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L'Affaire du collier"...
Malgré d'excellentes séquences et des personnages ambigüs, finement campés (Duranton en tête... ), malgré le rôle central d'Olrik, malgré un étonnant réalisme dans la documentation, ... je le situe un peu en-dessous des autres. A mon grand regret ! ^^
La faute à une première partie d'album très irrégulière et perturbante côté dessin. L'apport du "dessinateur-secret" (Gérald Forton) m'a toujours mis mal à l'aise. Comme l'écrit François Rivière : "
Les décors ne sont plus que des ombres de façades, l'encrage se fait plus nerveux mais moins cerné et, surtout, la physionomie des figurantes féminines témoigne ostensiblement de la personnalité de Forton, qui ne semble même pas chercher à imiter, de près ou de loin, l'essence du style jacobsien... D'emblée, les aficionados auront compris que le père de Blake et Mortimer a sacrifié sur l'autel du graphiquement correct ce qui a toujours fait jusque-là sa spécificité : l'inquiétante étrangeté."
D'autre part, même si l'histoire se lit avec grand plaisir (car Jacobs n'a pas pour autant perdu en route son immense talent de narrateur et son impressionnant sens du suspense), "L'affaire du collier" est pour moi une aventure... frileuse, assez tiède, voire convenue.
Là encore, je souscris en grande partie au point de vue de F. Rivière : "
L'évocation que [EPJ] fait, dans ses Mémoires, de ce que le récit aurait dû être s'avère d'autant plus cruelle a posteriori. Alors que Jacobs voulait flirter avec le contenu des plus macabres romans de Gaston Leroux, le voici qui cède à la peur du qu'en-dira-t-on et aux menaces de censure... "
Que ce soit graphiquement ou scénaristiquement, "
singeant avec une certaine maladresse les nouveaux codes - phylactères arrondis, onomatopées envahissantes - de ses jeunes confrères du journal Tintin."... [.../...] "Jacobs s'éloigne absurdement de tout ce qui faisait le charme un peu désuet de son Art et sa pérennité... "
L'absence totale de fantastique et de décalage expressionniste (dans lequels EPJ était pourtant passé maître) sont aussi extrèmement frustrants (... pour moi !).
Ca peut paraître un peu sévère, je sais.
Ceci dit, même s'il est pour moi le moins fascinant des albums de la série
made in EPJ... il n'empêche que
L'Affaire du collier a des tas de qualités qui le rendent quand même incontournable... Je le relis toujours avec beaucoup de plaisir, car la
Jacobs' Touch est quand même là, c'est indéniable...
Les angoisses du lâche Duranton... La façon dont Olrik le "torture"... La course poursuite dans Paris... Les catacombes, le repaire souterrain... "Gros Louis" plongé dans un journal Tintin avec l'Affaire du collier en couverture...
... Le square avec les chevaux de bois... ---> bref, de très bonnes choses qui parviennent à hisser cet album au-dessus de la plupart des Reprises...