Je reviens sur ce fil après avoir laissé quelques jours passer, suite aux événements graves qui se sont déroulés dans la région parisienne la semaine dernière, que le monde entier a pu voir en direct à la télé, et qui secouent et stupéfient encore tout le monde (et qui bouleversent en particulier le monde de la BD, puisque parmi les morts figurent des auteurs de BD et des dessinateurs parmi les plus célèbres et parmi les meilleurs artistiquement comme humainement). Et je reviens en citant un extrait d'un précédent post :
jyb a écrit :Oui, enfin, relisez ce que Kronos et moi avons dit en août dernier, quelques posts plus haut : ce que nous décrivons paraît (me paraît à moi, et à Kronos sûrement) la réaction normale et générale qu'aurait n'importe qui dans la situation de la scène du pont. Sait-on comment on réagirait dans un cas pareil ?, demande Longtarin. Ben, je peux le dire avec une certitude à 100 % : quand ça tire comme dans la BD, on se met aux abris. Instinct de survie !
Qu'avons-nous vu dans la réalité, à l'occasion de ces attaques terroristes en pleine ville (en plein Paris et dans des villes alentour) ?
1) quand ça tire : tout le monde se planque ! Et même, dans un large rayon autour des lieux où ça se bagarre. Longtarin demandait : "
Sait-on comment on réagirait dans un cas pareil ?" S'il a regardé la télé entre mercredi et vendredi derniers, il a dû le savoir. Kronos et moi (cf la discussion en remontant à la page d'avant) le savions bien, et tout scénariste de BD devrait le savoir. Pas Yves Sente, dans la scène du pont de Londres dont on a débattu pendant des semaines.
2) quand ça tire et quand des autorités sont présentes, elles font le ménage autour de la zone dangereuse pour établir un large cordon de sécurité et éviter que des civils se prennent des balles perdues. Voyez ce qui s'est passé, par exemple, autour de l'imprimerie à Dammartin en Goële, où s'étaient retranchés deux terroristes : large zone d'interdiction, journalistes tenus à l'écart, policiers et gendarmes se protégeant de gilets pare-balles pour ceux qui sont aux premières loges, et évacuation dans des conditions difficiles des écoles et bâtiments proches. Normal, logique, et il n'y a pas besoin d'être militaire ou d'avoir vécu ça pour le savoir. Or, que voit-on dans la scène du pont dans Le Bâton de Plutarque : les autorités londoniennes n'ont rien fait pour alerter la population de l'arrivée d'un avion bombardier allemand (repéré pourtant dès qu'il a décollé de Berlin, ce qui, a déjà relevé Kronos en son temps, est d'ailleurs débile, mais passons). Quant aux militaires qui passent sur le pont (un capitaine, un major et un caporal), non seulement ils s'arrêtent sur ce pont et regardent tranquillement le spectacle d'avions qui tirent dans tous les sens au ras des toits et même au ras de la Tamise, mais ils ne font rien pour protéger les passants et les badauds et leur intimer l'ordre de se mettre à l'abri. Deux poids, deux mesures, et j'ajoute même : aberration totale dans la BD.
3) Certains, ici, ont critiqué les militaires en utilisant divers qualificatifs peu respectueux, pour défendre l'idée que ceux qu'on voit dans la BD et qui sont mis en scène par Yves Sente et André Juillard, puissent avoir cette attitude négligée et insouciante. Or, qu'a-t-on vu dans la réalité : des autorités, un Gouvernement et des soldats (= policiers du Raid et gendarmes du Gign) d'une cohésion et d'une efficacité remarquables (on a vu cet extraordinaire spectacle des foules qui, le dimanche à Paris, on applaudi les policiers). Ben oui : pour vaincre des barbares comme ces trois terroristes, il faut être super efficaces. Pas rester de simples fonctionnaires planqués derrière leur bureau comme l'a dénoncé l'un d'entre vous ici-même. Or, il ne s'agissait, dans la réalité "que" de trois terroristes. Croyez-vous que pour vaincre, pendant la 2nde guerre mondiale, des barbares un million de fois plus nombreux, il faille avoir pour chefs et pour soldats des incapables comme ceux qu'on voit dans la BD Le Bâton de Plutarque ? Des militaires, et même des héros, Blake & Mortimer eux-mêmes, inconséquents, sans initiative, à côté de la plaque, aussi insouciants que des enfants jouant dans un bac à sable. Tout cela à la veille de l'opération militaire la plus imposante de tous les temps : le débarquement de Normandie ! Je me demande encore comment les Alliés ont pu gagner la guerre contre la barbarie nazie avec des militaires pareils (ceux de la BD)...
4) j'ai vu à la télé l'interview d'un des responsables (du Raid ou du Gign, je ne sais plus) qui ont eu à intervenir dans l'imprimerie de Dammartin. Ce responsable a dit à un moment que, pour savoir comment on allait faire pour déloger les deux terroristes, tout en évitant les morts (tant des terroristes eux-mêmes, que des policiers qui auront à aller au charbon, que, surtout, de l'otage), les autorités ont imaginé plusieurs scénarios, en fonction des réactions possibles des terroristes, en fonction des lieux, etc. En fonction, aussi et surtout, du fait que - je résume, mais je pense que tout le monde a suivi ça à la télé et dans les médias - il fallait intervenir en même temps, quasiment à la même seconde, dans l'imprimerie à Dammartin ET dans le magasin casher à Vincennes. De telles projections sont faites avant toute opération risquée, d'ailleurs. Je n'ai qu'une chose à dire : heureusement que les chefs de la police n'ont pas demandé à Yves Sente de leur fournir des scénarios de sortie de crise. En fonction de la détermination des terroristes et de leur arsenal, il y aurait eu des dizaines de morts en plus, et les autorités françaises auraient été la risée du monde entier.
Sachant que l'incohérence de cette scène du pont de Londres dans la BD est à l'image de l'ensemble du scénario.