Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

scénario : Jean DUFAUX
Dessin : Christian CAILLEAUX et Étienne SCHREDER
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shamelord
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par shamelord »

Christian Cailleaux va mélanger son style à celui de l'âge d'or, ce qui en soi n'est pas une surprise. C'est le deal comme il dit. La vidéo nous permet de voir quelques superbes crayonnés !
Bonne chance à lui. J'espère que nous serons enchantés par l'album.
Quel vlek !
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archibald
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par archibald »

shamelord a écrit :
10 oct. 2020, 11:09
..../...
Bonne chance à lui. J'espère que nous serons enchantés par l'album.
Je le souhaite également . Il semble s'être inspiré de deux albums, le Secret de la Grande Pyramide et la Marque Jaune, mais pas du Mystère de l'Espadon .... :o
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Thark
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par Thark »

archibald a écrit :
13 oct. 2020, 11:31
Il semble s'être inspiré de deux albums, le Secret de la Grande Pyramide et la Marque Jaune, mais pas du Mystère de l'Espadon ....
:o
:lol: :lol: ... et j'ai été un peu désappointé qu'il ne mentionne pas L'énigme des météores diaboliques. :mrgreen: M'enfin... "Errare humanum est", n'est-il pas ?
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archibald
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par archibald »

C'est tout nous , on ne peux pas s’empêcher d'être taquin :lol: :lol: :lol:
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freric
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par freric »

Un dessin posté sur le compte Twitter d'Yves Schlirf aujourd'hui.

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Guy Nipigue
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par Guy Nipigue »

Bonjour;
Autant le dire tout de suite je ne suis pas archi fan de ce dessin que je trouve très maladroit.
Blake est tout en raideur (on dirait le robot Mortimer de Sato).
Mortimer quant à lui semble avoir une jambe plus courte que l’autre.
Espérons que l’album soit mieux maîtrisé...
jyb
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par jyb »

La revue Casemate de novembre vient de publier en avant-première 4 planches du prochain album de B&M, Le cri du Moloch. Ces quatre planches ont aussitôt attiré mon attention pour leur ambiance maritime, moi qui suis un passionné de bateaux.
Le professeur Mortimer vient avec un autre personnage dans le port de Londres puis embarque à bord d'un cargo, amarré à un quai isolé. J'ai tout de suite reconnu ce navire : un bon vieux Liberty ship, un type de cargo à tout faire, de grande taille pour l'époque, construit en urgence et à la chaîne, d'après le même plan, par les Américains durant la Seconde guerre mondiale à une quantité phénoménale, et qui a eu une seconde vie une fois la paix revenue. On en a vu pendant plus de 25 ans sur tous les océans, et je ne suis pas surpris d'en voir un dans cette BD (cependant, ce cargo est inactif et, on l'apprend à la lecture des planches, était destiné à la démolition).
Voici la première vignette, extraite de la planche 11, où se présente le cargo, dans son entièreté :
Image
Ce cargo semble avoir un rôle important dans l'histoire, mais autant avouer qu'un certain nombre de détails, d'erreurs d'interprétation et d'étourderies m'ont fait tiquer. Je vais en citer une.
Un Liberty ship a trois mâts principaux : deux à l'avant et un à l'arrière (on les voit sur le dessin ; ce ne sont pas les plus hauts, ce sont les plus gros ; et ils sont bien implantés ; pour le moment, tout va bien). Chaque gros mât vertical est composé d'un tronc au sommet duquel se trouve une petite plate-forme, plus large que le diamètre du tronc, qu'on appelle la hune. Sur un Liberty ship (et d'autres types de navires classiques du XXe siècle), cette hune forme la tête du mât, un peu comme la tête d'un clou, et cette tête nous apparaît, selon l'angle choisi par le dessinateur dans l'image ci-dessus, de forme triangulaire, pointe vers le bas. Pour que ce soit plus clair, et pour comparaison, je joins ci-dessous deux photos prises à peu près sous le même angle que dans le dessin, et recadrées sur le haut du DEUXIÈME mât, sur deux Liberty ships différents :
Image
Au-dessus de la hune s'élève, verticalement, un autre mât, plus fin, que l'on voit sur les photos et sur le dessin.
A noter que sur la photo de gauche, une rambarde entoure la hune, pour empêcher un matelot, qui viendrait s'y tenir, de tomber accidentellement ; on pourrait penser que le dessinateur a oublié cet important équipement, mais on trouve des Liberty ships en temps de paix qui n'ont pas cette rambarde, comme sur la photo de droite.

La hune et son support triangulaire forment une grosse pièce de métal, solide, chapeautant d'un seul morceau le haut du mât ; on la trouve sur tous les Liberty ships du monde, car c'est un équipement universel et inamovible.
Mais voyez ce qu'a vu le coloriste : il a peint de la couleur du ciel les angles gauche et droit de la hune. Voici un agrandissement du dessin en couleur :
Image
Le coloriste n'a donc pas appréhendé la forme de la pièce (d'ailleurs approximative dans le dessin...). Tandis que sur le mât arrière, le coloriste a bien appliqué la couleur du navire sur la largeur de la hune - sauf que cette hune dans la vignette n'est pas triangulaire (et là, c'est, au départ, un défaut du dessin, toujours approximatif, alors que les hunes sont dans la réalité strictement identiques d'un mât à l'autre).

Dans la case suivante, toujours planche 11 bien sûr, on revoit le cargo, sous un angle un peu similaire mais plus accentué :
Image
Or, voyez ce qui arrive :
- les angles droit et gauche de la hune sont toujours coloriés comme le ciel (au lieu d'être du même ocre que la coque et les mâts, bien sûr).
- mais en plus, le coloriste a colorié en ocre (comme l'ensemble du navire) un espace entre le mât avant et le deuxième mât, alors que cet espace est tout simplement le fond de l'image avec le ciel et les nuages. Le coloriste a pris les câbles entre les mâts pour la délimitation d'une sorte de caisse parallélépipédique qui se trouverait sur le pont, entre les deux mâts. Laquelle caisse n'est bien sûr pas visible dans l'image avant, puisqu'il n'y a pas de caisse...
Modifié en dernier par jyb le 27 oct. 2020, 18:36, modifié 1 fois.
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par freric »

Merci pour cette démonstration.
Ma connaissance des "liberty ship" s'arrête à la série Tramp.

Les planches présentées ne m'enthousiasment guère.
A voir, quand j'aurai l'album en main.
Image

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jyb
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par jyb »

freric a écrit :
26 oct. 2020, 21:06
Merci pour cette démonstration.
Ma connaissance des "liberty ship" s'arrête à la série Tramp.
La série Tramp, par Jusseaume (récemment décédé) et Kraehn, met en scène en effet des Liberty ships. Il suffit de s'y reporter pour voir comment Jusseaume a dessiné (et colorié) de façon conforme et réaliste le mât n°2 d'un Liberty, pour ne parler que de ce détail.

Un autre "détail" est celui de la représentation de l'échelle de coupée, càd de la passerelle inclinée et articulée qui permet aux personnes d'embarquer sur un navire à partir du quai (ou à l'inverse de débarquer, du navire vers le quai). Dans Le cri du Moloch, on voit ceci (Morti et son acolyte montant sur le cargo par la fameuse échelle de coupée ; toujours extrait de Casemate de novembre) :
Image
On voit des marches d'escalier que franchissent les deux personnages, marche après marche. C'est un escalier normal, avec marches horizontales et contre-marches verticales.
Or, le jour où vous verrez une échelle de coupée faite de marches d'escalier comme ça... Le principe de l'échelle de coupée d'un navire est de s'articuler de sorte qu'elle est franchissable, quelle que soit la hauteur du pont du bateau par rapport au quai où il est amarré. Parfois, parce que le niveau du bassin est haut et parce que le bateau est vide de cargaison, donc très peu enfoncé dans l'eau, le pont est très haut ; du coup, l'échelle de coupée est inclinée selon une pente assez abrupte, et les marches (s'il y avait des marches) ne seraient plus horizontales ; elle seraient même inclinées elles aussi, au point que les hommes qui arpentent l'échelle risqueraient de glisser (pour un peu qu'il pleuve, ou qu'il fasse froid avec givre recouvrant lesdites marches, ce serait l'accident à coup sûr). A l'inverse, quand le pont du bateau est proche du quai, verticalement, l'échelle est plutôt couchée ; là aussi, les marches ne seraient plus horizontales, et les hommes qui la franchissent seraient obligés de poser les pieds sur l'arête de la marche. Pour éviter ces désagréments, les échelles de coupée sont faites de barres parallèles, par exemple boulonnées sur de longues planches, comme ceci (c'est moi qui ai fait ce croquis) :
Image
Dans Tramp, on voit ce type d'échelle (comme sur mon croquis). D'ailleurs, on appelle ce matériel "échelle", et comme dans toute échelle, il y a des barreaux, pas des marches.
A ceci près que Jusseaume a parfois dessiné une autre partie d'échelle de coupée d'un Liberty ship, qui ressemble un peu à celle-ci (le bateau sur cette photo n'est pas un Liberty ship) :
Image
Quoi qu'il en soit, on voit bien que sur ces échelles de coupée, il n'y a pas de volée de marches comme dans Le cri du Moloch. Sur la photo ci-dessus, on devine que chaque "marche" est une barre de section ovale, de sorte que, quelle que soit l'inclinaison de l'échelle, le pied trouve toujours un bon appui sur chaque barre. Il faut savoir que les marins sont des gens pratiques et logiques ; tout ce qu'on trouve à bord est étudié en fonction d'une longue expérience, pour assurer la sécurité de tout le monde.
Modifié en dernier par jyb le 27 oct. 2020, 17:06, modifié 1 fois.
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archibald
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par archibald »

Bravo Jyb ! CQFD
Si j'ai bien suivi tes explications, on devrait arriver à quelque chose ressemblant à ceci;
moloch11 b.jpg
Excuse-moi par avance, je ne suis pas un spécialiste et je vais surement employer des termes inexacts.

Je pense que la coloriste a été trompée par cette échelle de corde qui n'arrive pas au niveau du pont.

Bravo en tout cas pour ta démonstration. Je pense qu'Edgar Jacobs, si pointilleux au sujet des couleurs, n'aurait pas laissé passer cela.
Au sujet de l'échelle de coupée, si on veut défendre les repreneurs (ce n'est pas trop mon genre mais pour une fois je me fait l'avocat du diable), on va dire qu'elle a été remplacée par un escalier classique car le Pathna n'a plus vocation de naviguer mais de servir de laboratoire. Il faut penser à ces pauvres scientifiques qui souvent ne sont pas des hommes de terrain et qui n'ont pas le pied marin. :lol: :lol: :lol:
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par jyb »

archibald a écrit :
27 oct. 2020, 08:55
Bravo Jyb ! CQFD
(...)
Excuse-moi par avance, je ne suis pas un spécialiste et je vais surement employer des termes inexacts.

Je pense que la coloriste a été trompée par cette échelle de corde qui n'arrive pas au niveau du pont.
Tes questions, qui n'ont l'air de rien comme ça, m'obligent à répondre en trois fois, donc je réponds d'abord (dans le désordre) à ta deuxième question, que je reprends ici en citation...
L'échelle qu'on aperçoit sur le côté du mât n'est pas une échelle de cordes. C'est une échelle métallique, solidaire du mât avant (et il y a intérêt qu'elle soit solidaire ; je rappelle que rien ne se fait au hasard sur un bateau, surtout sur un comme ça qui a été construit pour affronter toutes les mers en temps de guerre, malgré les tempêtes, les sous-marins et avions ennemis, etc.).
Pourquoi cette échelle ne descend pas jusqu'au pont ? Plutôt que me lancer dans de grands discours, voici deux photos parlantes. La première a été prise durant la construction d'un Liberty ship, sur un chantier aux Etats-Unis (chantier JA Jones, à Brunswick) :
Image
Cette image montre le mât avant (donc ce n'est pas le deuxième mât que je décrivais plus haut), et il montre surtout sa face arrière (l'avant du cargo est donc plutôt vers le fond à droite de l'image).
A noter qu'on remarque qu'on est dans un chantier de construction, car il y a des cordages supplémentaires, et on voit un ouvrier avec, dans sa poche de pantalon, divers outils, et on voit surtout une femme assise sur une planche en balançoire ; pendant la guerre, beaucoup de femmes ont bossé dans les chantiers navals, les usines de construction d'avions, de tanks, etc., alors que les hommes actifs étaient partis combattre sur tous les fronts.
Cette photo montre qu'il y a en fait DEUX échelles, similaires, mais disposées différemment. La plus grande échelle (en terme de longueur dans le sens vertical) est bien plaquée contre le mât. On ne peut pas la voir quand on est devant le bateau. La plus petite échelle (en terme de longueur toujours) ne descend pas jusqu'en bas. Il y a une sorte de palier à mi-hauteur du mât, là où se trouvent justement les deux ouvriers, qui permet d'atteindre un autre endroit du sommet du mât, par cette échelle secondaire qui se détache assez nettement sur le côté droit du mât (mais sur ma seconde photo, plus bas, on voit qu'elle se détache plus nettement).

On remarque que cette échelle secondaire est bien À DROITE du mât, quand on regarde le bateau sous cet angle. Evidemment, si on regarde le bateau dans l'autre sens, de l'avant vers l'arrière, elle est à gauche du mât, à gauche selon le point de vue de l'observateur placé devant le bateau. J'en veux pour preuve cette autre photo, qui montre un des derniers Liberty ships visibles dans le monde, le fameux (?) Jeremiah O'Brien basé à San Francisco et bichonné par une association américaine de passionnés :
Image
On voit bien l'échelle secondaire, partant de la mi-hauteur du mât, et placée à gauche du mât (à gauche selon cette photo dans le sens : "d'avant vers l'arrière" ; mais bien sûr, si on regarde le bateau de l'arrière vers l'avant, l'échelle secondaire est sur la droite du mât, comme sur la précédente photo). Je cadre exprès avec le nom du bateau sur la coque, pour bien montrer que la photo n'est pas inversée. Tous les Liberty ships ayant été construits sur le même modèle, à la chaîne (pour des raisons économiques et pratiques que je n'ai pas besoin de développer), toutes les échelles secondaires du mât avant sont à droite du mât quand on regarde vers l'avant.
Or, dans le dessin du Cri du Moloch, l'échelle secondaire est de l'autre côté du mât. Seule explication que j'imagine : le dessinateur avait sous les yeux une photo similaire à celle ci-dessus du Jeremiah O'Brien, mais l'a inversée car pour son dessin, il préférait montrer le cargo sous un autre angle. Inversant la photo, il a inversé aussi la place de l'échelle secondaire qui, sous cet angle, passe de la gauche à la droite du mât...
Et du coup, la coloriste, voyant que l'échelle ne descend pas jusqu'en bas, a cru qu'il y a quelque chose (genre : grande caisse) qui masque le bas de l'échelle... Pourtant, dans la précédente vignette de la planche 11, où l'on voit une première fois le Liberty ship, il n'y a pas de caisse sur le pont entre les deux mâts avant. La coloriste n'a rien eu à colorier en ocre à cet emplacement...
Et comme dirait Sganarelle dans Molière : "Et voilà pourquoi votre fille est muette"...

Attention : il est possible que certains Liberty ships en temps de paix n'aient plus l'échelle secondaire ; j'ai observé un certain nombre de photos, on ne voit plus cette échelle secondaire qui a été démontée. Dans l'image de la BD, elle y est (ce qui est normal), mais placée du mauvais côté (ce qui est anormal).
Modifié en dernier par jyb le 27 oct. 2020, 11:28, modifié 1 fois.
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archibald
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par archibald »

Merci Jyb pour cette réponse illustrée .C'est très clair! :p
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jyb
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par jyb »

Maintenant, je passe à ta deuxième question (qui, dans l'ordre, est en fait ta première). Tu as recolorisé la partie mal colorisée entre les deux mâts, où je disais qu'on dirait qu'il y a une sorte de grande caisse sur le pont. Je remets ici ton image rectifiée par tes soins :
Image
Oui, tes corrections (les angles de la hune au sommet du mât n°2, et le ciel entre le bas des deux mâts avant) sont bonnes, il fallait bien mettre de l'ocre sur les angles de la hune, et à l'inverse du gris des nuages là où il y avait de l'ocre.

Sauf que... Tu n'as pas vu (mais je n'en ai pas encore parlé car c'est un autre sujet copieux qui pourrait m'entraîner à faire un long développement) que la coloriste s'est encore trompée, ailleurs. Sachant, je le précise, que je ne jette pas la pierre à la coloriste, car il y a de quoi se tromper. Mais les auteurs auraient dû relever et faire rectifier.
Sur chaque côté du château d'un cargo (ou d'un paquebot, d'un pétrolier, etc.), il y a des extensions qui viennent jusqu'à l'aplomb de la coque, qu'on appelle des ailerons de passerelle. En mer ou dans un port, le personnel de quart à la passerelle peut venir sur ces ailerons, pour mieux voir quelque chose, observer à la jumelle, pour voir quelque chose qui flotte le long du bord, pour faire le point à midi à l'aide d'un sextant, quand on accoste un quai, etc. Les ailerons de passerelle existent sur TOUS LES NAVIRES DU MONDE depuis toujours car ils sont indispensables. C'est pourquoi, à mes yeux, cela ne peut pas se traiter à la légère.
Or, là aussi il y a une grande approximation. De l'approximation dans le dessin (je peux y revenir plus tard, si on insiste) mais aussi de l'approximation dans la mise en couleur. Voici, dans l'image où apparaît pour la première fois le Liberty ship (toujours planche 11 publiée dans Casemate), un recadrage sur l'aileron de passerelle bâbord (à droite quand on regarde l'image) avec sa mise en couleur :
Image
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec la marine, je précise que l'aileron de passerelle est ici en plein centre de l'image recadrée.

Mais voici le même aileron de passerelle dans l'image suivante, quand on voit le Liberty pour la deuxième fois ; et là, j'ai mis une flèche pour désigner l'aileron de passerelle, car la mise en couleur erronée l'a fait tout simplement disparaître ! Or, c'est impensable de faire "disparaître" un tel équipement d'une importance capitale sur un navire. L'aileron de passerelle est là encore couleur gris ciel :
Image

Il ne te reste plus, cher Archibald, qu'à coloriser aussi en ocre l'aileron de passerelle dans la deuxième image...

Au niveau du dessin, on devine l'approximation car la forme générale de l'aileron sur la première image est grossière et pas conforme à la forme de l'aileron dans la deuxième image... On comprend qu'il y a un lézard, mais là, vaste problème pour ce qui est des explications historico-techniques...
jyb
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par jyb »

Et pour répondre à ta troisième proposition :
archibald a écrit :
27 oct. 2020, 08:55
Au sujet de l'échelle de coupée, si on veut défendre les repreneurs (ce n'est pas trop mon genre mais pour une fois je me fait l'avocat du diable), on va dire qu'elle a été remplacée par un escalier classique car le Pathna n'a plus vocation de naviguer mais de servir de laboratoire. Il faut penser à ces pauvres scientifiques qui souvent ne sont pas des hommes de terrain et qui n'ont pas le pied marin. :lol: :lol: :lol:
Oui, on peut expliquer ça comme ça, sauf qu'il faut un minimum de cohérence d'un dessin à l'autre, or, dans les deux images où l'on voit le Liberty en entier à quai, on voit aussi son échelle de coupée. Bien qu'approximative elle aussi, je peux dire que c'est bien une échelle de coupée de Liberty. Voici pour comparer cette photo sous un angle à peu près similaire d'un Liberty (français), à quai lui aussi, avec son échelle de coupée abaissée jusqu'au quai :
Image

On remarque d'ailleurs qu'une échelle de coupée est en deux morceaux qui ne sont pas tout à fait dans le prolongement l'un de l'autre (on devine une articulation au milieu de l'échelle) ; un détail qui ne figure pas dans le dessin de la BD, mais comme on a compris que le cargo est schématiquement dessiné avec pas mal d'approximations, le dessinateur a fait l'impasse sur cet aspect (et d'ailleurs, vu la distance et l'angle de vue, ce n'était pas nécessaire, dans la BD, de marquer cette articulation).
Ceci me permet de préciser que les deux volées de l'échelle ne sont pas tout à fait identiques : la partie basse est ajourée et il y a un léger espace entre chaque barreau ; la partie haute est pleine et faite de longues planches (sur lesquelles sont boulonnées des traverses qui servent de marches, comme dans mon schéma que j'ai mis en ligne dans un post plus haut).
Bref, pour moi, dans la BD, dans les vues entières du navire, c'est bien une échelle de coupée et pas un escalier, et donc dans les deux images où l'on voit Morti commencer à monter, on aurait dû voir aussi le bas d'une échelle de coupée, et pas des marches et contre-marches d'un escalier normal. S'il y avait un escalier "normal" le long de la coque, dans les deux dessins où apparaît le Liberty entier, cela se remarquerait, on verrait une installation un peu plus imposante, mieux charpentée.
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archibald
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par archibald »

jyb a écrit :
27 oct. 2020, 12:06
.../...Il ne te reste plus, cher Archibald, qu'à coloriser aussi en ocre l'aileron de passerelle dans la deuxième image...
Cela donne une image un peu plus équilibrée ... encore que l'aileron de passerelle pourrait être un poil plus long. :roll:
moloch11 b.jpg
.
Voilà ce qui arrive quand chacun travaille dans son coin :p
Je pense qu'il aurait été préférable d'installer ce "laboratoire" dans une base souterraine pour éviter toutes ces erreurs... Mais on peut imaginer que ce liberty ship va prendre la mer par la suite (sinon quel intérêt ?) . Ce qui veut dire que ma défense précédente au sujet de l'échelle de coupée , tombe à l'eau. :lol:
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par Thark »

archibald a écrit :
28 oct. 2020, 08:35
.../... on peut imaginer que ce liberty ship va prendre la mer par la suite (sinon quel intérêt ?) . Ce qui veut dire que ma défense précédente au sujet de l'échelle de coupée , tombe à l'eau. :lol:
Non, je pense que ta 'défense' est réaliste. Aux dires de Scaramian, ce navire était voué à la démolition et il précise : "... nous l'avons remis en état. Du moins en fonction de ce que nous attendons de lui". Et Mortimer de poursuivre : "je suppose que ce n'est pas pour le remplir de marchandises et le relancer à la mer".

Et n'oubliez pas, chers amis, que C. Cailleaux, en commentaire de planche, précise ceci : "j'imagine que la coque n'est qu'un subterfuge et que le labo occupe toute la place jusqu'au fond du port". Pour moi, ça a au moins le mérite d'être clair : si ça n'est qu'un simulacre de cargo, l'absolue fidélité documentaire n'a pas été la priorité des auteurs dans le cas présent...
:p
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par Thark »

"PS" : Ceci étant, je rends hommage à tes faramineuses connaissances techniques, Jyb. Merci à toi et à Archie pour ces apports pointus et ces 'corrections collaboratives' en ce qui concerne les couleurs ! :ugeek: 8-)
jyb
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par jyb »

Merci Thark, je pourrais d'ailleurs prolonger mes descriptions et explications, mais ça prend du temps...

archibald a écrit :
28 oct. 2020, 08:35
Cela donne une image un peu plus équilibrée ... encore que l'aileron de passerelle pourrait être un poil plus long. :roll:
Dans cette image où tu as mis de la couleur là où il fallait sur l'extrémité de l'aileron de passerelle, l'aileron de passerelle est à peu près correct (au niveau de la longueur horizontale). C'est dans la première image où apparaît le Liberty ship que le même aileron est trop gros et trop long. Comme je connais les Liberty ships, j'ai tout de suite deviné pourquoi le dessinateur a fait une nouvelle confusion (dans la première vignette où apparaît le Liberty, je répète) et pourquoi il a dessiné un aileron de passerelle plus vrai dans la deuxième vignette (sauf que la coloriste a fait "disparaître" cet aileron, pas de chance...). Mais pour expliquer tout ça, ça va me demander une longue digression, avec démonstration par des images. Et ce serait juste pour l'anecdote, car je pense que 99,9 % des lecteurs de ce futur album n'en ont rien à faire.
Thark a écrit :
28 oct. 2020, 09:45
Pour moi, ça a au moins le mérite d'être clair : si ça n'est qu'un simulacre de cargo, l'absolue fidélité documentaire n'a pas été la priorité des auteurs dans le cas présent...
:p
"Simulacre" ? Tu veux dire que c'est un semblant de cargo, une représentation fictive ? Pour moi, non, on comprend bien que le cargo est réel (il est abandonné là depuis la dernière guerre et il était voué à la démolition, c'est dit dans une bulle). Malgré certaines approximations, je reconnais tout de suite un Liberty ship, un vrai, pas un simulacre.
Seulement, d'une image à l'autre, pour une simple question de cohérence, cela aurait été bien que le Liberty ship se ressemble à lui-même, que l'échelle de coupée dans une case ressemble à l'échelle de coupée dans une autre case, que l'aileron de passerelle soit identique partout, etc.

Par ailleurs, j'ai été surpris de lire aussi dans Casemate que le dessinateur dise qu'il "imagine que la coque n'est qu'un subterfuge et que le labo occupe toute la place jusqu'au fond du port". Pour l'information de ceux qui ne sont pas au courant, il faut savoir qu'un imposant laboratoire secret a été installé dans les cales du cargo. Mais il aurait fallu que le dessinateur se coordonne avec son scénariste pour savoir quoi représenter exactement, et surtout je vois mal pourquoi et comment ouvrir le fond des cales pour que le laboratoire repose sur le fond du port. Et si tout à coup, les autorités portuaires décident, comme ça arrive fréquemment, de déplacer le cargo pour une raison ou une autre, on fait quoi...? Et si tout à coup le service du dragage décide de vider le bassin pour le nettoyer, on fait quoi...? Etc.

Il y a d'autres choses que je n'ai pas encore signalées qui détonent sur un Liberty ship, de sorte que n'importe quel observateur, n'importe quel marin ou familier du milieu maritime et portuaire se diraient que c'est du faux (à cause des approximations dues au dessinateur). Ceci mettrait la puce à l'oreille des autorités portuaires qui se diraient assez vite qu'il y a un gros lézard avec cet étrange Liberty ship pas conforme du tout. Or, je suppose que l'organisation qui a installé un labo clandestin dans les cales ferait tout pour que le Liberty ship soit absolument normal et passe inaperçu !
jyb
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par jyb »

Un autre truc qui cloche dans les deux dessins du cargo Liberty ship à quai : son amarrage. On ne voit qu'une aussière à l'avant. Comment le navire tient-il à quai ?? Avec une seule aussière à l'avant, on comprend qu'au gré du vent, le navire va se balader dans le port en faisant un demi-cercle autour de cet unique point d'amarrage, comme une chèvre attachée à son piquet. Au risque de heurter un quai ou un autre bateau, de se faire un trou dans la coque et de couler.
S'il y a bien une chose à laquelle font attention tous les marins du monde, c'est la façon de maintenir à quai un gros cargo comme ça... Je parlais des autorités portuaires (capitainerie, services de sécurité qui passent régulièrement pour voir si tout va bien, des services des pompiers, etc.) qui vont finir par se douter qu'il y a un problème, et ce doute va venir très vite dès qu'on va voir qu'il n'y a qu'une aussière au cargo...
Même si la zone est fermée par des forces militaires comme on le voit dans les planches publiées dans Casemate de novembre, le cargo peut s'observer de loin par les autorités. Et de toute façon, avant que le cargo soit acquis par l'organisation qui a souhaité installer clandestinement un laboratoire dans les cales, il devait être déjà amarré à ce quai, avec toutes les amarres souhaitées réglementairement. Comment se fait-il que dans l'intervalle, toutes les aussières, sauf une, ont disparu...??
J'ai déjà posté un peu plus haut une photo de Liberty ship (français) à quai : regardez bien les aussières, il y en a plusieurs à l'avant et plusieurs à l'arrière... Comme je l'ai déjà dit aussi, dans la marine, rien ne se fait au hasard, tout est étudié et a sa raison d'être. Il faut savoir qu'un bon et vrai amarrage à un quai se fait au moyen de plusieurs aussières qui en quelque sorte se croisent, et se complètent. Il y en a qui sont perpendiculaires au quai (ce sont les "traversiers", qui empêchent tout bêtement le navire de s'éloigner du quai) ; il y en a qui vont vers l'avant du bateau et d'autres vers l'arrière (ce sont les gardes montantes et les gardes descendantes ; elles empêchent le bateau de glisser vers l'avant et vers l'arrière). Il y a l'aussière dite "pointe avant", etc., c'est tout un poème.
Voici d'ailleurs un plan succinct d'un amarrage, avec l'arrière d'un navire :
Image

Pourquoi autant d'aussières ? Ben, parce qu'un vent fort peut, en poussant sur la coque et les superstructures, faire s'arracher ou casser une ou plusieurs aussières. La surface verticale d'un navire qui a prise au vent, au-dessus de la surface de la mer, s'appelle le fardage. Le fardage d'un tel Liberty comme on le voit sur les dessins de la BD, c'est énorme et cela occasionne une pression terrible. Il arrive même parfois où, un gros coup de vent étant annoncé, le commandant ordonne qu'on double l'amarrage, pour assurer le coup... Et dans le cas d'un amarrage dans un port fluvial, le courant du fleuve peut être puissant (et en tout cas, il est permanent). Il y a intérêt à bien saisir le bateau à quai, tant à l'avant qu'à l'arrière.

En plus, les auteurs ne le savent manifestement pas, mais on ressent les effets de la marée, dans le port de Londres. Il y a une dénivellation entre la marée haute et la marée basse (on dit "marnage") de 8 mètres à Londres (vérification faite), qui amène le cargo à monter et descendre au gré des marées, et qui devrait obliger un matelot à revoir les aussières, en les tendant ou les détendant, alternativement, en permanence, 24 heures sur 24... (c'est comme ça qu'on faisait autrefois, quand il n'y avait pas encore les treuils à tension automatique qui font le boulot à la place du malheureux matelot).
Ce qui, en plus de mon "en plus" ci-dessus, démontre que ce qu'imagine le dessinateur, quand il dit que le laboratoire clandestin est peut-être ancré sur le fond du port, est impossible, pour ne pas dire farfelu.

Enfin, trois autres énormités (à mes yeux...) dans les dessins du Liberty à quai :
- il n'y a qu'une aussière car apparemment, il n'y a qu'une bitte d'amarrage (ou bollard) sur ce quai. Or, des bollards, normalement, il y en a beaucoup, à intervalles réguliers, sur tous les quais du monde... D'une part pour saisir toutes les aussières à des points d'amarrage distincts et espacés, et d'autre part parce que, selon la longueur des navires, on doit pouvoir disposer de bollards à n'importe quel endroit où l'on se met à quai. Voir là aussi la photo d'un Liberty à quai que j'ai postée précédemment - et voir surtout la deuxième image de la planche 11 du Cri du Moloch (la même planche où figurent les deux images du Liberty à quai), dans Casemate de novembre, où l'on voit un quai (du même secteur du port de Londres) avec autant de bollards que souhaités...
- la boucle de l'aussière est très, très négligemment saisie autour du bollard. Les torons de l'aussière devraient former une boucle (un "oeil") qui se ferme au moyen d'une puissante épissure. Là, dans le dessin, le bout de l'aussière est juste entortillé autour de l'aussière elle-même, deux fois, sans noeuds, sans attache, ce n'est ni fait ni à faire. En un rien de temps, le bout va glisser, l'aussière se décrocher, et adieu le bateau...
- on va peut-être me rétorquer, pour défendre les dessinateurs, qu'il y a quand même une aussière à l'arrière (ce qui serait de toute façon largement insuffisant) et qu'on ne la voit pas car l'arrière du cargo est trop loin, dans le fond de deux images de la BD. Certes. Mais alors, à l'arrière du même cargo, au-dessus du pont, comment se fait-il qu'on voie très nettement les câbles de la mâture ? Je peux vous garantir que certains de ces câbles sont si fins qu'on ne devrait pas les voir dans le dessin. Pourtant, ils sont visibles car dessinés avec un trait épais. Et l'aussière arrière, peut-être 50 fois plus épaisse que ces câbles, on ne la verrait pas...?
jyb
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Re: Ce que nous savons de L'Onde Septimus -2 - Le cri du Moloch

Message par jyb »

Un autre aspect m'a surpris dans le choix du cargo type Liberty ship pour la BD Le cri du Moloch, en tant que navire abritant dans ses flancs un vaste laboratoire clandestin et hautement technologique.
Deux faits historiques, devenus presque des légendes, caractérisent les Liberty ships - des faits connus encore de nos jours dans le milieu maritime. 1) ces navires ont été construits à très grande vitesse (le record du cargo construit dans le temps le plus court, dans toute l'histoire de la marine, toutes époques confondues, concerne deux Liberty ships ; le premier a été construit en 4 jours et demi ! Une performance due au savoir-faire et à l'efficacité des Américains ; le deuxième record : 10 jours seulement... La moyenne des autres : entre trois et quatre semaines). 2) une autre légende court à leur sujet : ils avaient tendance à se casser facilement en deux. C'est au point que, lorsque le Gouvernement français a acquis 75 unités après la guerre auprès des Etats-Unis, des marins français ont refusé d'embarquer à leur bord, de crainte de faire naufrage... Or, c'est vrai : les Liberty, fragiles, se cassaient facilement en deux, en particulier à cause de la rapidité avec laquelle ils ont été construits, par des employés souvent mal formés. Les soudures qui assemblaient les pièces ne tenaient pas, les aciers des coques n'étaient pas les meilleurs... Des études techniques poussées ont été lancées pour comprendre le phénomène. En particulier, un endroit des Liberty ships était plus fragile que d'autres : juste devant le château. Les tôles se déchiraient petit à petit, des poutres se sont arrachées... Et crac, des Liberty se sont cassés en deux moitiés à peu près égales... J'ai de nombreuses photos à montrer pour le prouver, mais par manque de temps et pour pas encombrer, j'en montre juste quelques-unes.
Une photo a fait le tour du monde au lendemain de la guerre, avec la cassure du Liberty américain Helena Modjeska, en deux moitiés :
Image

Ici, un Liberty coupé en deux moitiés également et échoué, le Rufus King :
Image

Ici, l'avant d'un Liberty coupé en deux en 1943, vu du côté de la déchirure (on voit en haut le deuxième mât, le même fameux mât que j'ai abondamment décrit dans des posts précédents) :
Image
Il faut savoir que ce Liberty, le Valery Chkalov, a réalisé un exploit quasiment unique : dans la tempête dont il fut victime, quelque part dans le nord Pacifique, la partie arrière, qui renferme la machine, a évolué sur la mer en faisant une sorte de cercle complet, et est revenue vers la partie avant, au point de la heurter. Ce qui fait un cas exceptionnel : un bateau qui s'est abordé lui-même !

Ici, l'arrière d'un autre Liberty coupé en deux (c'est le Western Farmer, et la photo a été prise à Dunkerque où des remorqueurs sont venus le mettre à l'abri) ; on voit à droite la section de la coque, coupée net :
Image

Des Liberty abandonnés, voués à la démolition (comme celui de la BD de B&M - c'est dit dans un dialogue) se sont fragilisés avec le temps, comme ce Liberty italien qui arbore une large déchirure, toujours à peu près au même endroit, soit vers le milieu du navire :
Image

On pourrait donc conclure que les auteurs de la BD ont mal choisi : installer un laboratoire à bord d'un type de bateau qui se casse pour un rien... Dans la réalité, un spécialiste, un marin, auraient tout de suite dit aux concepteurs du laboratoire que c'est une très mauvaise idée de choisir un Liberty ship, surtout un vieux Liberty ship...
J'apporte toutefois deux bémols pour essayer de défendre les auteurs :
1) les cassures sont souvent arrivées dans des conditions particulières : pendant une tempête, ou avec une cargaison lourde, ou dans des mers très froides (le froid extrême fragilisant encore plus les aciers), etc. Dans la BD, si le Liberty reste à quai, tranquillement (mais comme je ne connais pas l'histoire, je ne sais pas si le Liberty ne va pas entamer un voyage), on peut supposer qu'il ne lui arrivera rien de fâcheux (tout de même : dans les dialogues, un personnage dit que le Liberty est abandonné, était voué à la démolition et que c'est "une vieille coque qui en a vu d'autres" (sic) ; en lisant ça, je crains le pire...).
2) les Américains, s'étant aperçus durant la guerre, avec l'expérience des premiers voyages des Liberty, qu'ils étaient fragiles, ont parfois renforcé la coque aux endroits les plus fragiles, en rivetant des bandes métalliques de renfort dans le sens de la longueur : une sur chaque côté de la coque, et deux sur le pont, horizontalement (une de chaque côté du pont). Les déchirures qui pourraient apparaître pendant un voyage seraient arrêtées par ces bandes métalliques, qu'on appelle justement (en anglais, avec une expression qu'on comprend même si on ne parle pas anglais) : crack arrestors.
Voici une photo montrant un de ces "crack arrestors" sur le côté d'un Liberty ; j'ai mis deux flèches de couleur pour le localiser, j'espère qu'on le voit bien :
Image

On pourrait donc considérer que le Liberty de la BD a aussi ces "crack arrestors" et qu'il ne risque rien (on ne les voit pas dans les images, mais bon, disons qu'ils y sont...).

Sauf que (c'est marrant, il y a toujours un "sauf que...") ces bandes de renfort se situaient exclusivement au milieu du navire, pour empêcher les déchirures à l'aplomb de l'avant du château, la zone la plus fragile du cargo (en effet, on avait calculé, dans les études citées plus haut, que les ondes vibratoires qui parcouraient tout le navire dansant sur la mer et recevant des coups de boutoir des vagues qui le frappent en permanence durant ses traversées, se concentraient et se rejoignaient à cet endroit, d'où fragilité et d'où cassure). Or, des Liberty se sont cassés... en trois morceaux ! Donc, une autre importante déchirure s'est faite à un tout autre endroit que celui que les statistiques désignaient. Voici la preuve avec cette coupure de presse (depuis le temps que je décris les Liberty ships, je pense qu'on reconnaîtra assez facilement un Liberty ship sur la photo de la coupure de presse) ; il s'agit du panaméen Azuero :
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