Ma bande originale du Secret de l'Espadon
Posté : 21 déc. 2014, 00:20
Le Secret de l'Espadon a toujours été l'épisode de la série qui m'a le plus fasciné ; il s'agit même de ma BD fétiche, ex aequo avec Tintin au Tibet (les altitudes himalayennes communes aux deux opus ne sont sans doute pas pour rien dans cette préférence).
Cette fascination s'explique en grande partie par le sentiment d'avoir affaire à un magistral "blockbuster de papier", d'une densité inégalée en scènes cultes. Depuis longtemps, je n'ai donc pu m'empêcher d'espérer voir un jour cet épisode passer au grand écran... Comme de nombreux autres fantasmes, celui-ci devra très probablement rester tel quel pour deux raisons :
- Seuls des réalisateurs-producteurs appartenant au haut du panier de Hollywood auraient les moyens d'adapter comme il se doit cette fresque épique. Or, la méconnaissance de la série, et de l'album en particulier, est patente dans ce milieu, contrairement aux aventures de Tintin qui ont su attirer l'attention d'un Spielberg.
- Surtout, dans le contexte actuel, l'extrême sensibilité du paysage géopolitique du Secret de l'Espadon (l'Occident contre l'Empire jaune) empêcherait sans doute de financer le projet. En effet, il est peu probable que les Etats-Unis soient enclins à éveiller la susceptibilité des Chinois comme ils ont pu s'autoriser à le faire avec les Iraniens à travers 300 de Zack Snyder, ou encore avec les Nord-Coréens à travers The Interview (les récentes péripéties de ce dernier film ne seraient d'ailleurs pas sans les y faire réfléchir à deux fois !). Par ailleurs, l'aspect pour le moins "daté" du péril jaune poserait sans doute problème vis-à-vis de l'opinion publique occidentale elle-même, qui pourrait nourrir des suspicions sur la volonté d'entretenir des préjugés frisant le racialisme. On pourrait certes imaginer une refonte moins manichéenne de l'aventure, on me dira que ça n'effraierait pas les scénaristes américains qui en ont vu d'autres, mais le fait même de s'inspirer de cet album pourrait être sujet à caution.
Quoi qu'il en soit, ce rêve ne me quittera probablement jamais. J'ai donc souvent été porté à imaginer ce à quoi pourrait ressembler une transposition dans les salles obscures. Passionné de musique, j'ai en particulier songé à des morceaux précis pour quelques scènes marquantes : ceux qui sont proposés ci-dessous sont ceux que j'ai jugés comme étant les plus convaincants. Je vous invite bien entendu à me dire ce que vous en pensez, ou même à donner votre propre bande originale !
L'incipit
L'une des grandes forces de l'album est de commencer par "traumatiser" le lecteur en le plongeant directement au moment de l'éclatement de la Troisième Guerre Mondiale. Je n'imagine pas que le film débute autrement, avec un premier plan séquence qui survolerait les sommets de l'Himalaya avant de déboucher sur le Lhassa futuriste de Jacobs... et ce, sur l'air de "Mars, the bringer of war" de Gustav Holst. Oui, je sais, il a déjà été servi à toutes les sauces dans les films hollywoodiens... mais serait-ce une raison de s'en priver alors qu'il est, pour le coup, complètement approprié ?
J'affectionne tout particulièrement la version qu'en ont donnée Emerson, Lake & Powell (qui remplaçait ponctuellement Palmer pour les connaisseurs) dans leur - méconnu et mésestimé - album de 1986. Le passage paroxystique qui débute à 4:49 pourrait être repris pour le raid mondial de l'armée jaune, ce qui permettrait de "filer" le thème.
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L'entrée en scène de Basam le Cruel
Le film pourrait s'attacher à présenter Basam Damdu de façon un peu moins fugace que ne le fait Jacobs, à travers une simple vignette. Pour une brève scène qui le verrait contempler depuis son palais les tout derniers préparatifs du raid mondial et prononcer des mots révélant à la fois sa mégalomanie et sa fureur, j'imagine spontanément le magnifique "Birds of Tilmun" d'Andreas Vollenweider. Un morceau propre à inspirer une crainte des plus noires chez le spectateur.
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La prise en chasse du blindé dans le désert
Quand le blindé de Blake & Mortimer est pris en chasse par l'aviation des Jaunes, "Valley of the Kings" de Steve Hackett permet à la fois de donner du rythme et de nous imprégner des paysages orientaux du Makran.
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L'assaut de l'Aile rouge
Le crescendo angoissant de "Dangerous curves", morceau signé King Crimson, irait comme un gant à l'assaut nocturne à haut risque de l'Aile rouge, jusqu'à son envol au nez et à la barbe d'Olrik. Le morceau paraît à ce point adapté qu'on peut entendre dans le cri situé à 3'00, celui du soldat jaune atteint par le poignard de Nasir.
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L'arrivée à Turbat
Depuis l'entrée en scène du Djammadar de Wad jusqu'à l'arrivée de Blake & Mortimer à Turbat, "Black lotus" de Sacred System nous détend un peu après de longues épreuve, tout en permettant d'illustrer sans fausse note l'espionnage du Bezendjas en arrière-plan.
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La capture de Mortimer
"The devil's triangle" de King Crimson (à nouveau) conviendrait particulièrement bien à l'angoissante capture de Mortimer sur la pyramide. A 2'16'', le projecteur s'allume avec une première montée de tension. A 3'46'', Mortimer est pris dans la lumière et essaie de s'en échapper en vain. Le thème se termine à 7'30 avec la capture de Mortimer, après une impression de fourmillement des Jaunes, bien traduite par la progression du morceau.
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La convocation d'Olrik à Lhassa
Si l'on coupe le passage disco kitchissime au milieu du morceau, "Prelude to the war" de Gino Vannelli est un excellent fond sonore pour la convocation d'Olrik à Lhassa, qui permet de traduire à la fois le stress qu'il occasionne chez lui et l'extrême solennité militaire qui jalonne son parcours jusqu'au palais, dans les décors grandiloquents de l'Empire jaune.
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L'évasion de Mortimer
S'il est bien une scène où le temps pèse lourdement sur les protagonistes, c'est celui de l'évasion de Mortimer. Et donc quoi de mieux que "Clocks" de Steve Hackett ? (Oui, encore lui, mais l'ex-guitariste de Genesis le vaut bien ! ) Ce thème a notamment le mérite de pouvoir s'adapter aux rebondissements de la scène à travers ses fragments successifs.
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La course-poursuite des scaphandriers
Une course-poursuite dans les eaux avec un espion qu'il faut à tout prix rattraper, des scaphandriers dont on ne peut distinguer le visage, un calmar géant... Une ambiance parfaite pour "Return to Tunguska" d'Alan Parsons & David Gilmour. Un morceau imaginé à la base pour ce territoire sibérien mystérieux, mais qui conviendrait aussi parfaitement à une ambiance aquatique "poisseuse".
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La bataille finale
Pour le déclenchement de la bataille finale, il nous faut un morceau à la fois dense, rythmé et traduisant une tension à son paroxysme : "The roots of coincidence" du Pat Metheny Group (jusqu'à 4'47'') a le profil parfait. Après les préparatifs, la fusée rouge est tirée à 1'00, l'arche du pont explose à 1'59''. Le solo de guitare qui suit peut être utilisé pour une scène de tension plus "sournoise" avec les soldats pris au piège du gaz.
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Le raid des Espadons sur Lhassa
La brièveté et l'intensité de "Pressure points", un morceau de bravoure signé Camel et son génial guitariste Andy Latimer, sont idoines pour le raid express mais cataclysmique mené par les Espadons. Son ton presque prophétique l'impose également au terme de l'aventure.
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Dans les décombres londoniens
Blake & Mortimer déambulent dans un Londres complètement défiguré. La scène se doit d'être émouvante et intimiste, tout en laissant entrevoir une note d'espoir : le splendide "Cluster one" de Pink Floyd est tout désigné.
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Cette fascination s'explique en grande partie par le sentiment d'avoir affaire à un magistral "blockbuster de papier", d'une densité inégalée en scènes cultes. Depuis longtemps, je n'ai donc pu m'empêcher d'espérer voir un jour cet épisode passer au grand écran... Comme de nombreux autres fantasmes, celui-ci devra très probablement rester tel quel pour deux raisons :
- Seuls des réalisateurs-producteurs appartenant au haut du panier de Hollywood auraient les moyens d'adapter comme il se doit cette fresque épique. Or, la méconnaissance de la série, et de l'album en particulier, est patente dans ce milieu, contrairement aux aventures de Tintin qui ont su attirer l'attention d'un Spielberg.
- Surtout, dans le contexte actuel, l'extrême sensibilité du paysage géopolitique du Secret de l'Espadon (l'Occident contre l'Empire jaune) empêcherait sans doute de financer le projet. En effet, il est peu probable que les Etats-Unis soient enclins à éveiller la susceptibilité des Chinois comme ils ont pu s'autoriser à le faire avec les Iraniens à travers 300 de Zack Snyder, ou encore avec les Nord-Coréens à travers The Interview (les récentes péripéties de ce dernier film ne seraient d'ailleurs pas sans les y faire réfléchir à deux fois !). Par ailleurs, l'aspect pour le moins "daté" du péril jaune poserait sans doute problème vis-à-vis de l'opinion publique occidentale elle-même, qui pourrait nourrir des suspicions sur la volonté d'entretenir des préjugés frisant le racialisme. On pourrait certes imaginer une refonte moins manichéenne de l'aventure, on me dira que ça n'effraierait pas les scénaristes américains qui en ont vu d'autres, mais le fait même de s'inspirer de cet album pourrait être sujet à caution.
Quoi qu'il en soit, ce rêve ne me quittera probablement jamais. J'ai donc souvent été porté à imaginer ce à quoi pourrait ressembler une transposition dans les salles obscures. Passionné de musique, j'ai en particulier songé à des morceaux précis pour quelques scènes marquantes : ceux qui sont proposés ci-dessous sont ceux que j'ai jugés comme étant les plus convaincants. Je vous invite bien entendu à me dire ce que vous en pensez, ou même à donner votre propre bande originale !
L'incipit
L'une des grandes forces de l'album est de commencer par "traumatiser" le lecteur en le plongeant directement au moment de l'éclatement de la Troisième Guerre Mondiale. Je n'imagine pas que le film débute autrement, avec un premier plan séquence qui survolerait les sommets de l'Himalaya avant de déboucher sur le Lhassa futuriste de Jacobs... et ce, sur l'air de "Mars, the bringer of war" de Gustav Holst. Oui, je sais, il a déjà été servi à toutes les sauces dans les films hollywoodiens... mais serait-ce une raison de s'en priver alors qu'il est, pour le coup, complètement approprié ?
J'affectionne tout particulièrement la version qu'en ont donnée Emerson, Lake & Powell (qui remplaçait ponctuellement Palmer pour les connaisseurs) dans leur - méconnu et mésestimé - album de 1986. Le passage paroxystique qui débute à 4:49 pourrait être repris pour le raid mondial de l'armée jaune, ce qui permettrait de "filer" le thème.
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L'entrée en scène de Basam le Cruel
Le film pourrait s'attacher à présenter Basam Damdu de façon un peu moins fugace que ne le fait Jacobs, à travers une simple vignette. Pour une brève scène qui le verrait contempler depuis son palais les tout derniers préparatifs du raid mondial et prononcer des mots révélant à la fois sa mégalomanie et sa fureur, j'imagine spontanément le magnifique "Birds of Tilmun" d'Andreas Vollenweider. Un morceau propre à inspirer une crainte des plus noires chez le spectateur.
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La prise en chasse du blindé dans le désert
Quand le blindé de Blake & Mortimer est pris en chasse par l'aviation des Jaunes, "Valley of the Kings" de Steve Hackett permet à la fois de donner du rythme et de nous imprégner des paysages orientaux du Makran.
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L'assaut de l'Aile rouge
Le crescendo angoissant de "Dangerous curves", morceau signé King Crimson, irait comme un gant à l'assaut nocturne à haut risque de l'Aile rouge, jusqu'à son envol au nez et à la barbe d'Olrik. Le morceau paraît à ce point adapté qu'on peut entendre dans le cri situé à 3'00, celui du soldat jaune atteint par le poignard de Nasir.
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L'arrivée à Turbat
Depuis l'entrée en scène du Djammadar de Wad jusqu'à l'arrivée de Blake & Mortimer à Turbat, "Black lotus" de Sacred System nous détend un peu après de longues épreuve, tout en permettant d'illustrer sans fausse note l'espionnage du Bezendjas en arrière-plan.
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La capture de Mortimer
"The devil's triangle" de King Crimson (à nouveau) conviendrait particulièrement bien à l'angoissante capture de Mortimer sur la pyramide. A 2'16'', le projecteur s'allume avec une première montée de tension. A 3'46'', Mortimer est pris dans la lumière et essaie de s'en échapper en vain. Le thème se termine à 7'30 avec la capture de Mortimer, après une impression de fourmillement des Jaunes, bien traduite par la progression du morceau.
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La convocation d'Olrik à Lhassa
Si l'on coupe le passage disco kitchissime au milieu du morceau, "Prelude to the war" de Gino Vannelli est un excellent fond sonore pour la convocation d'Olrik à Lhassa, qui permet de traduire à la fois le stress qu'il occasionne chez lui et l'extrême solennité militaire qui jalonne son parcours jusqu'au palais, dans les décors grandiloquents de l'Empire jaune.
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L'évasion de Mortimer
S'il est bien une scène où le temps pèse lourdement sur les protagonistes, c'est celui de l'évasion de Mortimer. Et donc quoi de mieux que "Clocks" de Steve Hackett ? (Oui, encore lui, mais l'ex-guitariste de Genesis le vaut bien ! ) Ce thème a notamment le mérite de pouvoir s'adapter aux rebondissements de la scène à travers ses fragments successifs.
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La course-poursuite des scaphandriers
Une course-poursuite dans les eaux avec un espion qu'il faut à tout prix rattraper, des scaphandriers dont on ne peut distinguer le visage, un calmar géant... Une ambiance parfaite pour "Return to Tunguska" d'Alan Parsons & David Gilmour. Un morceau imaginé à la base pour ce territoire sibérien mystérieux, mais qui conviendrait aussi parfaitement à une ambiance aquatique "poisseuse".
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La bataille finale
Pour le déclenchement de la bataille finale, il nous faut un morceau à la fois dense, rythmé et traduisant une tension à son paroxysme : "The roots of coincidence" du Pat Metheny Group (jusqu'à 4'47'') a le profil parfait. Après les préparatifs, la fusée rouge est tirée à 1'00, l'arche du pont explose à 1'59''. Le solo de guitare qui suit peut être utilisé pour une scène de tension plus "sournoise" avec les soldats pris au piège du gaz.
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Le raid des Espadons sur Lhassa
La brièveté et l'intensité de "Pressure points", un morceau de bravoure signé Camel et son génial guitariste Andy Latimer, sont idoines pour le raid express mais cataclysmique mené par les Espadons. Son ton presque prophétique l'impose également au terme de l'aventure.
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Dans les décombres londoniens
Blake & Mortimer déambulent dans un Londres complètement défiguré. La scène se doit d'être émouvante et intimiste, tout en laissant entrevoir une note d'espoir : le splendide "Cluster one" de Pink Floyd est tout désigné.
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