Re: Nouvelle sur et autour de La Roche-Guyon
Posté : 04 févr. 2020, 20:19
Chapitre XVIII – La source
Genoffa avait retrouvé son sofa, son chat et son désespoir. Elle ne savait plus où elle en était, entre le garçon charmant et l’espion ; entre la vérité et ses conséquences.
- De toute façon, il ne me reste pas de preuves et nous n’avons rien trouvé au lycée. J’ai besoin de me détendre, de penser à autre chose.
Elle se servit une tasse de thé, brancha son ordinateur et appela son chat. Celui-ci sauta sur les genoux de sa maîtresse, ronronnant sous les caresses, qui, outre le bien-être qu’elles lui procuraient, indiquaient qu’on se souvenait de sa présence et qu’on allait peut-être enfin penser à sa pâtée.
Sur son ordinateur, Genoffa fit défiler les clichés pris dans le lycée. C’était exactement ce qu’elle avait besoin de voir, des œuvres naïves et attendrissantes, pleines de couleurs et de joie. Certaines la firent rire, d’autres l’étonnèrent. Mais l’une d’elle sembla heurter l’harmonie de l’ensemble. Genoffa revint dessus, c’était une sorte de mosaïque ou plutôt de bas relief sans aucune couleur. Son tracé était infantile mais son sujet ne l’était certainement pas.
- Uxellodunum !!! Ca ne peut être que ça ! Comment un enfant a-t-il pu s’intéresser à un événement aussi sordide ? Et pourquoi justement dans ce lycée ? A moins que…
Un miaulement strident se fit entendre quand Genoffa bondit pour récupérer un papier dans son sac. Elle avait fait une photocopie du dessin trouvé dans le bunker...
- Le petit Mike… Il a emprunté un livre de son père pour l’école, peut-être a-t-il pris d’autres documents ? Peut-être qu’une de ces pièces faisait état du lien Alésia-Uxellodunum ?
Dans un coin, un chat effrayé vit la maison s’agiter et sa pâtée compromise. Genoffa installa ordinateur et imprimante sur sa table de salon puis courut récupérer une pile de livres dans sa chambre avant de trébucher sur quelque chose.
On entendit un miaulement plaintif, suivit une série de jurons italiens, puis une boule de poils hérissés s’échappa par la fenêtre la plus proche.
Une heure plus tard, la jeune femme savait tout de la bataille. Les Gaulois s’étaient réfugiés sur un oppidum, mais avaient consacré trop de temps à y accumuler des vivres. C’est ainsi que la moitié de leur armée avait pu être vaincue en rase campagne avant son retour dans la forteresse, mais les survivants avaient de quoi tenir pendant des mois. Les Romains commençaient à désespérer quand César arriva. Il constata que ses ennemis prenaient de l’eau à la rivière. Il en défendit l’approche, les forçant à se ravitailler à une unique source qui se trouvait au pied de leur rempart. César fit construire une immense tour pour pouvoir tirer sur les chercheurs d’eau, mais de courageux Gaulois continuèrent à en collecter. Les Romains creusèrent alors une galerie dans la colline jusqu’en amont de la source et la détournèrent. Après ce fut la soif, la reddition, l’amputation…
Genoffa retrouva le lieu officiel de la bataille. On la situait au Puy d'Issolud dans le Lot. En récupérant la carte en sortie de son imprimante, quelle que chose l’intrigua. Elle imprima aussi le site d’Alise et compara les deux oppidums.
- C’est impossible !
Les deux oppidums avait presqu’exactement la même surface. A ceux qui affirmaient que les 80.000 Gaulois d’Alésia ne pouvaient pas tenir sur la colline d’Alise, les partisans du site avaient toujours répondu que César exagérait les effectifs ennemis. Mais pour une fois, on pouvait comparer deux batailles racontées par lui sur deux sites semblables. Si l’on suit le texte de César il ne restait guère que 2.000 guerriers à Uxellodunum ; l’un des sites était certainement faux puisque, si 80.000 combattants avaient pu tenir sur cette surface, comment deux mille auraient pu suffire à en interdire l’investissement ?
Genoffa avait besoin de réfléchir, aussi sortit-elle fumer une cigarette sur son balcon, mais des miaulements répétitifs l’empêchèrent de l’allumer.
- Mon pauvre chéri ! Je t’avais oublié.
Prenant l’animal dans ses bras, elle se dirigea vers la cuisine en le caressant tendrement.
- Maman va te préparer un… Dio Cane !
En traversant le séjour son regard s’était machinalement posé sur les documents qu’elle venait d’imprimer. Hypnotisée par ce qu’elle venait de voir, elle s’assit devant son ordinateur en croyant poser le chat sur la table. Un miaulement strident évalua son erreur à une trentaine de centimètres. Après une brève recherche sur Internet et un complexe calcul d’échelle, elle récupéra sur l’imprimante un plan du donjon de Rommel et le superposa à la carte du Puy d’Issolud. En appliquant les deux feuilles sur sa porte-fenêtre, elle put faire se confondre les deux images par transparence.
- J’en étais sûre !
Que devait-elle comprendre ? On avait construit le plan du Donjon pour qu’il rappelle le site d’Uxellodunum ? Mais pourquoi ?
- Pour indiquer un endroit du site, ma fille…
L’endroit le plus célèbre d’Uxellodunum étant sa source, Genoffa chercha le point correspondant sur le plan du donjon.
- Mon Dieu ! Ça correspond presque au puits du donjon !!! Il y aurait donc une autre cache ? …Il n’y a qu’un moyen de s’en assurer…
Une nouvelle fois la maison s’anima jusqu’à ce qu’un claquement de porte rétablisse un calme baigné de quelques effluves de Saint-Laurent. Une boule de poil fit alors une prudente apparition et, observant la fenêtre restée entrouverte, se demanda si son instinct de chasseur n’était pas trop rouillé.
Dès qu’il eut quitté Genoffa, Julien s’était rendu au château de Rommel. Obligé de suivre le circuit de visite, il le fit au pas de course jusqu’à la grotte du « Chronoscaphe ». L’engin ressemblait parfaitement à ce qu’avait imaginé le dessinateur. La bande dessinée détenue un temps par le militaire de l’O.T.A.N. indiquait peut-être qu’une part du secret se trouvait dans ce « vaisseau ». Malheureusement il était protégé par de fortes grilles, et l’endroit était trop fréquenté pour une effraction ; il lui faudrait revenir de nuit.
Avant de passer le portail, Julien fit un détour par la boutique du château. Il n’y trouva pas les plans qu’il cherchait, mais put acheter une version anglaise de la fameuse bande dessinée. C’est dans celle-ci qu’il découvrit comment entrer. Le héros y trouvait, dans une maison du village, un accès menant aux souterrains.
Cette maison existait réellement. Elle était en vente donc vide. Julien força la porte et visita la cave. Ce fut peine perdue, le sous-sol était des plus classiques et ne cachait aucune ouverture, il lui fallait trouver autre chose.
Genoffa avait retrouvé son sofa, son chat et son désespoir. Elle ne savait plus où elle en était, entre le garçon charmant et l’espion ; entre la vérité et ses conséquences.
- De toute façon, il ne me reste pas de preuves et nous n’avons rien trouvé au lycée. J’ai besoin de me détendre, de penser à autre chose.
Elle se servit une tasse de thé, brancha son ordinateur et appela son chat. Celui-ci sauta sur les genoux de sa maîtresse, ronronnant sous les caresses, qui, outre le bien-être qu’elles lui procuraient, indiquaient qu’on se souvenait de sa présence et qu’on allait peut-être enfin penser à sa pâtée.
Sur son ordinateur, Genoffa fit défiler les clichés pris dans le lycée. C’était exactement ce qu’elle avait besoin de voir, des œuvres naïves et attendrissantes, pleines de couleurs et de joie. Certaines la firent rire, d’autres l’étonnèrent. Mais l’une d’elle sembla heurter l’harmonie de l’ensemble. Genoffa revint dessus, c’était une sorte de mosaïque ou plutôt de bas relief sans aucune couleur. Son tracé était infantile mais son sujet ne l’était certainement pas.
- Uxellodunum !!! Ca ne peut être que ça ! Comment un enfant a-t-il pu s’intéresser à un événement aussi sordide ? Et pourquoi justement dans ce lycée ? A moins que…
Un miaulement strident se fit entendre quand Genoffa bondit pour récupérer un papier dans son sac. Elle avait fait une photocopie du dessin trouvé dans le bunker...
- Le petit Mike… Il a emprunté un livre de son père pour l’école, peut-être a-t-il pris d’autres documents ? Peut-être qu’une de ces pièces faisait état du lien Alésia-Uxellodunum ?
Dans un coin, un chat effrayé vit la maison s’agiter et sa pâtée compromise. Genoffa installa ordinateur et imprimante sur sa table de salon puis courut récupérer une pile de livres dans sa chambre avant de trébucher sur quelque chose.
On entendit un miaulement plaintif, suivit une série de jurons italiens, puis une boule de poils hérissés s’échappa par la fenêtre la plus proche.
Une heure plus tard, la jeune femme savait tout de la bataille. Les Gaulois s’étaient réfugiés sur un oppidum, mais avaient consacré trop de temps à y accumuler des vivres. C’est ainsi que la moitié de leur armée avait pu être vaincue en rase campagne avant son retour dans la forteresse, mais les survivants avaient de quoi tenir pendant des mois. Les Romains commençaient à désespérer quand César arriva. Il constata que ses ennemis prenaient de l’eau à la rivière. Il en défendit l’approche, les forçant à se ravitailler à une unique source qui se trouvait au pied de leur rempart. César fit construire une immense tour pour pouvoir tirer sur les chercheurs d’eau, mais de courageux Gaulois continuèrent à en collecter. Les Romains creusèrent alors une galerie dans la colline jusqu’en amont de la source et la détournèrent. Après ce fut la soif, la reddition, l’amputation…
Genoffa retrouva le lieu officiel de la bataille. On la situait au Puy d'Issolud dans le Lot. En récupérant la carte en sortie de son imprimante, quelle que chose l’intrigua. Elle imprima aussi le site d’Alise et compara les deux oppidums.
- C’est impossible !
Les deux oppidums avait presqu’exactement la même surface. A ceux qui affirmaient que les 80.000 Gaulois d’Alésia ne pouvaient pas tenir sur la colline d’Alise, les partisans du site avaient toujours répondu que César exagérait les effectifs ennemis. Mais pour une fois, on pouvait comparer deux batailles racontées par lui sur deux sites semblables. Si l’on suit le texte de César il ne restait guère que 2.000 guerriers à Uxellodunum ; l’un des sites était certainement faux puisque, si 80.000 combattants avaient pu tenir sur cette surface, comment deux mille auraient pu suffire à en interdire l’investissement ?
Genoffa avait besoin de réfléchir, aussi sortit-elle fumer une cigarette sur son balcon, mais des miaulements répétitifs l’empêchèrent de l’allumer.
- Mon pauvre chéri ! Je t’avais oublié.
Prenant l’animal dans ses bras, elle se dirigea vers la cuisine en le caressant tendrement.
- Maman va te préparer un… Dio Cane !
En traversant le séjour son regard s’était machinalement posé sur les documents qu’elle venait d’imprimer. Hypnotisée par ce qu’elle venait de voir, elle s’assit devant son ordinateur en croyant poser le chat sur la table. Un miaulement strident évalua son erreur à une trentaine de centimètres. Après une brève recherche sur Internet et un complexe calcul d’échelle, elle récupéra sur l’imprimante un plan du donjon de Rommel et le superposa à la carte du Puy d’Issolud. En appliquant les deux feuilles sur sa porte-fenêtre, elle put faire se confondre les deux images par transparence.
- J’en étais sûre !
Que devait-elle comprendre ? On avait construit le plan du Donjon pour qu’il rappelle le site d’Uxellodunum ? Mais pourquoi ?
- Pour indiquer un endroit du site, ma fille…
L’endroit le plus célèbre d’Uxellodunum étant sa source, Genoffa chercha le point correspondant sur le plan du donjon.
- Mon Dieu ! Ça correspond presque au puits du donjon !!! Il y aurait donc une autre cache ? …Il n’y a qu’un moyen de s’en assurer…
Une nouvelle fois la maison s’anima jusqu’à ce qu’un claquement de porte rétablisse un calme baigné de quelques effluves de Saint-Laurent. Une boule de poil fit alors une prudente apparition et, observant la fenêtre restée entrouverte, se demanda si son instinct de chasseur n’était pas trop rouillé.
Dès qu’il eut quitté Genoffa, Julien s’était rendu au château de Rommel. Obligé de suivre le circuit de visite, il le fit au pas de course jusqu’à la grotte du « Chronoscaphe ». L’engin ressemblait parfaitement à ce qu’avait imaginé le dessinateur. La bande dessinée détenue un temps par le militaire de l’O.T.A.N. indiquait peut-être qu’une part du secret se trouvait dans ce « vaisseau ». Malheureusement il était protégé par de fortes grilles, et l’endroit était trop fréquenté pour une effraction ; il lui faudrait revenir de nuit.
Avant de passer le portail, Julien fit un détour par la boutique du château. Il n’y trouva pas les plans qu’il cherchait, mais put acheter une version anglaise de la fameuse bande dessinée. C’est dans celle-ci qu’il découvrit comment entrer. Le héros y trouvait, dans une maison du village, un accès menant aux souterrains.
Cette maison existait réellement. Elle était en vente donc vide. Julien força la porte et visita la cave. Ce fut peine perdue, le sous-sol était des plus classiques et ne cachait aucune ouverture, il lui fallait trouver autre chose.