La réponse à ta dernière question est connue, et a déjà été développée sur le forum Aéroplanète. Et aussi sur mon site jmcharlier.com
C'est parce que Victor Hubinon est tombé malade et a dû être remplacé au pied levé (si on peut dire...) par un dessinateur de l'équipe du journal Pilote qui avait déjà bossé avec Charlier (en particulier sur des travaux d'aviation : voir sur mon site la BD peu connue que Charlier et ce dessinateur, Claude Pascal, ont réalisée peu auparavant dans la revue d'aviation Air & Cosmos, Les Quatre hommes de l'air et du cosmos :
http://www.jmcharlier.com/quatre_hommes.php ). Dans le même temps, Hubinon réalisait pour Pilote son autre série avec Charlier, Barbe-Rouge, et là, il a été remplacé par son ami Eddy Paape puis par Jijé (pour ça, vois à une autre page de mon site :
http://www.jmcharlier.com/barbe_rouge.php ; lis ce que j'en dis au paragraphe de l'album Le Pirate sans visage ; cet album est donc dessiné par trois dessinateurs successivement, Hubinon le commençant et le finissant, la partie centrale étant dessinée par Paape puis Jijé...).
Tu vois un peu le "jeu de chaises musicales" que Charlier a dû opérer en catastrophe pour rétablir la situation et permettre que les deux hebdomadaires rivaux, Pilote et Spirou, puissent continuer normalement de publier les deux séries, sans interruption...
Victor Hubinon avait des problèmes de santé et s'est arrêté de dessiner plusieurs fois au cours du dernier tiers de sa vie, dont au moins une fois en raison d'un séjour à l'hôpital. Je crois pouvoir dire que Charlier avait financé lui-même pas mal de soins pour son copain. Un autre mauvais moment pour Hubinon se ressent dans un passage de l'épisode de Barbe-Rouge Le Vaisseau de l'enfer et dans un passage de l'épisode de Buck Danny Le Pilote au masque de cuir, qu'il dessinait en parallèle : ce dessin, dans les deux passages en question, est tremblotant, moins affirmé (c'est Hubinon lui-même qui m'avait appris qu'il était tombé malade durant cette période).
C'est pour dire aussi que pour "tenir" à bout de bras des séries aussi fortes et importantes que Buck Danny et Barbe-Rouge (pour ne citer que celles-là), il fallait à Charlier non seulement le don de la narration et un talent créatif, mais aussi une grande persévérance, de l'agilité pour retomber sur ses pieds après chaque pépin, un bon carnet d'adresses, etc. ainsi qu'une santé de fer (ce n'est que sur la fin de sa vie que Charlier a vu sa santé décliner et qu'il se bourrait de médicaments à chaque repas ; mais avant ça, jamais malade ! Charlier était une vraie "machine", une locomotive lancée à toute vapeur, et il fallait pouvoir le suivre... Il a raconté, ou des témoins ont raconté, que quand il était sur un travail prenant, il pouvait y passer des jours et des nuits sans dormir, comme quand il préparait le montage de ses documentaires télévisés).