Centaur Club

27 février 1987, une semaine après la mort de Jacobs. C'était dans tous les journaux et mes parents ont décidé de me donner un livre. Sûrement très tôt pour un enfant, les dessins et les couleurs sublimes me ravissaient. Ensuite, j'ai découvert qu'ils étaient écrits dans une langue parfaite, très riches en mots et faisaient partie de mon éducation.

Moins de dix ans: les exemplaires B&M de mes frères aînés ont toujours traîné dans la maison parentale: la Grande Pyramide, L'Espadon, L'Atlantide, le Marque Jaune ...
Le premier conte qu'on m'a offert à moi était le Piège Diabolique. C'était tout juste à sa sortie en 1962. j'étais immédiatement captivé.
Jacobs m'a appris les mots français et expressions : "singulier" comme synonyme de bizarre, "un personnage falot"....
Même enfant, j'appréciais le language élevé de la série. Ce que j'appréciais le plus était ses scénarios "serrés" et l'art de conteur de EPJ: raconter non pas une mais trois histoires (pour ne pas dire quatre si l'on inclut les moments situés dans le présent) sur un nombre réduit de pages, c'est vraiment extraordinaire. Je sais que EPJ a eu des problèmes de censure soi-disant pour les "horreurs" dans le Piège, mais aucune de ces "horreurs" ne m'a traumatisé comme gosse de 10 ans. Par contre, je fus tout de suite fortement impressionné par l'angoise qui transpire dans les cases de l'arrivée dans la Cité Interdite de 5060...surtout celles dominées par la couleur verte. Il y a très particulièrement ces cases (page 26) où l'effet angoissant de la couleur verte est augmenté par la pulsation lointaine que Mortimer perçoit et croit être conséquence "de son jeûne prolongé".... Du tout grand art et du très grand suspense.