Kronos a écrit :Car, à ma connaissance, il n'a jamais existé de bouées ou émetteurs flottants tels que celui-ci ; ou alors, il me manque des infos
Euh... Oui, il te manque des infos, car des bouées comme ça, c'est au contraire très courant. Par exemple, les avions de l'Aéronavale qui cherchent à repérer des sous-marins ennemis balancent à l'eau de telles bouées flottantes qui détectent la présence de ces sous-marins et retransmettent par radio des signaux révélateurs. Il suffit de balancer 3 bouées à trois endroits bien distincts, et par "triangulation", on retrouve rapidement l'endroit où se trouve l'objectif.
En faisant une recherche sur Internet pour montrer ici une telle bouée flottante, j'en ai trouvé une qui, comme par hasard, ressemble étrangement au... mini-sous-marin de Mortimer !
Le voici :

Par la forme et en particulier la disposition de deux hélices dans le bas, on s'approche enfin du "mini-sous-marin" de Morti... Et donc, on peut penser que les auteurs du Bâton de Plutarque ont vu juste, voire se sont peut-être inspirés de cette bouée.
Sauf que... Il y a quand même de notables différences avec l'engin de Morti :
- cette bouée est bien une bouée, donc elle flotte, mais n'a aucune capacité à jouer au sous-marin, et rien que cette donnée est importante, pour ne pas dire capitale.
- selon la fiche technique de cette bouée flottante, l'autonomie des moteurs électriques n'est que de 4 heures - car il ne peut être question que de moteurs électriques, alimentés donc par une batterie ; relire aussi le post, un peu plus haut, d'Archibald.
- de même, l'autonomie de l'émission radio n'est que de 4 heures. Je pense que la technologie actuelle et la miniaturisation permettent d'arriver à ces performances, mais même si Mortimer avait trouvé un système, en 1944, qui permette d'émettre pendant 4 heures, ce délai serait bien court pour le but à atteindre : leurrer les Allemands sur le lieu réel du débarquement.
- sur le plan du mini-sous-marin de Mortimer, il y a un moteur et une hélice. Sur la bouée de la photo ci-dessus, il y a un moteur et... deux hélices. Deux hélices propulsives nettement écartées. En outre, on note qu'elles sont carénées et ont chacune un dispositif solidaire sur leur avant comme des petites gouvernes ou des stabilisateurs.
- ces deux hélices, sur la bouée, sont petites et ont des pales courbes (hélices marines, donc ; cette fois, voir mon propre post, un peu plus haut aussi, au sujet des différences entre les hélices d'avion devant tourner dans l'air et les hélices de bateau devant tourner dans l'eau ; j'avais déjà montré ici un moteur de hors-bord avec son hélice marine ; voici une autre illustration de la forme et de la taille des hélices marines pour de petits engins).
- les hélices propulsent la bouée qui n'est qu'en partie immergée (la partie haute, au-dessus d'une sorte de collerette, est à l'air libre, au-dessus de la surface, et ne risque donc pas de freiner le déplacement du reste du flotteur qui est dans l'eau). Sur le plan de Mortimer, on voit que, quand l'engin devient sous-marin, c'est tout le "corps" de l'engin qui se retrouve dans l'eau, et vu la disposition de l'hélice, ce corps doit se tenir vertical ; l'hélice unique, là où elle est placée, ne peut pas faire suivre au mini-sous-marin une trajectoire rectiligne ni même d'ailleurs prévisible.
- ce moteur et ces hélices (de la bouée) ne servent pas à la propulsion et au déplacement. Ils servent au positionnement dynamique ; càd à permettre à la bouée de rester à un endroit précis - donc pas à parcourir des centaines de kilomètres à travers les océans.