Peint après une commande du gouvernement républicain espagnol et exposé pour la première fois à Paris lors de l'Exposition universelle de 1937, Guernica a fait un tour d'Europe jusqu'à la victoire de Franco en 1939. A ce moment-là, Picasso décide de l'envoyer aux Etats-Unis pour y récolter des fonds à l'attention des réfugiés espagnols. L'oeuvre fera cependant quelques excursions au Brésil et en Europe dans les années 50, avant que la décision ne soit prise de le laisser au Museum of Modern Art de New York à partir de 1958. Elle y restera jusqu'en 1981, alors que Franco est mort depuis 6 ans et que l'Espagne s'est dotée de nouvelles institutions. Guernica est d'abord exposé au Musée du Prado, avant d'être transféré en 1992 au Museo Reina Sofia. Picasso, mort en 1973, avait fixé plusieurs conditions à son retour en Espagne, à savoir la restauration de la République, des libertés publiques et d'institutions démocratiques.
En 1960, au moment où Jacobs commence à publier Le Piège diabolique, Guernica est donc exposé à New York. Focas apprend à Mortimer que la Cité a été détruite en 2075 (planche 34). Jacobs a-t-il donc imaginé que Guernica a été transférée à Paris dans le futur qu'il imagine ? Ou bien s'agit-il peut-être d'une simple reproduction. En tout cas, le tableau est parfaitement choisi pour se fondre dans l'ambiance angoissante de cette Cité interdite qui garde la trace de la guerre atomique ayant ravagé la France et le monde au 21ème siècle. On peut même y voir une confirmation de la condamnation de la guerre qui transparaît dans l'oeuvre de Jacobs (voir le dossier sur l'apocalypse et la société humaine dans Blake & Mortimer).
