
Dans cette recherche, la progression s'avère ardue. J'espère donc que d'autres distingué.es détectives pourront contribuer à la faire avancer.
Elle se base sur un "fait historique anecdotique" dans la biographie d'Edgar P. Jacobs. Anecdotique ? Pas tant que ça... En tout cas réellement intriguant et passionnant pour ceux qui, comme moi, aimeraient pouvoir mieux "visiter" l'antre de Jacobs par documents interposés.

Suite à un échange avec Benoît Mouchart, co-auteur avec François Rivière de

… puis posté cette photo :Mouchart & Rivière a écrit :" (…) Depuis quelque temps, Jacques Van Melkebeke, versatile polygraphe s’il en fut, est devenu l’auteur de scénarios de romans-photos. Pour les besoins de l’un deux, il a persuadé Edgard d’autoriser l’équipe de tournage à effectuer ses prises de vue au Bois des Pauvres. (…) Jeanne n’est pas particulièrement friande de ce genre de lecture, mais Van Melk a tôt fait de les convaincre, Edgard et elle, que le roman-photo est un parent proche de la bande dessinée. Edgard, qui assiste, goguenard au tournage d’un épisode sentimentalo-policier dans lequel Jacques joue d’ailleurs un petit rôle, se montrera très intéressé par le résultat. Non seulement il s’amusera de retrouver sa maison comme toile de fond d’une fiction photographique publiée dans le numéro de Janvier 1965 du magazine Rosita, mais il en retirera l’idée que ce médium est bien, comme le dit son ami, voisin de celui qu’il pratique lui-même. (…) "

(Van Melkebeke en pleine 'interprétation dramatique', probablement au domicile de Jacobs)
Partant de ce mystérieux magazine, je découvre qu'il s'agit d'une publication née le 8 février 1952 sous le titre « Les Bonnes Nouvelles pour la Femme » (!), [Goed Nieuws voor de Vrouw en néerlandais], auquel s'est ajouté le sous-titre « Rosita » en 1963 avant que ce prénom ne devienne le titre principal en 1964.
Dans le cadre du « Project Muse » et des formidables Studies in european comics and graphic novels, Clarissa Colangelo a publié une somme intitulée " The Belgian Photonovel, 1954-1985 : An Introduction ". (Leuven University Press, 2023), trouvable en PDF.

On y apprend qu'une actrice de cette période, Marie-Christine Cabie, avait contacté le Musée de la Photographie de Charleroi à l'occasion d'une exposition, en précisant qu'elle avait été engagée par Real Presse pour tenir la vedette dans plusieurs romans-photos dont elle donne d'ailleurs la liste.
A force de recoupements, plusieurs sources permettent à Colangelo d'affirmer que :
« Tous ces romans-photos sont non-crédités mais peuvent être attribués à Jacques Van Melkebeke. »
A ce stade de mes recherches, seul le roman-photo « L'amour tient la vedette » (publié dans Rosita entre novembre 1964 et mai 1965) paraît correspondre à ce fameux épisode sentimentalo-policier mis en scène et photographié au Bois des Pauvres...

Etonnamment, comme le relate Colangelo : le premier roman-photo publié dans le magazine n'est pas présenté comme tel, mais comme un « récit dessiné »… On pourrait reconnaître ici la patte malicieuse de Van Melkebeke, lui qui a joué le rôle que l'on sait dans les coulisses de la BD belge tintinesque…

Pour la suite de l'enquête, je suis tombé sur un os.
Sur le site https://www.kbr.be/fr/ (Bibliothèque Scientifique Nationale), là où je pensais dénicher enfin les pages du roman-photo révélateur, une notice fâcheuse m'attendait :
« Ces documents ne sont pas librement accessibles en raison des droits d'auteur et ne sont visibles qu'au KBR »
Damned ! Mais qu'à cela ne tienne… TO BE CONTINUED !
