Mare & Martin
Titre : Edgar P. Jacobs et les dess(e)ins du droit: La justice éclairée par Blake et Mortimer
Auteurs : Arnaud Coutant
Éditeur : Mare & Martin
Collection : Droit et littérature
Numéro :
Copyright :
ISBN : 978-2849346082
Dépôt légal :
Illustrations de couverture :
Illustrations :
Parution : 16 juin 2022
dimensions : 160 × 240 cm × 22 mm
Format : broché
Poids : 0.458 Kg
Nombre de pages : pages
Tirage :
Numéroté : non
Ex-libris : non
Prix : 32,00 €
Commentaires :
J'ai contacté les éditions Mare et Martin il y a quelques jours, et l'auteur a répondu en personne:
Edit : 10h50 rajout de la réponse de l'auteur. (Donc bien après la réponse d'Archibald ci-dessous)Arnaud COUTANT a écrit :les éditions Mare et Martin m’ont fait parvenir votre message concernant mon livre à paraître Edgar P Jacobs et les dess(e)ins du droit, la justice éclairée par Blake et Mortimer.
Peut-être aviez-vous déjà essayé de me contacter par l’intermédiaire de Twitter il y a quelques jours ?
Je souhaitais terminer un certain nombre de tâches en cours avant de revenir vers vous.
Vous souhaitez avoir un peu plus de renseignements concernant l’ouvrage que je viens d’écrire et qui paraîtra en septembre.
Tout d’abord, permettez-moi de me présenter. Je suis professeur de droit public à l’université de Reims. Je mène des recherches dans trois domaines distincts, le droit constitutionnel américain, l’histoire des idées politiques et les études interdisciplinaires entre droit et culture.
Dans cette dernière thématique, j’ai publié un ouvrage sur le droit et le cinéma en 2018 (les lois d’Alfred Hitchcock), sur le droit dans les séries télévisées (Juridiquement vôtre en 2020, ce livre concerne la série Amicalement vôtre) et plusieurs contributions et articles rapprochant droit et littérature.
C’est ce dernier thème qui est à l’origine de l’ensemble du mouvement de recherche rapprochant le droit et un certain nombre d’autres disciplines artistiques en particulier.
Le mouvement droit et littérature est né aux États-Unis au début du XXe siècle. Ses initiateurs voulaient familiariser les étudiants en droit avec des problématiques juridiques pratiques en utilisant la littérature et les exemples fournis dans les romans.
C’est sur ce fondement que le mouvement s’est développé par la suite. Il s’agit de rechercher dans des œuvres littéraires la description de professions juridiques, de procès, de procédures judiciaires ou encore de point de droit.
Pour ma part, j’ai commencé à travailler dans cette perspective avant de l’utiliser également pour d’autres objets culturels, les films, les séries télévisées et donc dernièrement la bande dessinée.
Le premier aspect est toujours le même, rechercher dans l’œuvre la présence de détails juridiques qui peuvent servir de contexte ou de questions juridiques qui parfois sont au cœur de l’intrigue.
Voilà pour une présentation générale de mon approche.
Concernant plus précisément Jacobs, j’ai choisi d’approfondir l’étude des Aventures de Blake et Mortimer telles qu’elles ont été conçues par le dessinateur belge.
Les deux premières parties de mon livre s’intéressent donc à la représentation du droit dans les huit albums initiaux, du Secret de l’espadon aux Trois Formules du professeur Sato. Dans ces deux premières parties, je me suis concentré sur le concept d’identité et sur la référence à la justice.
L’identité chez Jacobs a de multiples facettes. On peut évoquer les moyens d’identifier un individu, le nom, les documents attestant de son origine, ses caractéristiques physiques. On peut aussi travailler sur les altérations de l’identité (les multiples déguisements du colonel Olrik) et leurs conséquences sur l’action. On peut enfin s’interroger sur la présence dans l’œuvre de référence cachée puisque, pour incarner ses personnages, Jacobs utilise des modèles existants, soit connus du grand public (Jean Gabin pour le commissaire Pradier) soit tirés de sa propre histoire personnelle (la récente publication des souvenirs de Viviane Quittelier sert à éclairer de manière significative plusieurs images de la bande dessinée).
Quant à la justice, l’étude des albums offre l’occasion de comprendre la mise en image d’une enquête (elles sont très nombreuses dans les différents albums qu’il s’agisse de la Marque jaune ou de SOS météores), ou d’un professionnel de la justice. Ce dernier aspect est très présent dans deux albums. Dans le Mystère de la grande pyramide, Cheik Abdel Razek incarne tout à la fois un grand prêtre et un juge suprême comme le montre la scène ultime le confrontant à Olrik. Dans la Marque jaune, Septimus relate un procès passé qui a conduit à son humiliation personnelle pour mieux légitimer l’organisation d’une sorte de procès, à la fin de l’album, visant à punir les responsables. Dans ce même album, on trouve aussi le portrait d’un juge, Sir Hugh Calvin.
Je travaille également sur la question de l’interprétation des images et de leur utilisation par Jacobs en lien avec les phylactères et les récitatifs. Le but est de montrer que derrière le travail du dessinateur on peut aussi relever la volonté de guider le lecteur, d’amener une interprétation particulière, ce qui rejoint là aussi des questionnements juridiques.
A mes yeux, il y a dans l'oeuvre de Jacobs une propension à utiliser des règles juridiques ou des concepts de manière très instructive et très utile. Les "desseins" sont presque évidents lorsqu'on regarde les dénouements et le rétablissement de la justice (ou de la vérité) qui se trouve au coeur de la plupart d'entre eux.
La troisième partie du livre est consacrée aux albums récents. Il s’agit de mettre en lumière l’existence d’une grille initiale, construite par Jacobs, qui fournit les principaux éléments de construction de Blake et Mortimer. Cette grille a été ensuite utilisée par les successeurs. La fidélité, plus ou moins grande, à cette grille permet d’illustrer l’idée d’interprétation.
Certains auteurs ultérieurs ont été très fidèles à Jacobs, ce qui constitue une interprétation stricte, d’autres ont choisi de conserver les principaux fondements et de les compléter, ce qui donne une construction juridique, une dernière catégorie a au contraire fait le choix de s’écarter des canons initiaux (Schuiten par exemple), posant la question d’une interprétation extérieure à la grille. Là aussi, mon intérêt porte sur un parallèle avec l’interprétation que l’on peut faire un texte en droit et les multiples possibilités qui existent pour un juriste ou un juge pour cette interprétation.
Le livre que j’ai écrit s’intègre par conséquent dans une double perspective possible.
Parce qu’il se fonde sur les aventures de Blake et Mortimer, il peut intéresser les amateurs de la série qui y trouveront aussi des détails et des analyses peut-être inattendues.
Parce qu’il reprend les perspectives juridiques, il intègre l’analyse de la bande dessinée dans la recherche en matière de droit, ce qui est aujourd’hui de plus en plus fréquent.
J’aime beaucoup travailler dans cette approche car cela rend le droit plus ludique tout en offrant une relecture de certains « classiques » avec un œil neuf.
Concernant le livre j’ai aussi travaillé sur l’autobiographie de Jacobs, Un Opéra de papier et sur quelques biographies (comme celle de Mouchart et Rivière)
J’espère avoir répondu à votre attente.
N’hésitez pas à venir vers moi si vous avez des questions complémentaires bien sûr.
Très bonne journée
bien cordialement
Arnaud Coutant