À la lecture de cette remarque, j’ai pensé qu’effectivement les auteurs allaient encore tomber dans le même travers que beaucoup des albums précédents. Je me suis alors demandé pourquoi.
Le secret de l’espadon est indéniablement un récit très porteur d’imagination. Le caractère uchronique n’est pas un problème pour les repreneurs qui s’en fiche totalement. Quelles sont leurs autres options ? Nous avons les histoires policières et d’espionnages, l’aventure, l’archéologie, la science-fiction…
Ça n’ait donc pas le manque de possibilité le problème.
Je me suis alors posé la question, si je devais écrire un scénario de Blake et Mortimer ? Dans l’esprit Jacobs, bien entendu. Dans ma quête légèrement avortée sur les registres des aventures de Blake et Mortimer https://www.centaurclub.com/forum/view ... 987#p62987
Il m’a semblé que la science-fiction – et ses ramifications – était davantage au centre de l’imaginaire Jacobsien.
[Les nouveaux récits hors espadon :
L’onde Septimus/Moloch ; l’étrange rendez-vous, les sarcophages et huit heures sont inscrits dans ce registre.
Jacobs 5 fois sur 8 <> 4 fois sur 12 pour les reprises (ce passage peu laissé place à pinaillage)]
C’est donc, il me semble, vers ce genre de récit que devrait se tourner un nouveau scénario. Jacobs a traité les principaux thèmes du merveilleux scientifique : voyage dans le temps, surhomme, progrès scientifique, la météo, la robotique, la manipulation de l’intelligence (cela dans le cadre handicapant d’une série).
En faisant le point sur l’évolution de la science dans la période 50-70 au moment Jacobs écrit, on peut remarquer début de l’ADN, l’énergie atomique, l’exploration de l’espace et de la Lune.
Les fans de Blake et Mortimer savent l’intérêt que Jacobs portait aux revues scientifiques de son temps. Il savait où en été la science. Il a fait des choix tournés vers les possibilités de divertir.
Arrivée à cette phase de mon raisonnement, un point s’est fait jour. Jacobs baignait dans l’air de son temps. Son but était de divertir et d’émerveiller son lecteur et pour cela il devait aller sur des chemins susceptibles de l’étonner.
Or en se cantonnant au passé, à la période 50-70, la probabilité de surprendre réellement le lecteur est réduite d’autant du fait qu’il sait déjà ce que le passé a pu apporter de scientifique.
L’erreur inhérente des reprises c’est de rester dans ce passé.
Blake et Mortimer auraient dû continuer s’intéresser, à vivre avec leur époque (le présent).
À l’heure où notre planète est menacée, où les guerres se multiplient, où de nouvelles épidémies apparaissent, où l’on projette d’aller polluer Mars, Blake et Mortimer seraient sans doute plus à même de nous surprendre. Ils n’auraient même pas à sacrifier à l’instar de Tintin leurs knickerbockers pour continuer comme avant (peut-être Blake pourrait-il monter en grade). Ils devraient continuer comme des héros immortels.