Jacques MARTIN a écrit :Dans une précédente interview, vous aviez dit que vous aimeriez que vos héros vous survivent et que votre série continue après votre mort. Cela ne créerait-il pas des ennuis ? Je pense par exemple aux problèmes autour du dernier Blake et Mortimer.
Je veux que mes créations continuent. Sûrement. Avec cet objectif en tête, je forme un groupe de personnes qui pourront me succéder. Je les guide et leur enseigne mon style. Jacobs n'a jamais rien fait de tel. C'est juste la différence. Il n'a formé personne. Hergé a également eu la possibilité de fournir des successeurs. De Moor et moi étions assez compétents pour la tâche, mais Hergé n'était pas partant.
Quant à la deuxième partie des formules du professeur Sato, les héritiers de Jacobs m’ont d’abord demandé, mais ils ne se sont pas comportés trop honnêtement. Bob de Moor accepta la mission, mais il fut mal traité. Il était plus que apte à accomplir cette tâche correctement. Cependant, ils ont fait pression sur lui de tous les côtés pour qu’il travaille plus vite. Ils fument l’argent...
Bob m'a dit qu'il n'était pas content des dessins et qu'il voulait recommencer. L'éditeur a refusé, avec le résultat bien connu que l'album est devenu très laid. J'ai appris que Dargaud voulait sortir un nouveau Blake et Mortimer. Qu'ils se méfient, car le public a été très déçu de la deuxième partie de Sato. Ils n'accepteront pas un nouvel échec. Maintenant que le maître est parti, ils veulent continuer son travail sans qu'une véritable succession ne soit organisée. Une pensée absurde ! Je ne m'inquiète pas de la façon dont ça va se passer après moi. Je sais que les gens que je forme maintenant sont bons et ne feront pas de grosses erreurs.
Jacques MARTIN parle de Sato 2
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Jacques MARTIN parle de Sato 2
Re: Jacques MARTIN parle de Sato 2
Cet avis de Jacques Martin est vraiment très intéressant et très proche de ce que je pense également.
Contrairement à Hergé et à Jacobs, Jacques Martin a souhaité que ses héros continuent à vivre après lui, , et il a formé ses successeurs, et il a eu raison.
J'aime bien l’expression un peu désuète de nos jours: Ils fument l'argent. je suis d'accord avec lui , dans ce sens qu'on a l'impression qu'on exploite le filon Jacobs jusqu'à l'épuisement.
Re: Jacques MARTIN parle de Sato 2
Re: Jacques MARTIN parle de Sato 2
C'est d'ailleurs étonnant.
Ce qu'on peut trouver de plus approchant c'est :"Donner une teinte d'or à de l'argent, en l'exposant à la fumée de certaines substances. "
C'est peut être l'origine de cette expression.
Sans donner vraiment une définition , je vais essayer de dire comment je comprends cette expression.
Pour moi , quelqu'un qui fume l'argent, c'est quelqu'un qui possède un petit pactole et qui va le faire gonfler d'une manière un peur artificielle dans être franchement frauduleuse. Pas un flambeur à qui l'argent brule les doigts , mais plutôt quelqu'un de discret, qui cherche un tant soit peu à enfumer les autres?
Mais c'est peut être une vision très personnelle , puisque je n'ai pas trouver une définition encyclopédique.
Re: Jacques MARTIN parle de Sato 2
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Re: Jacques MARTIN parle de Sato 2
Je suis d'accord avec cette vision car il ne semble pas vouloir dire qu'avec eux l'argent part en fuméearchibald a écrit : ↑30 juil. 2023, 08:26C'est d'ailleurs étonnant.
Ce qu'on peut trouver de plus approchant c'est :"Donner une teinte d'or à de l'argent, en l'exposant à la fumée de certaines substances. "
C'est peut être l'origine de cette expression.
Sans donner vraiment une définition , je vais essayer de dire comment je comprends cette expression.
Pour moi , quelqu'un qui fume l'argent, c'est quelqu'un qui possède un petit pactole et qui va le faire gonfler d'une manière un peur artificielle dans être franchement frauduleuse. Pas un flambeur à qui l'argent brule les doigts , mais plutôt quelqu'un de discret, qui cherche un tant soit peu à enfumer les autres?
Mais c'est peut être une vision très personnelle , puisque je n'ai pas trouver une définition encyclopédique.
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Re: Jacques MARTIN parle de Sato 2
Recommencer quoi ? L'album entier ? Ou juste certains dessins ? Martin semble dire que "Bob" voulait tout reprendre à zéro. Se rend-on compte des implications énormes de ces propos ?Bob m'a dit qu'il n'était pas content des dessins et qu'il voulait recommencer.
Re: Jacques MARTIN parle de Sato 2
Du point de vue technique, recommencer un album de bout en bout, cela s’est déjà fait. Prendre l’exemple d’Hergé n’est pas pertinent puisque celui-ci n’était pas seul à la tâche. Je pense plutôt à Wininger qui a recommencé son premier tome des aventures de Victor Billetdoux. Recommencer un album tel que les Trois formules est certes beaucoup plus difficile, mais Bob de Moor était un professionnel aguerri.Balek et Mortamer a écrit : ↑26 sept. 2024, 13:03J'ai relu plusieurs fois cette interview et je bute toujours sur cette phrase :Recommencer quoi ? L'album entier ? Ou juste certains dessins ? Martin semble dire que "Bob" voulait tout reprendre à zéro. Se rend-on compte des implications énormes de ces propos ?Bob m'a dit qu'il n'était pas content des dessins et qu'il voulait recommencer.
Le problème à mon sens est qu’il aurait peut-être souffert du même mal que Ted Benoît et se serait fait plus de mal que de bien.
Psychologiquement, ne pas pouvoir le faire a dû être très dur. Penser qu’il n’avait pas été à la hauteur de ses espoirs a dû, lui briser le cœur, surtout en reprenant le travail d’un ami. Du coup, il sera resté sur un sentiment d’inachèvement.
Terrible révélation.
Re: Jacques MARTIN parle de Sato 2
Il trouvait que cela manquait de rythme et n'était pas abouti
On voit quel en fut le résultat, assez malheureux
Si Bob avait été laissé libre, il nous aurait à coup sûr dessiné un chef-d’œuvre comme il savait il bien le faire
Quant à Ted, c'était un perfectionniste jusqu’au-boutiste, et c'est bien cela qui lui a finalement coûté la reprise ; l'éditeur ne voulait pas lui (se) permettre de laisser un auteur pondre un album en trois, voire quatre ans, car il avait besoin de retombées sonnantes immédiates, à partir du moment où le filon était relancé. Et comment !
Re: Jacques MARTIN parle de Sato 2
Dargaud s'est montré plus intelligent avec Aubin qu'avec Benoît. C'est dommage que Ted n'ait pas dessiné une 3ème aventure (avec un bon scénario).
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Re: Jacques MARTIN parle de Sato 2
Il s'agit de l'éditeur Claude Lefranc et des Studios Jacobs, pas de l'éditeur actuel Dargaud.
Voir l'interview de Stripschrift
En 1986, j'ai dit: "Si je le fais, ce sera probablement en 1990/ l991". Fin 1987, j'ai dit: "Je peux le faire, je le commencerai début 1989 et il sera terminé en 1990". Puis l’éditeur. Claude Lefranc, a décidé que ce devait être pour Angoulème ou pour la Foire du Livre de Bruxelles.