Tout au plus se bornera-t-il - et encore, parfois assez vaguement ! - à indiquer la période de l’année où pourraient se dérouler les évènements qu’il va relater.
Cependant, pour le Piège diabolique qui démarre sa publication dans le journal Tintin la troisième semaine de septembre 1960 (N°38/1960-47/1961 et N°628/688 France), il va, d’entrée de jeu, fixer les règles en faisant dire à notre ami Mortimer (Cf. planche 2, case 7) : « Après tout, 72 km… par cette belle journée d’automne… ».
Voilà, la chose est dite ; nous sommes bien en automne. Ce que confirme bien la période de parution dans le magazine Tintin.
Et nous verrons un peu plus tard quel jour exactement cette aventure extraordinaire commença…
Mais je pense que ce ne serait guère inspiré !
En effet, aucune information pertinente par ailleurs ne nous permet d’opter pour cette année plutôt qu’une autre, postérieure. Surtout si l’on considère que, ses recherches in situ se faisant justement cette année-là, il apparaît donc vraiment peu probable qu’il ait pu « placer » son action au même moment !
Cela ne serait pas « réaliste ». Surtout, ainsi qu’il s’en « plaindra » plus tard auprès de nombre de chroniqueurs qui l’interrogèrent sur et à propos de cette histoire et de son destin quelque peu mouvementé, qu’il lui faudra collecter une multitudes d’autres informations sur le château et son Histoire avant d’entamer sa relation. Alors, non, l’année 1959 ne peut guère être retenue.
Je m’explique. Jacobs nous confie, planche 2, vignette 4, qu’il envoie Blake à Bonn, alors, et pour de longues années, Capitale de la R.F.A.
Car, rappelons-nous bien que, depuis la fin des hostilités, l’ancienne Capitale, Berlin, détient le triste privilège d’être « ville occupée », et divisée en 4 secteurs, tenus respectivement par les Américains, les Anglais et les Français pour sa partie Ouest, et par les Soviétiques, pour sa partie Est.
Pour en arriver directement à l’évènement majeur et catastrophique pour toute une population : l’érection d’un mur de séparation entre les « deux Allemagnes » qui allait priver des familles entières de Berlin-Est de leurs proches parents en les empêchant irrémédiablement de passer à l’Ouest.
Qu’on se souvienne : les Berlinois des deux bords se couchèrent, en cet insouciant soir d’été du 12 août, juste séparés par une ligne de démarcation, pour se réveiller, ce matin du désormais maudit 13 août 1961, séparés par une véritable frontière !
C’était un choix tout à fait personnel qui collait éminemment bien avec l’envoi de Blake à Bonn pour régler, dirons-nous, l’un ou l’autre problème secret-diplomatique…
Maintenant, certains me diront que cela était un peu tiré par les cheveux. Oui, peut-être ; mais guère plus, et même beaucoup moins que certains scénarii absurdes que l’on nous met régulièrement en image !
Mais ce choix tout personnel pouvait aussi s’appuyer sur des présomptions aisément vérifiables que je vais m’efforcer de rendre claires à vos yeux.
Pensez que Miloch, pris au piège dans l’enfer que sera l’anéantissement de la Station 001, sera grièvement blessé et irradié (ce qui sera clairement porté à notre connaissance par Jacobs dans le Piège diabolique), mais déclaré officiellement mort, et enterré tout aussi officiellement, dixit notre ami Mortimer en vignette 1, planche 2 ! Entre nous, on pourrait se demander qui fut mis en terre ce jour-là…? Le fait est que Miloch s’en tira vaille que vaille, et au final, bien plus mort que vif, comme on le découvrit dans les pages du journal Tintin...
A partir de ce moment, on peut raisonnablement envisager qu’il va se terrer dans une retraite proche de Buc de façon « à panser ses plaies », avant d’envisager tout autre chose…
Peu importe en fait, si ce n’est qu’une prospection prendrait tout de même un certain temps…
Ensuite, bien installé dans ses nouveaux meubles, à La Roche-Guyon, qui convient parfaitement à ses nouveaux et terribles desseins vis-à-vis de Mortimer, il s’acharnera à se procurer matériaux et matériels nécessaires à la réalisation de sa fantastique invention. N’oublions pas que, à partir de son « sauvetage » de Buc, il se retrouver tout seul, livré à lui-même, puisqu’il a été déclaré officiellement mort.
Il lui faudra ensuite compter sur un nouveau « temps certain » avant d’aboutir dans lesdites recherches, puis pour la construction de sa machine et les essais obligatoires qui lui permettront de vérifier le bon fonctionnement de sa machine et la validité de sa vengeance. Vérifiant de ce fait que Mortimer sera bien envoyé dans les lointains méandres du Temps, avant de « lancer l’invitation » fatale à son mortel rival.
Tout ceci va donc nécessairement prendre du temps, beaucoup de temps, à n’en point douter. Temps que, personnellement, et au vu des innombrables difficultés auxquelles il va devoir faire face pour parvenir à son but, je n’estimerais certainement pas à une seule année (08/1958-09/1959), mais peut-être plus à deux (08/1958-09/1960) ; mais tout aussi bien à trois. Ce qui nous amènerait donc bien en 1961.
Mais il a fallu que je relise plusieurs fois le Piège diabolique (et combien « diabolique », il l’est en effet) pour mettre enfin le doigt - ou l’œil - sur LE détail qui m’avait toujours échappé jusque-là, et pourtant tellement visible, tellement évident qu’il m’avait clairement échappé jusque-là !
Et pourtant, planche 34, vignette 7, le Docteur Focas est on ne peut plus explicite lorsqu’il annonce à notre pauvre ami Mortimer, complètement abasourdi, qui s’interroge encore sur la période exacte en laquelle il est parvenu cette fois : «Du 21ème Siècle !? Vous voulez dire du 51ème Siècle ? …nous sommes en l’An 5060 !!!... ».
Pourquoi diable Jacobs se serait-il donné la peine de « borner » aussi clairement cet épisode « futur » si cela ne devait pas, au final, aboutir à établir le plus régulièrement possible, et sans qu’il puisse nous rester aucun doute à ce sujet, l’écart exact existant entre le Présent de Blake et de Mortimer à Paris, et ce Futur, très hypothétique, mais hélas bien réel pour Mortimer ?
Ainsi, en partant à reculons de cette Année 5060, remontons très exactement 31 siècles en arrière, pour arriver en… 1960 !!!
Qui plus est, et toujours en reprenant les évènements d’Allemagne liés - plus ou moins, selon moi - au départ de Blake pour Bonn, il faut se souvenir que, le 8 septembre 1960, les Allemands-Berlinois de l’Est furent interdits de passage à l’Ouest pour aller y travailler, ainsi qu’ils en avaient coutume tous les jours, depuis la fin de la Guerre ! Désormais, une autorisation officielle leur était demandée pour franchir la « frontière » entre les deux Berlin.
Alors, 1961 ou 1960 ? Au vu de la date-buttoir spécifiquement mentionnée par Focas, c’est dit ; le Piège diabolique démarrera bien en 1960, et en septembre qui plus est (jour à préciser ultérieurement), en pleine Guerre froide sur Berlin.
Mais avant de donner le jour exact d’occurrence de la rencontre entre Blake et Mortimer au Louvois, il nous faut impérativement confirmer le mois que je mentionne, non comme si je l’avais moi-même décidé.
Que nenni ! Le mois est irréfutable ! Tout est clairement dit, indiqué, spécifié par notre cicérone.
A en croire le patron du bar ou de l’auberge ou plutôt, du restaurant « Au vieux donjon », les ouvriers sont à pied d’œuvre et s’activent depuis deux mois !
Si, comme l’auteur, nous prenons ces dires au pied de la lettre, soit de date à date, ce 10 septembre nous irait parfaitement.
Surtout que ce jour est celui de la sainte Inès… Inès - Agnès…?! Et qu’un dicton populaire, fait exprès, nous dit : « A la sainte Inès, travaille sans cesse ». « Deux mois que vous travaillez d’arrache-pied ! ». Jacobs, toujours prêt à faire une petite blague, aurait-il pu prendre précisément ce jour-là ?
Une chose est cependant acquise ; c’est que l’explosion de la « Bove » survient le 10 novembre, soit deux mois après… Mais après quel évènement, en fait ?
A partir de là, nous serions donc en mesure de présumer que Mortimer aurait « disparu » dans la spirale du Temps le 7 !?
Mais les choses ne sont décidément pas aussi simples avec notre « diabolique » cicérone qui - l’a-t-il fait consciemment ou s’est-il simplement quelque peu « égaré » lui-même - nous embarque ensuite dans une autre voie.
Situation qui nous est opportunément rappelée par le pauvre Mortimer lorsqu’il se trouve bel et bien « embastillé » dans les sous-sols de la « Bove » (Cf. planche 5, vignette 1), suite à la fermeture inopinée de la lourde dalle de pierre : « Dès après-demain, Blake sera là… ».
De ce texte évident, il ressort donc que Blake serait parti le 8 (et non le 7), le jour même des évènements de Berlin relatés plus haut, pour être de retour le 10 septembre.
Mais, pour que cela fonctionne parfaitement avec ma plaidoirie liée aux évènements de Berlin, il aurait fallu que Mortimer soit déjà à Paris la veille au soir, et que Blake soit immédiatement mis dans un avions pour…? Pourquoi aller à Paris, dans ce cas, alors qu’il devait bien exister des liaisons directes vers Bonn depuis Londres, que diable !
D’autre part, il faudrait ensuite envisager que Blake fasse une assez longue escale à Paris, le temps d’attendre au Louvois que son ami revienne de sa visite au notaire…
C’est cette partie de l’hypothèse proposée, basée uniquement sur les dires contradictoires de Jacobs, qui est décidément par trop tirée par les cheveux. Aussi, entre les « après-demain » de Mortimer et les « vous attendriez bien 3 jours » de Blake, qui se contredisent, je serais bien tenté d’opter pour l’abandon pur et simple de ma concordance de l’envoi de Blake à Bonn avec l’Histoire, et me concentrer sur les deux jours induits par la réflexion du professeur lorsqu’il constate qu’il s’est fait piéger.
Au retour de Blake, le 12 suivant, un lundi, et même si rien ne nous est dit sur l’heure à laquelle il réintègrera l’Hôtel Louvois, on peut penser que cela lui permettait effectivement d’aller le jour même jusqu’à La Roche- Guyon, pour y constater que le « nid » est vide, et pour embaucher dans la foulée une équipe locale de terrassiers afin d’entamer les recherches. Ultime élément dont nous ne prendrons connaissance qu’à la toute fin. Tout cela se tient définitivement très bien.
D’un autre côté, il se pourrait fort bien que Blake et Mortimer aient pu prendre leur avion pour Paris le 9 ou le 10 septembre, lendemain ou surlendemain des évènements relatés, pour ne revenir que deux ou trois jours plus tard, selon ?!
La phrase « deux mois que vous travaillez » pouvant cette fois s’écrire, « presque deux mois » ou « un peu moins de deux mois », ou toute autre combinaison qu’il vous plaira.
Les seuls repères temporels à la disposition du professeur ne sont que le passage du spectre lumineux de couleurs les plus sombres au blanc le plus éblouissant et la « rémanence de son double » pénétrant dans l’habitacle, lorsqu’il « passe » le temps présent, avec une marge d’erreur que l’on ne peut ici quantifier avec exactitude (Cf. planche 56).
C’est pourquoi il nous faut considérer que les hypothèses que j’ai avancées plus haut sont toutes trois parfaitement valides.
Ensuite, s’amuser à calculer le temps passé par notre estimable professeur en chacune des différentes époques, ne serait que vaines supputations, illusions suppositions et présomptions, car nul ne saura jamais combien de temps aura duré chacune de ces « étapes » ; sachant que c’est bien son « petit » séjour dans le Futur qui lui aura pris le plus longtemps.
Continuant mes recherches « chronologiques », et fidèle à mes habitudes de pinaillage, je m’étais déjà engagé dans le « découpage » de la journée de Mortimer. Je me basai tout d’abord sur l’heure indiquée par le bracelet-montre de Blake, ci-contre, pour m’apercevoir bien vite que je faisais fausse route…
Et pour cause, car le cadran, même vu à l’envers, indiquait tout bonnement 18H20 ou à peu près !
Légère anomalie qui détruisit instantanément le fragile édifice que je m’apprêtais déjà à construire en vue de satisfaire un goût immodéré pour les détails absurdes...
Pensez donc, 18h20 plus au minimum 1H30 à 2H de route jusqu’au village, au vu de la distance séparant ces deux lieux, et du chemin détourné pris par Mortimer, cela nous amenait directement à la nuit tombée, alors qu’il fait encore bien jour lorsque notre ami pénètre dans la maison dont il est devenu propriétaire.
Nous y apprenons ainsi, par le récitatif ci-contre, que, suite à l’explosion de la « Bove », Blake revient dare- dare à Paris, impatiemment attendu par le commissaire Pradier.
Il atterrit à Orly le même soir, et les deux hommes sautent dans la « DS » officielle de Pradier pour foncer à tombeau ouvert vers La Roche.
Aller de nuit d’Orly à La Roche-Guyon, qui sont presque diamétralement opposés va incontestablement prendre pas mal de temps, même en profitant des indéniables atouts dont pourraient justifier les véhicules officiels. Donc, même en tenant compte de « facilités », inexistantes dans notre cas, nous devons tenir pour acquis qu’ils n’arriveront sur place, à la clinique du docteur Martin - clinique dont on ignorera tout -, que relativement tard. Rappelons à ceux qui n’auraient pas suivi, que la nuit était déjà tombée à l’arrivée de Blake à Orly.
Nous sommes donc passés au 11 novembre, sans que nous nous en doutions…
Avec, pour corollaire, que Blake a finalement atterri à Orly entre 22h30 et 23H ! C’est tard !
Je ne suis pas allé vérifier dans les horaires de vols de nuit en provenance de Londres en cette lointaine année, aussi vais-je croire Jacobs sur parole…
Seulement nous bornerons-nous à séquencer son aventure, en fonction des seules données à peu près certaines qui sont les suivantes :
- Démarrage au XXè Siècle : De la planche 1 à la planche 7, case 1 Nous serions entre le 08 et le 10 septembre 1960
- Départ de Paris et départ en chronoscaphe…
- Passage au Mésozoïque : De la planche 7, case 2, à la planche 11, case 2
- Brève incursion en plein ¨Mésozoïque (-150 millions d’années avant notre Ere) d’une durée très brève…
- Passage au Moyen-Age : De la planche 11, case 3, à la planche 23, case 4
- Courte visite au XIVè Siècle, que l’on peut estimer de deux à trois heures, maximum…
- Arrivée et séjour en l’An 5060. Séjour qui va indubitablement durer un certain temps (plusieurs semaines…) que nous allons essayer de rythmer au mieux
-Mortimer s’aventure dans ce nouveau monde et découvre la « Stassion 3 », avant de rejoindre
« Pari Santre » en une petite heure »…???
Il nous faut ensuite « estimer » qu’il va passer une bonne partie de la nuit à errer dans les méandres souterrains de « Pari Santre »…
Là, on nage en pleine hypothèse, car rien ne nous dit combien de temps passe depuis la récupération de Mortimer par les « assujettis »…
-Début des travaux de réfection du réacteur…
Là encore, rien ne nous indique le passage du temps mais, entre la route vers Pékin, l’interrogatoire, et le retour de Focas, on peut estimer qu’il se sera encore passé une journée entière, et que nous sommes le lendemain lorsque Focas réapparaît… ?!
-Libération des « assujettis », destruction de la « Chose » et retour au XXè Siècle…
Une donnée est certaine, cependant, c’est que l’absence totale de Mortimer aura duré deux mois, ainsi que nous l’apprenons planche 60, vignette 2 !
-Mortimer arrive quelques jours AVANT son premier départ en chronoscaphe et rerègle l’engin…
-Blake revient de Londres où il avait été appelé par ses fonctions…
La seule donnée temporelle valable est cette coupure de journal datée du 10 novembre en case 5 !
-L’horloge de la clinique indique très précisément qu’il est minuit passé de 22 minutes !!!