C'est vraiment un très bel article, mais tellement riche, qu'il en faut du temps pour le lire en profondeur et s'en imprégner. Ce qui est en plus largement appréciable, c'est que l'auteur Nicolas Telloc-"Destop" (un clin d'oeil à Lord Archibald..)nous laisse la liberté de choisir, il ne campe pas étroitement sur ses positions : sur ces "Ruines de l'intime" se pose la question de la destruction ou de la reconstruction d'EPJ.
EPJ parle d
e"36 années consacrées exclusivement à cette satanée bande-dessinée.", mais quel artiste n'a jamais connu les affres de la création, le travail de forcenés, les nuits blanches, sans parler des soucis et des dépendances financières??? Ce"
satané" fait écho en moi à Charles Baudelaire qui , parlant de l'oeuvre de sa vie "Les Fleurs du Mal" dit en ces termes: "Dans ce livre
ATROCE, j'ai mis tout mon coeur, toute ma tendresse, toute ma religion, toute ma haine". Les artistes enfantent leur chef-d'oeuvre dans la douleur et ce durant toute leur existence.
Après avoir relu plusieurs fois cet article, j'ai préféré voir plutôt la reconstruction, la résurrection à la place de la destruction et de la frustration. L'auteur fait référence aux masques avec lesquels EPJ se camouflent afin d'entrer dans sa propre oeuvre, j'y verrai au contraire une fonction cathartique voire thérapeutique au même titre que cette théâtralisation et mise en scènes des personnages, poussées à l'extrême. EPJ n'a pu réaliser son rêve de chanteur lyrique, cependant il se sert de son expérience sur la scène pour donner vie à ses personnages. Je ne vois pas de frustration exponentielle car si l'on prend l'exemple , encore une fois du Mystère de la grande Pyramide, je ressens plutôt de la joie parce que l'auteur a décidé d'en faire une comédie très réussie (nous en avions déjà parlé sur le Topic "Article du Monde 2007") tant les références à ce genre littéraire sont justes et abouties.
Je reprends le mot "Résurrection" car le cadre des catacombes dans "L'affaire du Courrier" m'interpelle. EPJ reprend une vieille tradition littéraire, trouvée, dans les récits épiques de type "L'Odyssée" ou la plus vielle épopée dites "L'Epopée de Gilgamesh", ce que les écrivains appelaient la Nekuia (le fait d'invoquer les défunts partis dans l'au-delà et les interroger sur le "devenir"). Les catacombes rappellent "Les Enfers", or les humains qui passaient par cet enfer, remontaient ensuite pour renaître. Et c'est exactement le cas d'EJP. Toutes ses créations lui ont permis au contraire de se retrouver, de se reconstruire, de restaurer son unité, son être. Toutes les aventures de ses personnages l'ont au contraire transcendé! Et cela me rappelle également un autre auteur de littérature : Monsieur Jules Vernes , qui voulait s'enfuir un jour à 11 ans sur un bateau en partance pour les iNDES, il fut rattrapé de justesse et promit à ses proches que finalement "il ne voyagerait plus que dans ses rêves"... Lui aussi aurait pu ressentir une certaine frustration , mais ce fut au contraire un aiguillon qui lui permit d'écrire des chef d'oeuvre .
Bon, ben je crois qu' il faut savoir s'arrêter de parler de temps en temps.......En tout cas, cet article est fabuleux et ouvre de savoureux débats. Merci encore une fois Thark!!!
