Entretien entre EP. Jacobs et JP. Tisson du 28 mars 1982

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freric
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Entretien entre EP. Jacobs et JP. Tisson du 28 mars 1982

Message par freric »

Retranscription de l'entretien entre Jean-Pierre Tison et Edgar Pierre Jacobs du 28 mars 1982

(Photos à venir)

BIOGRAPHIC Pocket N°04
Spécial Edgar-Pierre JACOBS

Interview de Edgar-Pierre Jacobs
Cette interview a été réalisée au Grand Palais, à Paris, le 27 mars 1982. Elle est passée sur RTL Radio le dimanche 28 mars 1982 au cours du journal de Jean-Pierre Tison.
L’interview est divisée en deux parties, en premier lieu, une présentation de Edgar-Pierre Jacobs par Jean-Pierre Tison et ensuite, l’entretien proprement dit.

JPT – La foire du livre au Grand palais, recevait hier soir la visite d’Edgar P. Jacobs qui présentait son dernier livre :
« Un Opéra de Papier » chez Gallimard.


Il s’agit de mémoires. Edgar P. Jacobs a 78 ans et c’est un des maîtres de la bande dessinée unanimement respecté.

C’est lui qui a créé en 1946 « Blake et Mortimer » dont les aventures se sont intitulées :
« Le Mystère de la Grande Pyramide », « La Marque Jaune », « Le Secret de l’Espadon », « Les Trois Formules du Professeur Sato », etc…

Monsieur Jacobs n’est venu que très tard à la bande dessinée, il avait 40 ans, et uniquement parce qu’il ne pouvait plus exercer son métier qui était celui de chanteur d’opéra, d’où le titre de ses souvenirs : « Un opéra de papier ».

Le baryton Jacobs a incarné Scarpia dans la Tosca, Lescaut dans Manon et cent autres héros du Bel Canto à l’Opéra de Lille, avant qu’un vague de chômage ne submerge les professionnels du lyrique. Edgar P. Jacobs est donc rentré dans son pays natal, la Belgique, et il a tâté du dessin pour lequel il était extrêmement doué. Cela l’a amené à rencontrer Hergé. Tintin et son auteur étaient déjà célébricimes mais Edgar P. Jacobs ignorait jusqu’à leurs noms. Il nous le raconte :

EPJ. – J’ignorais tout de la bande dessinée. Oh, je crois même que ce mot « bande dessinée » n’existait pas. On disait « des histoires dessinées », « des histoires en images »…

JPT. – Et vous vous êtes tout de suite très bien entendu avec lui ?

EPJ. – Oui, parce que nous avions une façon commune de voir les choses, avec un certain humour, avec le clin d’œil qu’il fallait. Et puis nous étions tous les deux très difficiles au point de vue technique, enfin. Ça fait que ça a marché, ça a marché très bien.

JPT – ET puis, il vous a fait figurer dans un des sarcophages des « Cigares du pharaon ».

EPJ. – Oui, il m’a réservé un sarcophage d’honneur dans la couverture du « Cigares du Pharaon », avec « Edgar Jacobini », quelque chose comme ça, c’est assez marrant.

JPT. - -Un des personnages les plus célèbre de Hergé est justement une cantatrice : La Castafiore.

EPJ. – Ha, ha…

JPT – Vous avez donné votre avis ?

EPJ – Oh non ! Je n’aurais jamais donné mon consentement pour ça. Non, je ne saurais pas faire ça. Je ferais volontiers quelque chose au théâtre, à l’opéra. Ca m’amuserait même beaucoup. Mais pas dans le sens de la Castafiore. Non, non ! Et puis, ce genre de chanteuses, ou de chanteurs, a disparu. C’est vraiment la « charge », enfin ! Moi, ça ne m’amuserait pas. Et alors, notez bien qu’à cette époque-là, j’étais chez lui et j’ai fait le félon, j’ai fait le traitre. Je lui ai écrit la notation de la musique de « l’air des Bijoux ». Donc, je suis complice, enfin, en partie mais sans partager sa façon de voir.

JPT. – Parmi les 10 albums de « Blake et Mortimer » que vous avez fait, lequel a eu le plus de succès ?

EPJ. – Oh, celui qui a ramassé directement, qui a fait le grand « Boum », ça c’est « La Marque Jaune ». A ce moment-là, ça a été époustouflant. Les marques jaunes fleurissaient sur tous les bâtiments et dans tous les coins…

JPT. – A l’époque, le mot même, l’expression « bande dessinée » n’existait pas. Alors, seconde surprise dans votre vie, j’imagine, c’est le développement extraordinaire, l’extension de la bande dessinée. C’est devenu la « BD » même.

EPJ. – C’est devenu la « BD » oui ! Puis, c’est devenu un moyen d’information, d’expression…
Qui est accepté maintenant, mais à cette époque-là, on était très mal vu par tous les enseignants, par tous les intellectuels. On trouvait ça vraiment une lecture de sous-développés. Vous savez, c’était très dur à cette époque ! Plus une censure incroyable, je dirais presque une auto-censure au départ déjà, pour la moindre petite incartade, si on peut appeler cela incartade, vous étiez directement censuré.
C’était ou trop sexy, or dieu sait si mes histoires ne le sont pas, ou bien trop violent. J’étais arrêté à tous propos. Toutes mes histoires, même celle qui a eu le plus de succès, qui était donc « La Marque Jaune », a failli être arrêtée avant la fin parce qu’on la trouvait, je ne sais pas, inquiétante, c’est-à-dire qu’il y avait des sortes de lavages de cerveaux des histoires comme ça. Ça fait que Dargaud lui-même avait dit que si on n’en était pas à six planches de la fin, on cesserait l’histoire.

« Un opéra de Papier, ou les mémoires de Blake & Mortimer » est publié chez Gallimard.

INTERVIEW INÉDITE DE EDGAR-PIERRE JACOBS

Peut être rêvez-vous de posséder un dessin inédit de E.P. Jacobs, ou de lui écrire une lettre. Biographic Pocket ne reculant devant aucun sacrifice vous offre tout cela :

En effet, Monsieur Jacobs a accepté de répondre à trois questions que nous lui avions posées :

- Où en est l’aventure devenue mythique de « Mortimer contre Mortimer » ?

- Figurez-vous, comme c’est le cas dans certains albums d’Hergé, dans vos propres histoires ?

- De nombreux lecteurs rêvent de posséder un jour un de vos albums dédicacés. Vous accordez volontiers ces dédicaces, mais les accompagnez-vous parfois d’un petit dessin comme vos confrères ?

Il ne vous reste plus qu’à lire ses réponses à la page suivant. Nous reproduisons sur cette page la réponse de Monsieur Jacobs dès que nous l’avons reçue.

Réponse à vos questions :

- « Mortimer contre Mortimer » No comment.
- Je ne figure dans aucun dessin. Par-contre ma femme figure dans la « Marque Jaune » et « S.O.S. Météores ».
- Je ne fais jamais aucun « petit dessin »

Espérant avoir répondu à l’essentiel de vos questions, croyez Cher Monsieur, en l’expression de mes bien cordiaux sentiments.

E.P. Jacobs
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archibald
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Re: Entretien entre EP. Jacobs et JP. Tisson du 28 mars 1982

Message par archibald »

Merci Fred!
Je retiens qu l'ami Edgar ne fait jamais aucun petit dessin. En effet il n'en fait que des grands... :D
Well then, Legitimate Edgar, I must have your land.
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