Thark a écrit :Yeah !
Super bien vu, Gadjo !
Je suis totalement d'accord avec toi sur "
Les chevaliers de Königsfeld", qui est d'ailleurs un des tout 1ers que j'ai découvert
et l'un des rares que je relis assez souvent !...
J'y adore aussi les superbes cases de la traversée en voiture des landes sinistres et désolées qui entourent le château, dans un épais brouillard... La scène de l'orage apocalyptique (avec un savant jeu d'ombres chinoises) pendant laquelle un autre pilote disparait mystérieusement... La sortie nocturne angoissante de Vaillant et Warson dans les couloirs du château, confrontés soudain, dans la clarté de la lune, à une apparition fantômatique s'éloignant dans le vent au milieu des arbustes morts, etc...
Dans cet album, même sur le circuit du Nürburgring, Graton a su générer des ambiances lourdes et pesantes, à l'instar d'EPJ... Les ciels plombés, le climat orageux, rappellent certaines séquences de B & M...
Tout à fait, il y a une excellente ambiance de mystère dans cet album, avec un petit côté fantastique (la météo, la nature, le château menaçant dans le brouillard, les orages, les apparitions du chevalier) que je trouve vraiment excellent.
J'aime aussi beaucoup la scène où les 2 silhouettes apparaissent entre 2 cases dans le château endormi la première nuit, puis la dalle murale qui s'ouvre et ce type en costume de chevalier apparaît, dégaine son épée et annonce qu'ils vont se venger. (De qui ? De quoi ? Qui sont- ils ? On ne voit aucun visage) Du vrai Fantomas !
C'est aussi un des rares album de la série que je relis de temps en temps
(De ce point de vue, "Le retour de Steve Warson" que j'évoque plus haut est aussi une vraie réussite : tu ne l'as pas lu, Gadjo ? Et "Cauchemar", avec ses superbes décors "lunaires", ou encore l'errance nocturne du héros épuisé, perdu en plein milieu des marais de Camargue ?).
Du coup, j'ai relu
Le retour de Steve Warson et
Cauchemar hier
ça devait bien faire 10 ou 15 ans que je n'avais pas lu ces albums... je ne m'en souvenais pas du tout
Effectivement, les scènes de nuit sur le port d'Amsterdam dans
Le retour de Steve Warson, l'ambiance plutôt glauque, c'est assez Jacobsien
La 1ère apparition de Warson et sa fuite sur 2 pages sans dialogues est très bonne, c'est du polar noir. Le bar enfumé avec les marins ivres est assez bien rendu aussi.
Mais je trouve que Graton ne pousse pas toujours assez cet aspect, le dessin reste souvent trop propre, trop lisse, trop précis presque. trop naturaliste en fait.
Jacobs suggérait les grues des docks et les hangars sous forme de silhouettes dans le brouillard, Graton représente le moindre détail. Les façades en brique des hangars sont parfaites, aucune pierre n'est de travers, ça a l'air trop neuf, on ne sent pas toujours assez l'humidité suinter des pierres... Tout ça minimise l'impact et gomme l'aspect menaçant que pourrait avoir le décor, je trouve, comme si Graton se retenait. L'ambiance est assez déprimante mais pas vraiment angoissante
Par contre, Les ciels noirs hachurés avec des façades + sommaires (p 18), les ciels gris avec des nuages bas (p 33-34), la scène où ils le jettent à l'eau (p 26) aussi tout en ombres chinoises sont très réussis.
ça reste donc selon moi graphiquement un peu trop sage dans l'ensemble mais c'est effectivement assez étonnant pour du Michel Vaillant, surtout compte tenu de l'époque et du lectorat de la série (on est très loin de la course automobile).
Un assez bon album même s'il y a pas mal de longueurs et que le scénario n'est pas aussi bon que le début le laissait croire,
je ne regrette pas de l'avoir relu, merci
J'ai moins aimé
Cauchemar...
Les décors lunaires du début ne m'ont pas spécialement emballés. C'est techniquement bien dessiné mais je n'ai pas trouvé qu'une ambiance particulière se dégageait de cette séquence. Il est sur la lune (ou pas
), il fait sa mission, OK. Il n'y a pas vraiment de tension avant sa disparition subite...
NB : quand il se souvient de son enlèvement à son réveil (page 11), les 3 cases où ils se revoit dans son cockpit sont très
Piège diabolique je trouve
Les dessins d'ambiance quand il fuit dans la Camargue sous l'orage sont plutôt bons mais il manque le petit quelque chose qui... je ne sais pas trop comment dire... c'est bien mais ce n'est pas aussi spectaculaire ou angoissant que ça a aurait pu l'être je trouve. Est-ce que ça vient de la mise en scène (il s'est visiblement basé sur des photos pour les décors), du découpage, de la raideur du personnage ?
L'image en climax de la séquence avec le crâne de taureau sur le poteau qui apparaît dans un éclair aurait mérité une composition différente à mon humble avis pour que ce crâne impressionne + le lecteur.
Là, Vaillant et le crâne sont sur le même plan vu à hauteur d'homme. C'est assez plat. Ce même crâne est presque + impressionnant page 32 (et puis le geste de surprise du héros est décidément trop raide...)
En fait, le traitement graphique de ces séquences me fait finalement moins penser à Jacobs qu'à Ric Hochet pour les décors d'Amsterdam et à Jijé pour la Camargue. On dirait que Graton hésite trop souvent à se lâcher et oscille entre plusieurs inspirations et parti-pris graphiques sans vraiment choisir... (il y a même une vue du port d'Amsterdam qui m'a fait furieusement penser à un dessin de Hermann...)
"
Le fantôme des 24 heures", oui, pas mal... (Graton himself me l'a d'ailleurs dédicacé
), avec de belles séquences à suspense dans les gradins vides... Mais je trouve le scénario trop simpliste, pour le coup. (Il faut dire qu'en passant de 62 à 44 planches, les albums ont perdu en richesse narrative, par la force des choses).
Dans mon souvenir, les 15 ou 20 premières pages sont très bonnes avec cette séquence dans les gradins en apothéose mais après, ça s'étiole et le soufflet retombe...
C'est assez souvent le cas chez Graton finalement. Il a une (bonne) idée de départ mais il donne l'impression de ne pas bien savoir comment finir son histoire et ça donne assez souvent un résultat trop simpliste et une fin bâclée.... La série reste surtout intéressante maintenant comme une référence documentaire sur le sport auto d'une époque (enfin, de plusieurs, des 50s aux 80s).
Là encore,
Les chevaliers de Königsfeld se distingue car il y a selon moi un vrai bon scénario, des scènes vraiment marquantes et une histoire maitrisée de bout en bout.