Jacobs , l'artiste , l'esthète .
Re: Jacobs , l'artiste , l'esthète .
SOS météores cumule l'histoire excellente parfaitement contée et les dessins superbes, plus, dans l'édition du Lombard, des couleurs magnifiques au service de l'ambiance.
- Thark
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Re: Jacobs , l'artiste , l'esthète .
Thark a écrit : ↑11 sept. 2012, 17:55La Marque Jaune est pour moi (avec SOS Météores) le sommet de la période la plus forte de B&M, au point de vue du style et de l'expressionnisme jacobsien : ni vraiment ligne claire, ni vraiment picturale, mais un équilibre incroyable, un exercice de graphiste funambule qui parvient à tout traduire par son trait, ses compositions et ses éclairages, sans pour autant tomber dans un style de "reproduction photographique".
Sato est aussi un genre de sommet. (...) Mais là, il s'agit justement de ce réalisme pointu, élégant mais un peu photographique derrière lequel on "sent" les poses et les clichés faits et utilisés par Jacobs. Quelque part, il y a dans cet album une identité visuelle moins affirmée, un parti-pris plus académique... mais c'est fait avec un tel perfectionnisme...
Or, dans son bel essai sur le dessin et l'Art si subtil de la Bande Dessinée (cf mon précédent post), l'excellent auteur de BD Frank Pé en parle avec brio et cite justement E. P. Jacobs :
Frank Pé a écrit :
Académique. L'injure parisienne suprême ! Académisme qu'il ne faudrait pas confondre avec classicisme. Deux notions essentielles à redéfinir, car elles aident à comprendre le monde moderne.
(...)
Si l'académisme est haïssable, c'est que cela désigne une pratique artistique épuisée et refermée sur elle-même. Mais traiter d'académique tout ce qui ne plaît pas est un dérapage qu'il ne faudrait pas commettre.
(...)
[Le] classicisme, c'est un retour aux fondamentaux de l'art. Ce sont souvent des moments historiques où les artistes reviennent à l'essentiel, dégraissent le superflu et le faux, quand leurs aînés se sont perdus dans la futilité ou le périphérique.
A force d'être répété, un élément classique devient académique. Et à force de patiner, l'académisme devient art pompier. Le classicisme se construit de ses propres dogmes qui s'épuisent jusqu'à devenir académiques, vidés de sens.
Ainsi, en bande dessinée, Blake et Mortimer a longtemps été classique avant de devenir académique.
Si la question peut être présentée ainsi pour Jacobs himself - je partage à peu près ce même point de vue, plus nuancé néanmoins, car même dans sa période tardive considérée comme plus ou moins académique (L'affaire du collier et Les 3 formules du prof. Sato T01), ces opus conservent une part de singularité inimitable, des trouvailles mémorables, des ambiances marquantes, un investissement créatif et laborieux hors normes - ... ,
alors qu'en est-il du travail de certains repreneurs de Blake et Mortimer ?...