Olrik est-il mort à la fin de l'album ?
Posté : 26 févr. 2012, 15:17
Après recherche, j'ai été surpris de constater qu'aucun sujet n'avait encore été créé là-dessus alors qu'il s'agit d'une discussion récurrente parmi les fans de Blake & Mortimer. Voilà une erreur qui est donc réparée.
Une chose est sûre, il n'y a qu'une seule possibilité rationnelle pour qu'Olrik ait échappé à l'explosion de l'hélicoptère : c'est d'avoir sauté juste avant l'explosion. Les récitatifs ne permettent pas en tout cas ni de le savoir, ni de le nier catégoriquement :
"Pétrifiés d'horreur, les fuyards voient le robot gagner inexorablement sur eux... Et l'instant d'après, c'est le choc !... Percuté de plein fouet, l'hélicoptère est pulvérisé !... Tandis que, désemparé, le justicier électronique va s'écraser sur le pirate-sous-marin !!!..." (planche 45)
On nous dit que les fuyards observent le Samurai leur foncer dessus, puis que l'hélicoptère explose, mais pas que ses occupants sont eux-mêmes pulvérisés. Les deux hypothèses sont donc pensables, car rien ne s'oppose formellement à ce qu'Olrik ait profité (comme souvent) d'une ellipse narrative pour échapper à un sort macabre.
Cependant, j'aimerais attirer votre attention sur le déroulement de cet épilogue, dont les ressorts sont relativement ambigus.
Tout d'abord, il faut constater que c'est Sato, et lui seul, qui décide d'en finir avec Olrik, puisqu'il lance le Samurai sans prévenir clairement aucun des autres protagonistes de son dessein. Voir le dialogue de la planche 43 :
Mortimer : "Et Olrik ?"
Blake : "Il a réussi à s'emparer de notre hélicoptère et va sûrement rejoindre le sous-marin que l'on nous a signalé..."
Colonel Mitsu : "... Et disparaître avec son butin !... Quelle honte !"
Sato : "Un instant !... Je ne sais si "SAMURAI" est encore en état d'accomplir cette dernière mission, mais l'enjeu mérite que l'on essaye..."
Je souligne ce dernier propos pour montrer que rien n'est explicite jusqu'ici. La mission que Sato évoque semble s'imposer à lui. Il est vrai que laisser Olrik transmettre les 3 formules au groupe Scorpio serait des plus dangereux étant donné les intentions hautement criminelles de cette organisation. Mais tout d'abord, il semble que le Samurai, malgré son état de faiblesse (on nous dit même qu'il est "blessé à mort" planche 44), dispose encore d'autres pouvoirs de nuisance capables de stopper la fuite d'Olrik (il réussit en effet à paralyser tous les robots autour de lui planche 43). Et pourtant, la mission que Sato lui assigne en japonais (planche 43, dernière vignette) est claire : "Rattrape-le et détruis-le ! Va !" Une fois qu'il s'est envolé, le professeur ajoute : "Adieu, fidèle serviteur, comporte-toi en vrai KAMIKASE !..." Si Sato n'a demandé l'acquiescement de personne, en tout cas aucun des personnages ne s'oppose. Par ailleurs, si les fuyards sont désemparés de voir le Samurai foncer sur eux, en lisant leur dialogue, rien ne permet de dire avec certitude qu'ils pensent qu'il va les tuer. Ce qui est sûr, c'est qu'ils estiment qu'il se pose au minimum en obstacle sur leur chemin.
Surtout (mais on ne l'apprendra qu'après), la mort, et même l'arrestation d'Olrik sont tout à fait inutiles pour l'empêcher de nuire. En effet, comme dans L'Affaire du Collier, il s'échappe en ayant en mains un leurre, comme Sato l'explique à la dernière vignette de la planche 45 : "... Par bonheur, Kim ignorait que cette mallette [où se trouvent les 3 formules], indestructible, insubmersible, équipée d'un émetteur radio de détresse, était en outre dotée d'un système d'autodestruction pour le cas où, une fois refermée, une main étrangère tentait de l'ouvrir sans en connaître la combinaison secrète..."
Sato envoie donc le Samurai tuer Olrik et ses acolytes en pleine connaissance de cause. On peut ainsi déduire 2 choses à propos de la scène d'explosion :
- d'un point de vue dramaturgique, elle permet certes un climax spectaculaire, mais celui-ci est formellement inutile (qu'est-ce qui empêchait de conclure l'album comme L'Affaire du Collier, en montrant Olrik désemparé après avoir vu la mallette exploser et les 3 formules lui échapper ?) ;
- la mission que Sato s'impose est bel et bien d'éliminer Olrik, pas de l'empêcher de nuire puisque cela est acquis ; il a déjà perdu au moment où il s'échappe. L'anéantissement d'Olrik apparaît ainsi comme nécessaire à l'apaisement de la situation et au retour au bon ordre (cf le très beau contraste entre la dernière planche et les précédentes, parsemées d'explosions ; l'ultime récitatif est là pour sceller cette impression : "Et la lune se lève sur la baie de Sagami, sereine et pure comme une estampe d'Hiroshige..."). Une fois la mission accomplie, Mortimer s'exclame (certes sans connaître encore l'explication de Sato) : "Justice est faite !..." (planche 45) Cette parole ressemble à celle d'un choeur. D'un point de vue symbolique, tout un réseau de signes semble donc nous diriger vers l'idée qu'Olrik n'est plus et qu'il fallait en finir avec lui. Sur un plan contextuel, Jacobs n'était-il pas conscient que cet album serait le dernier de sa production ? Rappelons qu'il a essayé à plusieurs reprises de se défaire de ce personnage, remis sur le devant de la scène suite aux réclamations des lecteurs...
Néanmoins, un dernier fait intervient à l'ultime planche, comme pour instiller un doute qui trouble la sérénité de l'épilogue : le commissaire Hasumi annonce en effet qu'une boîte noire a été retrouvée, et le colonel Mitsu lui ordonne de la confier à Sato sans l'ouvrir. Cette vignette est tout à fait inutile dans l'économie du scénario, et ressemble à ces portes de sortie que les scénaristes aiment souvent laisser en route pour une éventuelle exploitation dans un prochain album. Elle plaide plutôt pour les partisans d'une survie d'Olrik.
Il faut dire enfin que c'est la seule fois, dans toute la série, où l'on vise clairement à la mort d'Olrik en fin d'épisode. A chacun de considérer, à la lumière de ces éléments, si cela a été accompli ou non.
Une chose est sûre, il n'y a qu'une seule possibilité rationnelle pour qu'Olrik ait échappé à l'explosion de l'hélicoptère : c'est d'avoir sauté juste avant l'explosion. Les récitatifs ne permettent pas en tout cas ni de le savoir, ni de le nier catégoriquement :
"Pétrifiés d'horreur, les fuyards voient le robot gagner inexorablement sur eux... Et l'instant d'après, c'est le choc !... Percuté de plein fouet, l'hélicoptère est pulvérisé !... Tandis que, désemparé, le justicier électronique va s'écraser sur le pirate-sous-marin !!!..." (planche 45)
On nous dit que les fuyards observent le Samurai leur foncer dessus, puis que l'hélicoptère explose, mais pas que ses occupants sont eux-mêmes pulvérisés. Les deux hypothèses sont donc pensables, car rien ne s'oppose formellement à ce qu'Olrik ait profité (comme souvent) d'une ellipse narrative pour échapper à un sort macabre.
Cependant, j'aimerais attirer votre attention sur le déroulement de cet épilogue, dont les ressorts sont relativement ambigus.
Tout d'abord, il faut constater que c'est Sato, et lui seul, qui décide d'en finir avec Olrik, puisqu'il lance le Samurai sans prévenir clairement aucun des autres protagonistes de son dessein. Voir le dialogue de la planche 43 :
Mortimer : "Et Olrik ?"
Blake : "Il a réussi à s'emparer de notre hélicoptère et va sûrement rejoindre le sous-marin que l'on nous a signalé..."
Colonel Mitsu : "... Et disparaître avec son butin !... Quelle honte !"
Sato : "Un instant !... Je ne sais si "SAMURAI" est encore en état d'accomplir cette dernière mission, mais l'enjeu mérite que l'on essaye..."
Je souligne ce dernier propos pour montrer que rien n'est explicite jusqu'ici. La mission que Sato évoque semble s'imposer à lui. Il est vrai que laisser Olrik transmettre les 3 formules au groupe Scorpio serait des plus dangereux étant donné les intentions hautement criminelles de cette organisation. Mais tout d'abord, il semble que le Samurai, malgré son état de faiblesse (on nous dit même qu'il est "blessé à mort" planche 44), dispose encore d'autres pouvoirs de nuisance capables de stopper la fuite d'Olrik (il réussit en effet à paralyser tous les robots autour de lui planche 43). Et pourtant, la mission que Sato lui assigne en japonais (planche 43, dernière vignette) est claire : "Rattrape-le et détruis-le ! Va !" Une fois qu'il s'est envolé, le professeur ajoute : "Adieu, fidèle serviteur, comporte-toi en vrai KAMIKASE !..." Si Sato n'a demandé l'acquiescement de personne, en tout cas aucun des personnages ne s'oppose. Par ailleurs, si les fuyards sont désemparés de voir le Samurai foncer sur eux, en lisant leur dialogue, rien ne permet de dire avec certitude qu'ils pensent qu'il va les tuer. Ce qui est sûr, c'est qu'ils estiment qu'il se pose au minimum en obstacle sur leur chemin.
Surtout (mais on ne l'apprendra qu'après), la mort, et même l'arrestation d'Olrik sont tout à fait inutiles pour l'empêcher de nuire. En effet, comme dans L'Affaire du Collier, il s'échappe en ayant en mains un leurre, comme Sato l'explique à la dernière vignette de la planche 45 : "... Par bonheur, Kim ignorait que cette mallette [où se trouvent les 3 formules], indestructible, insubmersible, équipée d'un émetteur radio de détresse, était en outre dotée d'un système d'autodestruction pour le cas où, une fois refermée, une main étrangère tentait de l'ouvrir sans en connaître la combinaison secrète..."
Sato envoie donc le Samurai tuer Olrik et ses acolytes en pleine connaissance de cause. On peut ainsi déduire 2 choses à propos de la scène d'explosion :
- d'un point de vue dramaturgique, elle permet certes un climax spectaculaire, mais celui-ci est formellement inutile (qu'est-ce qui empêchait de conclure l'album comme L'Affaire du Collier, en montrant Olrik désemparé après avoir vu la mallette exploser et les 3 formules lui échapper ?) ;
- la mission que Sato s'impose est bel et bien d'éliminer Olrik, pas de l'empêcher de nuire puisque cela est acquis ; il a déjà perdu au moment où il s'échappe. L'anéantissement d'Olrik apparaît ainsi comme nécessaire à l'apaisement de la situation et au retour au bon ordre (cf le très beau contraste entre la dernière planche et les précédentes, parsemées d'explosions ; l'ultime récitatif est là pour sceller cette impression : "Et la lune se lève sur la baie de Sagami, sereine et pure comme une estampe d'Hiroshige..."). Une fois la mission accomplie, Mortimer s'exclame (certes sans connaître encore l'explication de Sato) : "Justice est faite !..." (planche 45) Cette parole ressemble à celle d'un choeur. D'un point de vue symbolique, tout un réseau de signes semble donc nous diriger vers l'idée qu'Olrik n'est plus et qu'il fallait en finir avec lui. Sur un plan contextuel, Jacobs n'était-il pas conscient que cet album serait le dernier de sa production ? Rappelons qu'il a essayé à plusieurs reprises de se défaire de ce personnage, remis sur le devant de la scène suite aux réclamations des lecteurs...
Néanmoins, un dernier fait intervient à l'ultime planche, comme pour instiller un doute qui trouble la sérénité de l'épilogue : le commissaire Hasumi annonce en effet qu'une boîte noire a été retrouvée, et le colonel Mitsu lui ordonne de la confier à Sato sans l'ouvrir. Cette vignette est tout à fait inutile dans l'économie du scénario, et ressemble à ces portes de sortie que les scénaristes aiment souvent laisser en route pour une éventuelle exploitation dans un prochain album. Elle plaide plutôt pour les partisans d'une survie d'Olrik.
Il faut dire enfin que c'est la seule fois, dans toute la série, où l'on vise clairement à la mort d'Olrik en fin d'épisode. A chacun de considérer, à la lumière de ces éléments, si cela a été accompli ou non.
