement du pays en énergie ».
Tiens, après l’avoir envoyé aux Cornouailles, le professeur aurait un nouvel hobby ?
Et pendant ce temps-là, le capitaine Blake enquête sur des corps découvert en mer du Nord.
Donc, voilà que dans les années 1950, des préoccupations écologiques des années 2000 font leur apparition pour faire science-fiction, ou à défaut anticipation .
Yves Sente cherche à dépoussiérer, dynamiser, re-cartographier pour actualiser cette série, au détriment du fantastique des intrigues.
Histoire de démontrer aux lecteurs que le scénariste maîtrise les « codes » et l’univers de Blake et Mortimer, il refait, comme dans l'album original, le coup de la traversée d’une forêt pour rejoindre la capitale et sauver le Basileus. Il remplacera le danger des plantes gigantesques par deux animaux monstrueux…
Peter Van Dongen nous a fait découvrir le travail de titan qu' est de dessiner un album de Blake et Mortimer. La version crayonnée de l’album parue en septembre 2025 nous le démontre d’ailleurs. Et, sur ce travail, il se retrouve seul puisque Teun Berserik opère en solo sur une autre aventure, « L’Héritier de l’Île Man ».
Dessiner un Blake et Mortimer, cela prend du temps. Peter Van Dongen a mis trois ans. Réaliser une suite "Directe" d'un album de Jacobs, c'est accepté une comparaison entre les deux albums.
Au premier regard, il y a de la recherche sur la composition et la mise en page des planches. Ce qui fait plaisir à découvrir et à lire. On notera qu'à la page 31 (planche 29) les vaisseaux s'envolent, mais le lecteur à l'impression qu'ils sont en train d'atterrir. Mais dans l'autre "sens", certains auraient sûrement crié au plagiat!
Peter Van Dongen veut se rapprocher du dessin de Jacobs. Il fait un travail remarquable, mais nous reconnaissons aisément "sa patte". Tout comme Bob de Moor, son capitaine Blake est identifiable.
Si au niveau scénario, cela fait longtemps que ce n’est plus du Jacobs, et que l’on s’éloigne de plus en plus de Blake et Mortimer, nous pouvons nous étonner qu’au niveau dessin, cela s’éloigne également de plus en plus du dessin d’Edgar P. Jacobs. Franquin disait que chaque case de Jacobs est un tableau. Seul, Antoine Aubin tire son épingle du jeu. Donc, pourquoi avec trois équipes sur cette série, il n’est pas possible de dessiner "à la manière de" Jacobs ?
Un autre éditeur y arrive bien, lui, avec Astérix, comme aussi Dargaud avec Lucky Luke.
Du coup, j’ai relu « L'Énigme de l’Atlantide », quelle aventure !






