Prépublication Bâton de Plurarque- vos commentaires
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Re: Prépublication
On dirait qu'à cette époque Blake ne fumait pas encore la pipe, mais peut-être que je me trompe.
- Quarnstron
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Re: Prépublication
Justement pour moi, vouloir ancrer le prélude à l'Espadon dans la 2e guerre mondiale n'apporte rien du tout (mais je crois comprendre que ce n'est pas la première fois que c'est évoqué dans les reprises) et ne fait que créer une confusion sans nom.mokenamoke a écrit :Perso ça ne me dérange pas qu'on explique certaines choses du passé, ça donne des réponses à des questions que tout le monde se posait depuis longtemps. Par exemple savoir qu'Olrik a été nommé colonel dans l'armée hongroise, ça vaut quand même mieux que de se demander éternellement où il a bien pu obtenir ce grade. Savoir comment Blake et Mortimer deviendront plus tard les locataires de la veuve Benson, ce n'est pas essentiel, mais enfin ce n'est pas dérangeant non plus. Vous n'aimez pas non plus qu'on fasse allusion à l'Allemagne nazie, mais alors il faudrait quand même m'expliquer dans quelle guerre se déroule cette histoire, si c'est bien la deuxième guerre mondiale je ne vois pas comment elle pourrait avoir lieu sans les nazis.
On dirait qu'à cette époque Blake ne fumait pas encore la pipe, mais peut-être que je me trompe.
Je comprends cependant parfaitement que c'est une question de point de vue, loin de moi l'idée de vouloir imposer le mien.

Re: Prépublication
Je ne peux que confirmer les propos de Kronos. Etant moi-même scénariste (pour ceux qui ne le sauraient pas), je tiens personnellement à vérifier les planches des dessinateurs qui travaillent sur mes histoires (dont Pix, honorable membre du présent forum), et à vérifier en particulier toute carte géographique qui s'y trouverait, puisqu'une carte participe du scénario, les personnages se déplaçant (selon le scénario) dans des endroits répertoriés (que la carte soit authentique ou fictive d'ailleurs, c'est pareil, il me faut vérifier la conformité entre le scénario, les dessins et les lieux où se situe l'action et où se déplacent les personnages).Kronos a écrit :Cette histoire de carte aurait donc dû être vérifiée, comme tout scénariste qui se respecte, est sensé faire avec son/ses dessinateur(s).
Mais comme mon avis de scénariste pas connu risque de compter pour du beurre, je préfère m'en remettre à l'exemple d'un grand Maître ès-scénario dont je connais bien, voire très bien, l'oeuvre : Jean-Michel Charlier, auquel j'ai consacré un site entier : jmcharlier.com
Il se trouve que je dispose d'un jeu de photocopies de la plupart des planches de l'une de ses dernières BD avant son décès, Ron Clarke (dont un album a été tiré chez Alpen ; les dessins sont de Jacques Armand). Or, en fait de photocopies de planches, il s'agit plutôt - et c'est là leur intérêt majeur, dans le cadre de cette discussion - des photocopies sur lesquelles JMC lui-même a, de sa main, annoté les dessins pour y apporter diverses corrections. Je ne vais pas tout montrer ici, mais je peux dire qu'il y a de 1 à 4 ou 5 annotations par planche, surtout sur des fautes d'orthographe ou de ponctuation, mais pas seulement ; et c'est là l'autre intérêt de la chose, car on comprend que JMC, en professionnel consciencieux, surveillait tout, dans les pages qui lui étaient présentées pour validation avant l'impression.
Charlier agissait de même avec la plupart de ses autres dessinateurs, et si ce n'était pas sur des jeux de photocopies, c'était en direct, lors de mémorables rencontres au fameux bar des Champs-Elysées Le Fouquet's, lieu de rendez-vous habituel pour l'équipe, dans les années 1980 (JMC est décédé en 1989). Venaient là certains dessinateurs qui pouvaient faire le déplacement, comme Patrice Pellerin (Barbe-Rouge), Francis Bergèse (Buck Danny), etc.
Sur les photocopies (de piètre qualité hélas) de Ron Clarke que je détiens, on remarque que Charlier corrigeait les fautes d'orthographe. Voici un exemple, extrait de la planche 22A :

L'on voit donc, entourés ici et là, un manque d'accent circonflexe (deux fois dans la bulle de gauche), une virgule en trop dans la bulle du bas, et au contraire une virgule manquante dans la bulle de droite, ainsi que, dans la même bulle, un manque d'accent grave, dûment entouré de la main de JMC. Le dessinateur a évidemment corrigé et ces corrections sont vérifiables dans la revue Okapi qui a prépublié l'histoire, puis dans l'album.
Parfois, ça va plus loin, avec une modification du dessin. Voici un exemple parmi d'autres dans cette seule BD. Dans la planche 7A, Charlier indique de déplacer une bulle, qui va du milieu à droite, au coin en bas à gauche. Voici côte à côte les deux images, avant et après :

Sur mon site jmcharlier.com, à la page de Ron Clarke (ici : http://jmcharlier.com/ron_clarke.php ), j'ai reproduit un strip où, entre autres erreurs et étourderies, le dessinateur a oublié de mettre une montre au poignet du héros. Ce que ne manque pas de signaler le scénariste (les mentions manuscrites sont bien de Charlier, je reconnais son écriture) :

Je n'ai pas trouvé de carte géographique dans le jeu de planches photocopiées de Ron Clarke, mais je trouve dans deux cases successives un plan griffonné à la main par le héros. Pas de corrections dues à Charlier dans les plans eux-mêmes, mais il y en a dans les bulles, comme quoi JMC a bien lu et corrigé. S'il y avait eu des erreurs dans les légendes du plan, on peut être sûr qu'elles auraient été repérées par JMC et corrigées de sa main :

Re: Prépublication
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Re: Prépublication
Jusqu'à présent les reprises se déroulaient après la Marque Jaune, même si certains flash back se passaient bien avant l'Espadon. A partir du moment où on choisit de faire un album avant l'Espadon ( parce que la période après la Marque Jaune est déjà trop remplie ) et si en plus on choisit d'en faire une histoire de guerre ( ce qui n'était pas obligatoire ) il fallait bien qu'on parle de la 2ème guerre mondiale, c'est la seule qui convient pour l'époque. Si au lieu d'une histoire de guerre on avait fait une histoire policière, on aurait pu laisser tout en l'état, laisser la 2ème guerre mondiale "fusionnée" avec la 3ème, donc avec l'empire Jaune, mais alors on restait avec une fausse note à la fin de la Marque Jaune, quand Septimus parle des bombardements de la Luftwaffe.Quarnstron a écrit :Justement pour moi, vouloir ancrer le prélude à l'Espadon dans la 2e guerre mondiale n'apporte rien du tout (mais je crois comprendre que ce n'est pas la première fois que c'est évoqué dans les reprises) et ne fait que créer une confusion sans nom.mokenamoke a écrit :Perso ça ne me dérange pas qu'on explique certaines choses du passé, ça donne des réponses à des questions que tout le monde se posait depuis longtemps. Par exemple savoir qu'Olrik a été nommé colonel dans l'armée hongroise, ça vaut quand même mieux que de se demander éternellement où il a bien pu obtenir ce grade. Savoir comment Blake et Mortimer deviendront plus tard les locataires de la veuve Benson, ce n'est pas essentiel, mais enfin ce n'est pas dérangeant non plus. Vous n'aimez pas non plus qu'on fasse allusion à l'Allemagne nazie, mais alors il faudrait quand même m'expliquer dans quelle guerre se déroule cette histoire, si c'est bien la deuxième guerre mondiale je ne vois pas comment elle pourrait avoir lieu sans les nazis.
On dirait qu'à cette époque Blake ne fumait pas encore la pipe, mais peut-être que je me trompe.
Je comprends cependant parfaitement que c'est une question de point de vue, loin de moi l'idée de vouloir imposer le mien.
Mais tout ça n'aurait aucune importance si on avait vraiment une bonne histoire.
On a ici un Olrik plutôt marrant, une espèce de caricature, il ne faut pas oublier que tout comme Blake il a au moins 10 ans de moins que dans la Marque Jaune, sans doute qu'en vieillissant il deviendra un peu moins vantard, tout comme Blake deviendra moins distrait.
Re: Prépublication
Au fait, savez-vous pourquoi Charlier a fait modifier l'emplacement de la seconde bulle ? (je connais la réponse, bien sûr ; et ce n'est ni Charlier ni le dessinateur Armand qui me l'ont donnée ; les deux sont d'ailleurs décédés l'un peu après l'autre, il y a un quart de siècle de cela).jyb a écrit :Parfois, ça va plus loin, avec une modification du dessin. Voici un exemple parmi d'autres dans cette seule BD. Dans la planche 7A, Charlier indique de déplacer une bulle, qui va du milieu à droite, au coin en bas à gauche. Voici côte à côte les deux images, avant et après :
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Re: Prépublication
- freric
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Re: Prépublication
Sincérement, je suis épaté par tout cela. Merci JYB de nous faire partager tout cela.Kronos a écrit :Dont acte ! Bravo Monsieur JYB pour cette belle démonstration de ce que C'EST qu'un scénariste !
Re: Prépublication
Oui, c'est ça, mais on peut résumer en disant d'une autre manière qu'il ne faut jamais (par le dessin) "croiser les bulles" : les personnages qui parlent doivent être placés dans la case dans l'ordre où ils prononcent leurs paroles (ou émettent leurs pensées). Ceci, afin que le lecteur ne soit pas perturbé par le fait de devoir faire une petite gymnastique pour comprendre qui vient de parler, alors que le personnage qui a prononcé ce discours est placé physiquement, dans l'image, AVANT le dernier qui a causé.mokenamoke a écrit :Pour qu'on sache que la remarque "tiens, tiens . . . " se passe dans la tête du personnage de gauche avec les cheveux blonds. Dans la 1ère version on pouvait croire que c'était dans la tête de l'autre avec son foulard rouge (sans doute un interprète qui traduit la réponse de l'Indien). C'est donc le blond qui avait posé une question.
Ce défaut arrive non pas souvent, mais de temps en temps. Ceci perturbe le lecteur au point que la lecture d'une BD peut être hachée ou plus difficile. C'est pourquoi un scénariste comme Charlier veillait au grain (et moi aussi d'ailleurs, je veille au grain) : des bulles bien disposées donnent à lire une BD qui "coule" bien.
Ceci était une parenthèse hors sujet...
Ben... De rien les gars, mais pour moi (comme pour Charlier à son époque), ce petit travail supplémentaire de vérifications systématiques, dans tous les domaines, c'est vraiment la routine, il n'y a rien d'extraordinaire à tout ça...freric a écrit :Sincérement, je suis épaté par tout cela. Merci JYB de nous faire partager tout cela.Kronos a écrit :Dont acte ! Bravo Monsieur JYB pour cette belle démonstration de ce que C'EST qu'un scénariste !
Re: Prépublication
Pour bosser dans l'édition, je sais par expérience qu'il y a presque toujours des coquilles qui échappent aux relecteurs malheureusement...
comme disait une responsable de publication : "une fois le bouquin publié, il ne faudrait jamais le rouvrir..."

- Mr Smith
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Re: Prépublication
Le gros problème de ce scénario, c'est de vouloir d'une part, "raccrocher" la saga de Blake & Mortimer à la vraie Histoire, via des éléments qui se veulent authentiques, et d'autre part de s'en éloigner allègrement par des "fantaisies" (pour rester poli...Quarnstron a écrit :Justement pour moi, vouloir ancrer le prélude à l'Espadon dans la 2e guerre mondiale n'apporte rien du tout (mais je crois comprendre que ce n'est pas la première fois que c'est évoqué dans les reprises) et ne fait que créer une confusion sans nom. (...)mokenamoke a écrit :(...) Vous n'aimez pas non plus qu'on fasse allusion à l'Allemagne nazie, mais alors il faudrait quand même m'expliquer dans quelle guerre se déroule cette histoire, si c'est bien la deuxième guerre mondiale je ne vois pas comment elle pourrait avoir lieu sans les nazis.(...)

Le conflit du "Secret de l'Espadon" était totalement fictif, et en cela "acceptable" comme tel, mais la 2e Guerre Mondiale dépeinte très librement dans "Le Bâton de Plutarque", en s'apparentant également (par de nombreux détails déjà évoqués plus haut) à une uchronie, s'avère particulièrement indigeste, et vaine.

Il est à souhaiter (comme semble le penser les auteurs de cette reprise eux-mêmes) que cet album ne soit pas lu par un jeune public, car sa vision de la Dernière Guerre en sera passablement faussée...

Quant à vouloir donner un pedigree détaillé d'Olrik, c'est lui enlever son mystère : grossière erreur, messieurs les repreneurs !


http://hangar7.canalblog.com/
http://steedsecrets.canalblog.com/
Re: Prépublication
Le coup du monocle et du fume-cigarettes d’Olrik est à hurler de rire tellement c’est grotesque et typique des « méchants » des années1950/1960
Cette vue d’un Olrik, strips 98 et 99, aussi caricatural, me conforte dans cette « délicate » pensée en me faisant me souvenir de personnages tellement identiques que c’en est presque pitoyable, pour Senju
Je me permets d’appuyer ma démonstration avec le petit « raccourci » ci-après, tellement explicite qu’il ne nécessite guère d’autres mots… De plus, à croire que ni Sentepabon ni Juju n’ont jamais mis un smoking pour oser y mettre des revers blancs, alors que tout le monde sait, voir les dessins ci-dessus à l’appui, que les revers de smokings sont en satin de la même couleur, et pas gris, ni violets, ni a fortiori, blancs !!!

De plus, la chemise sue l'on porte dessous est Toujours à boutons (de nacre) apparents, et non pas ce liseré informe et indéfini
Mais ceci n’est qu’une des très/trop nombreuses approximations dont ils peuvent se vanter
Re: Prépublication
C'est vrai. Et d'ailleurs, tout le monde (dans le monde de l'édition) a plus d'une anecdote au sujet de telle ou telle bourde monumentale que personne n'a vue alors qu'elle sautait aux yeux, et qui n'a été découverte que trop tard, lorsque l'ouvrage est paru.... Mais il faut mettre toutes les chances de son côté pour éviter ces coquilles, et la relecture par le scénariste, dans le cas d'une BD, est un "plus". D'autant que Charlier, puisque je parlais de lui, était un grand littéraire et un amoureux des mots, en plus d'être journaliste, historien, etc., aussi une relecture par lui, c'était un "plus plus".gadjo a écrit :Pour bosser dans l'édition, je sais par expérience qu'il y a presque toujours des coquilles qui échappent aux relecteurs malheureusement...
comme disait une responsable de publication : "une fois le bouquin publié, il ne faudrait jamais le rouvrir..."
Par ailleurs, dans le cas d'une BD toujours, il ne s'agit pas que de coquilles dans les textes : il y a aussi le dessin, et même des centaines de dessins qui sont chacun une miniature où l'on ne peut pas tout voir, tout éplucher ; or la relecture consiste aussi à voir si tout va bien à ce niveau. Le coup d'oeil du scénariste, qui a prévu au départ les diverses péripéties à mettre en images, est important pour voir si tout est correct à ses yeux. Non pas que les dessinateurs soient incompétents, mais d'une part, des étourderies peuvent arriver, vu le boulot que c'est de rester assis et concentré pendant des heures à faire des p'tits Mickeys, et d'autre part, les dessinateurs peuvent avoir interprété différemment ce que leurs scénaristes ont décrit à leur intention : entre ce que le scénariste a en tête, ce qu'il décrit, parfois incomplètement ou trop vaguement, et ce que le dessinateur comprend, imagine ou voit de son côté, et aussi ce qu'il peut faire en fonction de divers paramètres et des difficultés de représenter ceci ou cela, il peut y avoir une nette différence. Là aussi seul le scénariste peut juger la conformité entre ce qu'il voulait et le résultat final.
Re: Prépublication
Toutes ces précisions sont passionnantes et révèlent combien le travail en duo du scénariste et du dessinateur relève d'un art délicat qui exige une grande attention et une grande rigueur. Je trouve extrêmement éclairantes tes remarques au sujet des problèmes d'interprétation qu'ils peuvent parfois rencontrer au moment de l'incarnation du scénario par l'image. D'où la nécessité des relectures minutieuses car on voit bien que le travail est ici beaucoup plus complexe que celui d'un romancier qui est seul à construire son récit et ne l'incarne que par le texte. Et pourtant même les meilleurs écrivains commettent de petites fautes que toutes leurs relectures sur manuscrit puis sur épreuves ne permettent pas d'éliminer, non seulement des coquilles et de petites fautes d'orthographe, voire de grammaire, mais surtout de situations et de détails dans les personnages, comme par exemple la couleur d'un vêtement, quelquefois un mort qui trente pages plus tard est bien vivant.jyb a écrit :C'est vrai. Et d'ailleurs, tout le monde (dans le monde de l'édition) a plus d'une anecdote au sujet de telle ou telle bourde monumentale que personne n'a vue alors qu'elle sautait aux yeux, et qui n'a été découverte que trop tard, lorsque l'ouvrage est paru.... Mais il faut mettre toutes les chances de son côté pour éviter ces coquilles, et la relecture par le scénariste, dans le cas d'une BD, est un "plus". D'autant que Charlier, puisque je parlais de lui, était un grand littéraire et un amoureux des mots, en plus d'être journaliste, historien, etc., aussi une relecture par lui, c'était un "plus plus".gadjo a écrit :Pour bosser dans l'édition, je sais par expérience qu'il y a presque toujours des coquilles qui échappent aux relecteurs malheureusement...
comme disait une responsable de publication : "une fois le bouquin publié, il ne faudrait jamais le rouvrir..."
Par ailleurs, dans le cas d'une BD toujours, il ne s'agit pas que de coquilles dans les textes : il y a aussi le dessin, et même des centaines de dessins qui sont chacun une miniature où l'on ne peut pas tout voir, tout éplucher ; or la relecture consiste aussi à voir si tout va bien à ce niveau. Le coup d'oeil du scénariste, qui a prévu au départ les diverses péripéties à mettre en images, est important pour voir si tout est correct à ses yeux. Non pas que les dessinateurs soient incompétents, mais d'une part, des étourderies peuvent arriver, vu le boulot que c'est de rester assis et concentré pendant des heures à faire des p'tits Mickeys, et d'autre part, les dessinateurs peuvent avoir interprété différemment ce que leurs scénaristes ont décrit à leur intention : entre ce que le scénariste a en tête, ce qu'il décrit, parfois incomplètement ou trop vaguement, et ce que le dessinateur comprend, imagine ou voit de son côté, et aussi ce qu'il peut faire en fonction de divers paramètres et des difficultés de représenter ceci ou cela, il peut y avoir une nette différence. Là aussi seul le scénariste peut juger la conformité entre ce qu'il voulait et le résultat final.
Je sais moi aussi d'expérience que les relecteurs correcteurs laissent eux-mêmes échapper bien des choses qui devrait leur frapper l'esprit. Un de mes amis a glissé dans un ouvrage anthologique publié par un éditeur fort connu, un écrivain totalement apocryphe, donné le titre d'une des oeuvres prétendues de cet auteur et un extrait d'une ou deux phrases tirées de l'un des soit disant romans de cet écrivain imaginaire, sans que personne jamais s'en aperçoive, ni l'éditeur, ni aucun lecteur !
On comprend d'autant mieux combien le duo d'un scénariste et d'un dessinateur est presque une sorte de traduction visuelle de l'un par l'autre, c'est-à-dire l'interprétaient de d'un monde intérieur par une autre vison que celle de son créateur, comme lorsque un lecteur imagine les personnes et les lieux qu'un écrivain a évoqué sur la base de sa propre représentation.
Je partage par ailleurs totalement la remarque de Mr Smith au sujet d'Olrik dont cette tentative défait tout le mystère au lieu de le laisser constituer son aura fascinante autour du personnage. C'est cette désolante volonté d'explication rationnelle qui prend la place de la magie. Depuis quand les magiciens expliquent-ils leurs tours ?
Par ailleurs, je suis aussi totalement raccord avec ce qu'il dit au sujet d'une troisième guerre mondiale fictive dont le caractère justement fictif permet de construire la vraisemblance du récit libéré d'un ancrage historique, par contraste avec une histoire dont l'uchronie sertie dans une réalité historique précise et extrêmement documentée par le travail de historiens ne peut arriver à fonctionner. C'est là aussi une déficience de l'imaginaire de la part d'un scénariste qui aurait dû se rendre compte que dans une série comme celle-ci, seule la hardiesse d'une fiction pure bien maîtrisé pouvait faire sens.
Au fond, Le Bâton de Plutarque est un véritable manuel de ce qu'il ne faut surtout jamais faire dans une bande dessinée, surtout lorsque il s'agit d'une oeuvre comme celle de Jacobs.

- Quarnstron
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Re: Prépublication
C'est tout à fait cela.Mr Smith a écrit :Le gros problème de ce scénario, c'est de vouloir d'une part, "raccrocher" la saga de Blake & Mortimer à la vraie Histoire, via des éléments qui se veulent authentiques, et d'autre part de s'en éloigner allègrement par des "fantaisies" (pour rester poli...Quarnstron a écrit :Justement pour moi, vouloir ancrer le prélude à l'Espadon dans la 2e guerre mondiale n'apporte rien du tout (mais je crois comprendre que ce n'est pas la première fois que c'est évoqué dans les reprises) et ne fait que créer une confusion sans nom. (...)mokenamoke a écrit :(...) Vous n'aimez pas non plus qu'on fasse allusion à l'Allemagne nazie, mais alors il faudrait quand même m'expliquer dans quelle guerre se déroule cette histoire, si c'est bien la deuxième guerre mondiale je ne vois pas comment elle pourrait avoir lieu sans les nazis.(...)) qui viennent annihiler toute crédibilité !
Le conflit du "Secret de l'Espadon" était totalement fictif, et en cela "acceptable" comme tel, mais la 2e Guerre Mondiale dépeinte très librement dans "Le Bâton de Plutarque", en s'apparentant également (par de nombreux détails déjà évoqués plus haut) à une uchronie, s'avère particulièrement indigeste, et vaine.![]()
Il est à souhaiter (comme semble le penser les auteurs de cette reprise eux-mêmes) que cet album ne soit pas lu par un jeune public, car sa vision de la Dernière Guerre en sera passablement faussée...![]()
Quant à vouloir donner un pedigree détaillé d'Olrik, c'est lui enlever son mystère : grossière erreur, messieurs les repreneurs !
- Quarnstron
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Re: Prépublication
La ressemblance aved le baron Golo est assez plaisante.Kronos a écrit : (...)De plus, à croire que ni Sentepabon ni Juju n’ont jamais mis un smoking pour oser y mettre des revers blancs, alors que tout le monde sait, voir les dessins ci-dessus à l’appui, que les revers de smokings sont en satin de la même couleur, et pas gris, ni violets, ni a fortiori, blancs !!!![]()
De plus, la chemise sue l'on porte dessous est Toujours à boutons (de nacre) apparents, et non pas ce liseré informe et indéfini
Mais ceci n’est qu’une des très/trop nombreuses approximations dont ils peuvent se vanter

Sinon, ici, Olrik est un butor et un fat et chacun sait que les Allemands de son époque n'avaient aucun (bon) goût vestimentaire. Dès lors, difficile pour notre apprenti-traître, mais déjà grand maître des échecs (rappelez-moi combien de fois il a réussi à vaincre B&M ?), de savoir ce qu'il est approprié de porter en pareille circonstance. Il n'est pas allé à la bonne école. Ca ira beaucoup mieux après son 2e passage dans la boarding school de Lhassa.

Tiens, ça me rappelle une réplique de Patrick Dewaere dans "Coup de tête". Je cite de mémoire. "Ce jour-là j'ai compris qu'il y avait 2 façons de porter le smoking : comme un homme et comme un garçon (serveur)."
Re: Prépublication
J'ajoute une précision dont il faut tenir compte dans toute collaboration scénariste/dessinateur. Souvent, de grands scénaristes ont été, à leurs débuts ou dans leur prime jeunesse, des dessinateurs. Des dessinateurs pas forcément au top ; je dirais même qu'ils s'aperçoivent, ou que leur entourage professionnel s'aperçoit pour eux, qu'ils sont davantage faits pour raconter des histoires, et un jour, ils se sont tournés entièrement vers le scénario, qui est davantage leur "truc". C'est le cas de Charlier et de Goscinny (je ne prends pas au hasard ces deux exemples). Car c'est important qu'un scénariste ait eu une expérience de dessinateur, pour se mettre dans la peau du dessinateur quand ce scénariste prépare un scénario et élabore le découpage et les descriptions.Park Lane a écrit :Toutes ces précisions sont passionnantes et révèlent combien le travail en duo du scénariste et du dessinateur relève d'un art délicat qui exige une grande attention et une grande rigueur. Je trouve extrêmement éclairantes tes remarques au sujet des problèmes d'interprétation qu'ils peuvent parfois rencontrer au moment de l'incarnation du scénario par l'image.
Mon credo à moi est que justement, un scénariste qui n'a jamais dessiné, qui n'a jamais été confronté au devoir de représenter quoi que ce soit sous forme de dessins, au besoin en faisant l'effort de rechercher des photos, de se prendre la tête avec des questions aussi diverses que, par exemple, l'anatomie du corps humain, la composition d'une image, etc., peut difficilement être scénariste de BD (il peut certes imaginer une histoire avec ses péripéties, mais il peut difficilement passer à la phase concrète "découpage pour une BD"). Le scénariste qui scénarise une BD mais qui ne se préoccupe pas des difficultés du dessinateur, qui ne visualise pas ce que son dessinateur va pouvoir faire, qui n'a même parfois aucune notion de dessin, et qui passe à autre chose une fois qu'il a envoyé son scénario par La Poste ou via sa messagerie, en s'en lavant les mains : j'ai un doute quant au résultat final...
Mais tous les cas de figure sont à envisager : par exemple un scénariste qui propose à son dessinateur une sorte de synopsis détaillé (mais pas découpé, à charge pour le dessinateur de s'occuper lui-même du découpage page par page, image par image) ; par exemple encore une écriture à deux : un co-scénariste imagine l'histoire, et un autre co-scénariste installe les dialogues, et, cerise sur le gâteau, le dessinateur qui reçoit ça aménage les planches selon ce qu'il lui semble préférable (dans ce cas, le dessinateur devient à son tour co-scénariste). Etc. Bref, toujours est-il que, j'y reviens, ce serait bien qu'un scénariste (ou des scénaristes s'ils sont plusieurs sur le coup) aient une expérience et une vision de dessinateur pour préparer au mieux un scénario de BD.
Il y a le cas aussi, bien sûr, des auteurs complets qui savent tout faire, et bien : bons scénaristes ET bons dessinateurs à la fois (Hergé, Jacobs justement puisque nous sommes sur "son" forum, Greg, Pratt, Tillieux... parmi les plus connus et les anciens décédés).
Re: Prépublication
Le haggis, neeps and tatties est déconseillé à l'estomac délicat des jeunes femmes qui ont du mal à digérer les abats bouillis.
Le strip 100 est vraiment un strip "sans" !!!!!!
Sans goût (évidemment tout est bouilli), sans intérêt, sans aucun sens puisque on ne sait où cela pourrait bien nous conduire, sans même la petite compensation de contempler une gracieuse secrétaire puisque le moins qu'on puisse dire est que celle du major Benson ne risque pas de détourner ce dernier de ses devoirs ! Cela dit, elle a peut-être raison cette petite secrétaire et qui sait si à 'insu des deux auteurs elle ne nous indique pas que ce strip est une dénonciation métaphorique de l'infâme bouillie de cette histoire calamiteuse !
Photo extraite de la documentation qui a servi de base à l'écriture et au dessin de ce strip 100, pardon, "sans".

Re: Prépublication
C'est aussi le cas au cinéma : les grands cinéastes qu'on ne nomme pas pour rien auteurs sont, pas toujours, mais plutôt souvent, capables de dessiner ce qu'ils veulent filmer, sans quoi leurs décorateurs et chef opérateurs seraient bien en peine de répondre à leurs attentes, et la collaboration des cinéastes avec leur scénariste doit repriser sur une étroite collaboration en forme de permanent dialogue, le cinéaste écrivant lui-même une part du scénario, quelquefois aussi, mais plus rarement, avec certains des acteurs. J'ai souvent été frappé de la beauté des dessins de cinéastes, comme si, eux aussi devaient être capables dessiner, comme les scénaristes de bande dessinée? Je pense parmi de nombreux autres exemples possibles à celui de Fellini destinés directement à tel ou tel plan de tel film :jyb a écrit :J'ajoute une précision dont il faut tenir compte dans toute collaboration scénariste/dessinateur. Souvent, de grands scénaristes ont été, à leurs débuts ou dans leur prime jeunesse, des dessinateurs. Des dessinateurs pas forcément au top ; je dirais même qu'ils s'aperçoivent, ou que leur entourage professionnel s'aperçoit pour eux, qu'ils sont davantage faits pour raconter des histoires, et un jour, ils se sont tournés entièrement vers le scénario, qui est davantage leur "truc". C'est le cas de Charlier et de Goscinny (je ne prends pas au hasard ces deux exemples). Car c'est important qu'un scénariste ait eu une expérience de dessinateur, pour se mettre dans la peau du dessinateur quand ce scénariste prépare un scénario et élabore le découpage et les descriptions.Park Lane a écrit :Toutes ces précisions sont passionnantes et révèlent combien le travail en duo du scénariste et du dessinateur relève d'un art délicat qui exige une grande attention et une grande rigueur. Je trouve extrêmement éclairantes tes remarques au sujet des problèmes d'interprétation qu'ils peuvent parfois rencontrer au moment de l'incarnation du scénario par l'image.
Mon credo à moi est que justement, un scénariste qui n'a jamais dessiné, qui n'a jamais été confronté au devoir de représenter quoi que ce soit sous forme de dessins, au besoin en faisant l'effort de rechercher des photos, de se prendre la tête avec des questions aussi diverses que, par exemple, l'anatomie du corps humain, la composition d'une image, etc., peut difficilement être scénariste de BD (il peut certes imaginer une histoire avec ses péripéties, mais il peut difficilement passer à la phase concrète "découpage pour une BD"). Le scénariste qui scénarise une BD mais qui ne se préoccupe pas des difficultés du dessinateur, qui ne visualise pas ce que son dessinateur va pouvoir faire, qui n'a même parfois aucune notion de dessin, et qui passe à autre chose une fois qu'il a envoyé son scénario par La Poste ou via sa messagerie, en s'en lavant les mains : j'ai un doute quant au résultat final...
Mais tous les cas de figure sont à envisager : par exemple un scénariste qui propose à son dessinateur une sorte de synopsis détaillé (mais pas découpé, à charge pour le dessinateur de s'occuper lui-même du découpage page par page, image par image) ; par exemple encore une écriture à deux : un co-scénariste imagine l'histoire, et un autre co-scénariste installe les dialogues, et, cerise sur le gâteau, le dessinateur qui reçoit ça aménage les planches selon ce qu'il lui semble préférable (dans ce cas, le dessinateur devient à son tour co-scénariste). Etc. Bref, toujours est-il que, j'y reviens, ce serait bien qu'un scénariste (ou des scénaristes s'ils sont plusieurs sur le coup) aient une expérience et une vision de dessinateur pour préparer au mieux un scénario de BD.
Il y a le cas aussi, bien sûr, des auteurs complets qui savent tout faire, et bien : bons scénaristes ET bons dessinateurs à la fois (Hergé, Jacobs justement puisque nous sommes sur "son" forum, Greg, Pratt, Tillieux... parmi les plus connus et les anciens décédés).
D'ailleurs Fellini s'intéressait de près à la bande dessinée et était un ami de Manara au point où non seulement celui-ci a dessiné pour lui et sur ses indications des story board (voir ci-dessous), mais où ils ont ensemble réalisé des planches !
Ce qui est sûr en tout cas, c'est que le découpage, le dessin et le scénario étaient aux rendez-vous et qu'on n'avait pas besoin d'un strip entier pour justifier lourdement de considérations culinaires le départ d'une secrétaire qui fort probablement, joue double jeu, comme sa consoeure de La Machination Voronov, l'une allant manger au restaurant tandis que l'autre refuse de manger !

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