Park Lane a écrit :Thark a écrit :archibald a écrit :"what did we expect ?"
Franchement, je n'attendais pas grand chose (voire rien du tout) de cet album, tellement le projet de départ m'a toujours paru un peu ridicule... et énervant, surtout. Comme tu le dis plus haut, Archibald : "[ce]
désir profond, quasi inexplicable, presque maladif, de vouloir coller l'uchronie de Jacobs avec la réalité", c'est devenu une sorte d'obsession, artistiquement
stérile.
Je partage totalement cette lecture et ai aussi pensé dès le départ que le projet de cet album était un non sens quels qu'en soient les auteurs.
La fin est lamentable : ce n'est qu'une glose assorties de banalités sur les politiques, destinée à servir de raccord laborieux avec le véritable et seul premier album de la série.
On ne s'est jamais autant moqué des lecteurs !
A la limite - et contrairement à pas mal de forumeurs - , je préférais presque les flash-backs exotico-romantico-indiens des
Sarcophages du 6ème continent (!!)... On peut peut-être les trouver 'trop' sentimentaux dans le cadre des
très viriles aventures jacobsiennes

, mais au moins c'est une vraie création d'Auteur, une extrapolation ultra romanesque à partir des rares éléments biographiques donnés par EPJ lui-même. Ces séquences dites "de jeunesse des héros" ne cherchent pas à s'imbriquer directement dans un des albums mythiques de la série. Elles sont des espaces de liberté que se sont offerts Sente et Juillard. Il faut reconnaitre, malgré tout, que ça donne lieu ici et là à quelques strips originaux et plutôt culottés...
Et à de chouettes images !
Mais ici, dans
le Bâton de Plutarque, (presque) rien de tout cela !
Le soi-disant challenge scénaristique vient littéralement encombrer le fil rouge narratif extrèmement personnel déroulé par Jacobs pendant des décennies.
Si l'on excepte quelques rares allusions à certains faits précédents (clins d'oeil anecdotiques placés dans quelques dialogues ou récitatifs, le
suivi plus ou moins cohérent des mésaventures d'Olrik, ou encore le personnage de Miloch qui relie "
SOS... !" et "
Le piège diabolique"),
EPJ était d'abord soucieux de faire vibrer ses lecteurs et de marquer les esprits par des thématiques et des scènes fortes. Il cherchait - et réussissait - à nous embarquer irrésistiblement dans ses histoires rocambolesques par un Art consommé du suspense, et un équilibre incroyable entre le Fantastique et la réalité. Un suspense carrément haletant dans ses meilleurs récits !

Il tenait aussi à ancrer visiblement et solidement ses personnages dans leur contemporanéité, sans se soucier spécialement des problèmes de... continuité !
Ce sont uniquement les Repreneurs (Sente en particulier, bien sûr) qui se sont inventés tout seuls cette "obligation" (?!) de restauration de la continuité et, pire encore, cette "reconstruction" chronologique du corpus d'origine... !
Je suppose qu'Yves Sente prend ça à la fois comme un défi (?!) et un JEU ; je veux croire, qu'à sa manière, il pense sincèrement rendre un bel hommage à Edgar-Pierre Jacobs. Il est probable (j'espère, en tout cas ! ^^) qu'il s'éclate à gamberger là-dessus...
Mais force est de constater que cette démarche qui se voudrait à la fois ludique et presque "geek" n'est pas forcément communicative ; il s'imagine apparemment que cette façon de combler des "manques" (
!!!) dans les albums de Jacobs répond aux attentes et aux désirs secrets d'une majorité de fans... ce qui est loin d'être le cas !
Même en étant 'fins connaisseurs un brin maniaques'
des aventures de B&M-made-in-Jacobs, la plupart des passionnés attendent et espèrent la même chose que les lecteurs en général : des récits denses, palpitants, tendus... et innovants dans le bon sens du terme !
Mais là, en dépit du talent intrinsèque des auteurs-repreneurs... , on est trop souvent loin du compte........
...
Un jour, l'ami Erca a employé très justement le terme de "sidération" en parlant du sentiment ressenti face à certaines scènes particulièrement fortes - et donc face à des cases absolument mémorables...
Honnêtement, dans
Le Bâton de Plutarque,
QUI pourrait citer au moins une scène (ou une case) qui provoque réellement cette jubilatoire impression de "choc", de fascination ?!?........
Qui pourrait prétendre qu'on retrouve encore, dans les albums de B&M récents, ces fameuses "images inoubliables" dont parlait si bien André Franquin quand il évoquait le génie singulier d'EPJ ?.....
