J'ai relu le match Atlandide-Barbares hier soir pendant le match Allemagne-Argentine et j'ai très vite suivi le premier plus attentivement que le second ! Je dois dire que je n'avais jamais relu cet album depuis mon enfance. A l'époque il n'était pas mon préféré et ne m'avait pour tout dire pas tellement plu. Mais hier, quelle redécouverte ! C'est absolument fabuleux, un véritable opéra d'un lyrisme exceptionnel, tant visuellement que dramatiquement. Seul petit défaut à mes yeux : j'aurais aimé que les cases aient dans l'ensemble plus d'ampleur car elles me semblent parfois un peu petites et resserrées, mais ayant lu dans un des sujets consacrés à cet album que le projet initial était un diptyque qui n'a pas finalement pas été réalisé, je comprends mieux cette mise en page. Je ne sais pas s'il existe une édition grand format de
L'Enigme de l'Atlantide, mais je serais curieux de voir ce que cela donnerait !
Maintenant, pour ce qui concerne ma ou mes cases préférées, je suis bien forcé de faire un choix mais il est difficile et je ne peux hiérarchiser celui-ci.
Il y a de toute évidence la case préférée d'Archibald (première vignette de la dernière planche) que je trouve moi aussi somptueuse ! Toute cette planche est une merveille ! J'y choisirai aussit une autre case, non par contradiction, mais pour compléter le florilège de ce moment exaltant de l'album et qui constitue un final vraiment unique - il s'agit donc de l'avant dernière case de cette dernière planche, juste avant le médaillon final dans lequel Blake et Mortimer commentent leur aventure :
L'envol des vaisseaux s'éloignant de la terre est d'une beauté graphique et chromatique exceptionnelle. Je dois dire que j'aime aussi beaucoup la case retenue par Will, représentant les vaisseaux dans leur hangar de lancement. Elle est en effet à couper le souffle et d'une beauté rarement égalée dans l'histoire de la bande dessinée de science-fiction !
J'aime également beaucoup certaines cases de l'exploration souterraine préliminaire, dont la suivante, sixième de la planche 5. Elle donne par sa verticalité toute la hauteur de la caverne où se révèle le lac en contrebas et me fait songer aux gravuresde l'édition Hetzel du
Voyage au centre de la terre. On peut évidemment supposer que, consciemment ou non, cette référence était présente dans l'esprit de Jacobs :
Je suis enfin fasciné par l'espèce de case à deux volets en quasi continuité que constituent les cases 6 et 7 de la planche 46, dans la séquence de la navigation de Blake sur la mer intérieure de l'Atlantide, autre référence évidente au
Voyage au centre de la terre, sans parler des créatures et des forêts préhistoriques que rencontrent nos héros au cours de leurs pérégrinations souterraines ! La continuité bien sûr de ces deux cases constitue en soi une très belle mise en page du mouvement des vagues impétueuses sur lesquelles glisse le canot de Blake. Mais il y a aussi l'expression graphique de l'écume formant des taches ocellées à la surface des vagues, la couleur glauque et blanc-bleuté phosphorescent de celles-ci, qui est d'une très grande beauté, et enfin dans la case 7, la manière dont la vague d'arrière-plan rappelle en miniature le mont Fuji lui-même représenté en miniature dans la célèbre estampe à la vague déferlante d'Hokusaï. En redécouvrant cette planche une quarantaine d'années après ma lecture d'enfance, j'ai été saisi par sa beauté raffinée, ces vagues dont le roulement est fabuleusement rendu évoquant aussi pour moi une sorte de de kimono océanique !